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Harry et Ron attendirent jusqu'à la pause du matin suivant pour dire à Hermione ce qui était exactement arrivé ; ils avaient voulu être absolument sûrs de ne pas être entendus.
Se tenant dans leur coin frais habituel de la cour, Harry lui raconta chaque détail du rêve qu'il pouvait se souvenir. Quand il eut fini, elle ne dit rien du tout pendant quelques instants, mais regarda fixement avec une sorte d'intensité douloureuse Fred et George, qui étaient si insouciants qu’ils vendaient leurs chapeaux magiques de leurs capes de l'autre côté de cour.
« Ce serait donc pour ça qu’ils l’auraient tué, » dit-elle tranquillement, retirant enfin son regard de Fred et George. « Quand Bode a essayé de voler cette arme, quelque chose de bizarre lui est arrivé. Je pense qu'il doit y avoir des sorts défensifs qui la protége, et qui doivent arrêter les gens avant qu’ils ne la touchent. C'est pourquoi il était à St.
Mangouste, son cerveau n’arrivait plus à fonctionner et il ne pouvait pas parler. Mais rappelez-vous ce que le médecin nous a dit ? Il était en train de guérir. Et ils ne pouvaient pas risquer que son état s’améliore, n'est-ce pas ? Je veux dire, le choc qu’il a eu quand il a touché cette arme a probablement soulevé le sort de l’imperius. Une fois qu'il serait de nouveau sur pied, il aurait pu expliquer ce qu'il avait fait, n'est ce pas ? Ils auraient su qu'il avait été envoyé pour voler l'arme. Bien sûr, cela aurait été facile pour Lucius Malefoy de mettre la malédiction sur lui. Il ne sort jamais du Ministère, n'est-ce pas ? »
« Il était même là le jour de mon audition, » dit Harry. « Dans le – accrochez-vous… »
Dit-il lentement. « Il était dans le couloir du Département des Mystères ce jour-là ! Ton père a dit qu'il essayait probablement de fureter et de découvrir ce qui est arrivé pendant mon audition, mais et si - »
« Sturgis ! » Haleta Hermione en le regardant abasourdi.
« Pardon ? » Dit Ron, la regardant déconcerté.
« Sturgis Podmore - » dit Hermione en retenant son souffle, « Il a été arrêté en essayant de passer une porte ! Lucius Malefoy devait être là aussi ! Je parie qu’il l'a fait le jour où tu l’as vu, Harry. Sturgis avait la Cape d'Invisibilité de Moody, c’est ça ? Ainsi, et s'il était debout en train de monter la garde devant la porte, invisible et Malefoy l'aurait entendu se déplacer - ou a supposé que quelqu'un était là - ou juste l'Imperius a-t-il touché à tout hasard ceux qui pouvaient être en garde ? Ainsi, quand Sturgis a eu une occasion -
probablement quand c'était de nouveau à lui de garder la porte - il a essayé d'entrer dans le Département pour voler l'arme pour Voldemort - Ron, reste calme - mais il a été attrapé et envoyé à Azkaban… »
Elle regarda Harry. « Et maintenant Rookwood va dire à Voldemort comment obtenir l'arme ? »
« Je n'ai pas entendu toute la conversation, mais c’est ce qu’on aurait dit, » dit Harry. « Rookwood a eu l'habitude de travailler là… Peut-être que Voldemort veut envoyer Rookwood pour le faire ? »
Hermione inclina la tête, apparemment toujours perdu dans ses pensées. Alors, brusquement, elle dit, « Mais tu n’as pas dû tout voir, Harry. »
« Quoi ? » Dit-il, déconcerté.
« Tu es supposé apprendre à fermer ton esprit à ce genre de chose, » dit Hermione, soudainement sévère.
« Je sais que je suis censé le faire, » dit Harry. « Mais - »
« Bien, je pense que nous devons juste essayer d’oublier ce que tu as vu, » dit Hermione fermement. « Et tu devrais faire un peu plus d’efforts pour maîtriser l’occlumencie, dès maintenant. »
Harry était si fâché envers elle qu’il ne lui parla pas pendant le reste de la journée, qui s'est avérée être une autre mauvaise. Quand les gens ne discutaient pas des Mangemorts échappés dans les couloirs, ils riaient de la performance de Gryffondor dans le match qui les avait opposé à Poufsouffle ; les Serpentard chantaient « Weasley est notre Roi » si fort et si fréquemment que dès le coucher du soleil Rusard l'avaient interdit dans les couloirs tellement il était irrité.
La semaine ne s’améliora pas en passant. Harry avait encore reçu deux « D » au cours de Potions ; il était toujours sur des charbons ardents en pensant que Hagrid pouvait être renvoyé; et il ne pouvait pas s'arrêter de penser au rêve dans lequel il avait été Voldemort - quoiqu'il n’en ait pas discuté avec Ron et Hermione de nouveau ; il ne voulait pas entendre un autre sermon d’Hermione. Il aurait souhaité pouvoir en parler à Sirius, mais c'était hors de question, donc il essaya de pousser la question dans un coin sombre de son esprit. Malheureusement, le fin fond de son esprit n'était plus une place aussi sûre qu’elle l’avait été.
« Levez-vous, Potter. »
Deux ou trois semaines après son rêve de Rookwood, Harry devait, une fois de plus, se mettre à genoux sur le sol du bureau de Rogue, essayant de vider sa tête. Il avait encore été forcé de revivre un flot de premiers souvenirs qu’ils ne savait même pas avoir retenus, la plupart d'entre eux concernant des humiliations que Dudley et son gang lui avait infligé à l'école primaire.
