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« Essayons de nouveau, vous voulez ? » Dit Rogue.
Harry sentit un frisson d'effroi ; il était sur le point de payer pour ce qui venait d'arriver, il en était sûr. Ils se déplacèrent de façon à avoir le bureau entre eux, Harry sentant qu’il allait être beaucoup plus dur de faire le vide dans son esprit cette fois. »
« Je compte jusqu’à trois. Tenez-vous prêt, » dit Rogue, levant sa baguette magique encore une fois. « Un - deux - »
Harry n'eut pas le temps de reprendre ses esprits ou d’essayer de faire le vide avant que Rogue n'ait crié, « Légilimens ! » Il avançait à toute vitesse le long du couloir du Département des Mystères, devant les murs en pierre blanche, devant les torches - la porte noire et plate devenait plus grande que jamais ; il se déplaçait si vite qu’il allait entrer en collision avec elle, il en était à quelques pas et de nouveau il pouvait voir par la fente passer une faible lumière bleue –
La porte s’ouvrit à la volée ! Il l’avait enfin passée, et était maintenant à l’intérieur d’une pièce aux murs et au sol noir. C’était une pièce circulaire éclairée avec des bougies aux flammes bleues et il y avait beaucoup de portes tout autour de lui - il avait besoin de continuer - mais quelle porte devait-il prendre - ?
« POTTER ! »
Harry ouvrit les yeux. Il était allongé sur le dos de nouveau sans avoir la moindre idée de comment il était arrivé là ; il haletait aussi comme s'il avait vraiment parcouru la longueur du couloir du Département des Mystères, avaient vraiment passé la porte noire et s’était trouvé dans la pièce circulaire.
« Expliquez-vous ! » Dit Rogue, qui était debout devant lui, le regard furieux.
« Je… Je ne sais pas ce qui est arrivé, » dit Harry sincèrement, en se relevant. Il y avait une bosse à l'arrière de sa tête à l’endroit où elle avait touché le sol et il se sentait fiévreux. « Je n'ai jamais vu ça auparavant. Je veux dire, je vous l’ai raconté, j'ai déjà rêvé de la porte… mais elle ne s’est jamais ouverte avant. »
« Vous ne travaillez pas assez dur ! »
Pour une raison inconnue, Rogue semblait encore plus en colère que deux minutes auparavant, lorsque Harry avait vu dans les souvenirs de son enseignant.
« Vous est-ce que paresseux et vous ne vous appliquez pas, Potter, il n’est guère étonnant que le Seigneur des Ténèbres – »
« Vous pouvez m’expliquer quelque chose, professeur ? » Dit Harry, respirant profondément de nouveau. « Pourquoi appelez-vous Voldemort le Seigneur des Ténèbres ? J'ai n’ai jamais entendu que les Mangemorts l’appeler ainsi. »
Rogue ouvrit la bouche pour répondre - et une femme cria à l'extérieur de la pièce.
Rogue leva la tête vers le haut ; il regardait le plafond.
« Qu’est-ce que - ? » Murmura-t-il.
Harry pouvait entendre une agitation assourdie, qui semblait provenir du Hall d’Entrée.
Rogue regarda autour de lui, fronçant les sourcils.
« Avez-vous remarqué quelque chose de bizarre quand vous êtes descendu ici, Potter ? »
Harry secoua la tête. Quelque part au-dessus d'eux, la femme cria de nouveau. Rogue marcha à grands pas jusqu’à la porte de son bureau, tenant prête sa baguette magique et disparut dans le couloir. Harry hésita un instant, puis décida de le suivre. Les cris perçants venaient en effet du Hall d’Entrée ; ils devinrent de plus en plus fort à mesure que Harry montait les marches en pierre menant en haut des cachots souterrains. Quand il atteint le sommet, il trouva le Hall d’Entrée bondé ; les étudiants étaient accourus du Grand Hall, où le dîner était toujours en cours, pour voir ce qui se passait ; d'autres s'étaient fourrés sur l'escalier de marbre. Harry se fraya un chemin à travers un groupe de grands Serpentard et vit que les spectateurs avaient formé un grand cercle, certains d'entre eux semblants choqués, d'autres même effrayés.