« Le dernier souvenir, » dit Rogue. « Qu'est ce que c’était ? »
« Je ne sais pas, » dit Harry, commençant à avoir des fourmis dans les pieds. Il trouvait de plus en plus difficile de débrouiller des mémoires séparées de l'assaut d'images et de son que Rogue avait continué à susciter. « Vous voulez dire celui où mon cousin a essayé de me faire plonger dans les toilettes ? »
« Non, » dit Rogue doucement. « Je veux dire celui avec un homme se mettant à genoux au milieu d'une pièce obscurcie… »
« Ce n'est… rien, » dit Harry.
Les yeux sombres de Rogue semblèrent transpercer Harry. Se rappelant que Rogue avait dit que le contact des yeux était crucial à Légilimencie, Harry ferma les yeux pour ensuite regarder au loin.
« Comment cet homme et cette pièce sont-ils venus à l'intérieur de votre tête, Potter ? »
Demanda Rogue.
« Il – » dit Harry, regardant partout, sauf Rogue, « il était – c’est juste un rêve que j’ai fait. »
« Un rêve ? » Répéta Rogue. Il y eut une pause pendant laquelle Harry regarda fixement une grande grenouille morte suspendue dans une fiole de liquide pourpre. « Vous savez pourquoi nous sommes ici, n’est ce pas Potter ? » Dit Rogue, d'une voix basse, dangereuse. « Vous savez vraiment pourquoi je renonce à mes soirées pour ce travail ennuyeux ? »
« Oui, » dit Harry, se raidissant.
« Rappelez-moi pourquoi nous sommes ici, Potter. »
« Pour que je puisse apprendre l’occlumencie, » dit Harry, regardant maintenant fixement une anguille morte.
« Correct, Potter. Et aussi stupide que vous puissiez être - » Harry s’était tourné vers Rogue, le détestant « - j'aurais pensé qu'après plus de deux mois de leçons vous auriez pu faire quelques progrès. Combien d'autres rêves du Seigneur des Ténèbres avez-vous eu ? »
« Juste celui-là, » mentit Harry.
« Peut-être, » dit Rogue, ses yeux sombres, froids se rétrécissant légèrement, « peut-être qu’en réalité, vous aimez avoir ces visions et ces rêves, Potter. Peut-être qu’ils vous font vous sentir spécial - important ? »
« Non, rien de tout ça, » dit Harry, sa mâchoire se crispant et ses doigts serrés fermement autour de la poignée de sa baguette magique.
« C'est aussi bien, Potter, » dit Rogue froidement, « parce que vous n'êtes ni spécial, ni important et ce n'est pas à vous que reviens la tâche de découvrir ce que le Seigneur des Ténèbres dit à ses Mangemorts. »
« Non - c'est votre travail, n'est-ce pas ? » Lui lança Harry.
Il n’avait pas voulu le dire ; mais la colère l’avait fait éclater. Pendant un long moment ils se regardèrent fixement, Harry étant convaincu qu'il était allé trop loin. Mais il y avait une curieuse expression, presque de satisfaction, sur le visage de Rogue lorsqu’il répondit.
« Oui, Potter, » Dit-il, ses yeux brillants. « C'est mon travail. Maintenant, si vous êtes prêts, nous allons recommencer. » Il leva sa baguette magique : « un - deux - trois –
Légilimens ! »
Une centaine de Détraqueurs fusaient vers Harry à travers le lac et le parc… Il crispa son visage sous l’effet de la concentration… Ils venaient tout près… Il pouvait voir les trous sombres au-dessous de leurs capuchons… Déjà il pouvait aussi voir Rogue debout devant lui, ses yeux fixés sur le visage d'Harry, murmurant dans son souffle… Et d'une façon ou d'une autre, Rogue devenait plus clair et les Détraqueurs grandissait plus faiblement…
Harry leva sa propre baguette magique.
« Protego ! » Rogue chancela - sa baguette magique s’envola, loin d'Harry - et soudainement l’esprit d'Harry grouilla de souvenirs qui n'étaient pas les siens : un homme au nez recourbé criait à une femme se recroquevillant, tandis qu'un petit garçon aux cheveux bruns pleurait dans un coin… Un adolescent aux cheveux gras était assis seul dans une chambre à coucher sombre, dirigeant sa baguette magique au plafond, abattant des mouches… Une fille riait tandis qu’un garçon décharné essayait de monter sur un balai -
« ASSEZ ! »
Harry se sentit comme s'il avait été poussé durement à la poitrine ; il fit plusieurs pas en arrière sous le choque, heurta les planches couvrant les murs du bureau de Rogue et entendit quelque chose se briser. Rogue tremblait légèrement et le visage livide. Le dos de la robe d'Harry était humide. Une des fioles derrière lui s'était cassée quand il est tombé contre l’étagère ; la chose gluante saumurée tourbillonnait dans son breuvage magique de drainage.
« Reparo », siffla Rogue et la fiole se re scella immédiatement. « Bien, Potter… C’est indubitablement une amélioration… »
Haletant légèrement, Rogue redressa la Pensive dans lequel il avait de nouveau stocké certaines de ses pensées avant le début de la leçon, presque comme s'il vérifiait qu’elles étaient toujours là. « Je ne me rappelle pas vous avoir dire d'employer un Charme de Protection… Mais il n'y a aucun doute que c'était efficace… »