Le professeur McGonagall se trouvait exactement à l’opposé d’Harry, de l'autre côté du Hall ; elle avait l’attitude de quelqu’un qui observe une personne malade. Le professeur Trelawney était debout au milieu du Hall d’entrée, sa baguette magique dans une main et une bouteille de xérès vide dans l'autre, une lueur de folie dans le regard. Ses cheveux étaient défaits, ses lunettes étaient tordues de telle façon qu'un oeil était plus agrandi que l'autre ; ses innombrables châles et écharpes traînaient au petit bonheur de ses épaules, donnant l'impression qu'elle tombait en morceaux aux coutures. Deux grands coffres étaient posés sur le sol à côté d'elle, l’un d'entre eux à l'envers ; il semblait qu’elle l’avait jeté directement en bas l'escalier. Le professeur Trelawney regardait fixement, apparemment terrifié, quelque chose qu'Harry ne pouvait pas voir, mais qui semblait être debout au pied de l'escalier.
« Non ! » Cria-t-elle. « NON ! Cela ne peut pas arriver… ça ne peut pas… Je refuse d’accepter ça ! »
« Vous n’aviez pas réalisé que c’était sur le point d’arriver ? » Dit une haute voix de jeune fille, semblant être amusé et Harry, en se déplaçant légèrement à sa droite, vit que la vision terrifiante de Trelawney n'était rien d'autre que le professeur Umbridge. « Vous êtes incapable de prédire le temps qu’il fera demain, vous deviez sûrement vous être rendue compte que votre pitoyable performance lors de mon inspection et votre manque d’amélioration, rendraient inévitable votre renvoi ? »
« Vous ne - ne pouvez pas ! » Hurla le professeur Trelawney, des larmes coulant le long de son visage, « vous ne - ne pouvez pas me mettre à la porte ! Je suis – suis ici depuis seize ans ! P - Poudlard est ma – ma m – maison ! »
« C'était votre maison, » dit le professeur Umbridge et Harry était révolté de voir le plaisir qui se lisait sur son visage, semblable à celui d’un crapaud, tandis qu’elle observait le professeur Trelawney pleurer, sanglotant sans contrôle, sur un de ses coffres, « jusqu'à il y a une heure, quand le Ministre de la Magie a contresigné votre Ordre de Renvoi.
Maintenant, veuillez quitter les lieux. Vous nous embarrassez. »
Mais elle restait debout et observait, avec une expression de plaisir, se réjouissant avec malveillance, tandis que le professeur Trelawney frissonnait et gémissait, se balançant en arrière et en avant sur son coffre dans des paroxysmes de chagrin. Harry entendit un sanglot assourdi à sa gauche et regarda autour de lui. Lavande et Parvati pleuraient toutes deux tranquillement, se serrant l'une contre l'autre. Alors il entendit des pas. Le professeur McGonagall avait traversé la foule de spectateurs, avaient marché droit jusqu'au professeur Trelawney et lui tapotait fermement le dos en sortant un grand mouchoir de l'intérieur de sa robe.
« Là, là, Sibylle… Calmez-vous… Soufflez fort … Ce n'est pas si mauvais que vous le pensez, maintenant… Vous n’avez pas besoin de quitter Poudlard… »
« Oh vraiment, professeur McGonagall ? » Dit Umbridge d'une voix mortelle, faisant quelques pas vers elle. « Et votre autorité pour cette déclaration est… ? »
« Ce serait la mienne, » dit une voix profonde.
Les portes de bois de chêne s'étaient ouvertes. Les étudiants derrière celles-ci s’étaient écartés alors que Dumbledore apparut dans l'entrée. Ce qu’il venait de faire dans le parc était un mystère pour Harry, mais il y avait quelque chose d'impressionnant dans la vision de Dumbledore dressé dans l'embrasure de la porte, sortant d’une nuit curieusement brumeuse. Laissant les portes grandes ouvertes derrière lui, il traversa à grands pas le cercle de spectateurs jusqu’au professeur Trelawney, pleines de larmes et tremblotante, sur son coffre, le professeur McGonagall à côté d'elle.
« La vôtre, professeur Dumbledore ? » Dit Umbridge, avec un petit rire singulièrement désagréable. « J'ai bien peur que vous ne compreniez pas la situation. J'ai ici - » elle tira un rouleau de parchemin de l'intérieur de sa robe « - un Ordre de Renvoi signé par le Ministre de la Magie. Conformément au Décret Éducatif Numéro vingt-trois, le Haut Inspecteur de Poudlard a le pouvoir d'inspecter, de placer à l'essai et de mettre à la porte n'importe quel enseignant qu’elle - c'est-à-dire moi – reconnaît comme ne convenant pas aux standards exigés par le Ministère de la Magie. J'ai décidé que le professeur Trelawney ne convenait pas aux standards. Je l'ai licenciée. »
À la grande surprise d'Harry, Dumbledore continua à sourire. Il jeta un coup d’œil au professeur Trelawney, qui sanglotait toujours et s’agitait sur son coffre et dit,
« Vous avez tout à fait raison, bien sûr, professeur Umbridge. En tant que Haut Inspecteur, vous avez le droit de licencier n’importe lequel de mes enseignants.
Cependant, vous n'avez pas l'autorité de les faire partir du château. J'ai bien peur, »
continua-t-il avec un petit salut courtois, « que le pouvoir de le faire revient toujours au Directeur et c'est mon désir que le professeur Trelawney continue à vivre à Poudlard. »
À cela, le professeur Trelawney émit un petit rire sauvage dans lequel un sanglot était à peine caché. « Non - non, je vais plutôt m’en - aller, Dumbledore ! Je devrais - devrais –
quitter Poudlard et - chercher ma fortune ailleurs - »
« Non, » dit Dumbledore brusquement. « C'est mon désir que vous restiez, Sibylle. » Il se tourna vers le professeur McGonagall. « Pourrais-je vous demander d'escorter Sibylle en haut, professeur McGonagall ? »
« Bien sûr, » dit McGonagall. « Vous revenez, Sibylle… »
Le professeur Chourave se dépêcha de traverser la foule et saisit l’autre bras du professeur Trelawney. Ensemble, elles passèrent devant Umbridge et montèrent l'escalier de marbre. Le professeur Flitwick se précipita vers elles, sa baguette magique tendues devant lui ; il glapit « coffres, Locomoteurs ! » Et le bagage du professeur Trelawney s’éleva dans l'air et passa en haut l'escalier après elle, le professeur Flitwick fermant la marche.
Le professeur Umbridge était toujours debout, regardant fixement Dumbledore, qui continuait de sourire bénignement.
« Et qu’est-ce que, » dit-elle, dans un chuchotement qui porta dans l’ensemble du Hall d’entrée, « vous allez faire avec elle une fois que je nommerais un nouvel enseignant de Divination qui aura besoin de ses logements ? »
« Oh, ce ne sera pas un problème, » dit Dumbledore agréablement. « Vous voyez, je nous ai déjà trouvés un nouvel enseignant de Divination et il préférera des logements au rez-de-chaussée. »
« Vous avez trouvé - ? » Dit Umbridge d'un ton perçant. « Vous avez trouvé ? Pourrais-je vous rappeler, Dumbledore, que conformément au Décret Éducatif Numéro vingt-deux – »
« Le Ministère a le droit de nommer un candidat approprié si - et seulement si - le Directeur est incapable de trouver un, » dit Dumbledore. « Et je suis heureux de dire que pour cette fois j'ai réussi. Puis-je vous le présenter ? »
Il se tourna pour faire face aux portes d'entrée ouvertes, par lesquelles la brume de nuit dérivait maintenant. Harry entendit des sabots. Il y eut un murmure choqué qui fit le tour du Hall et ceux les plus proches des portes se déplacèrent à la hâte, certains d'entre eux se poussèrent et s’écartèrent pour former un chemin pour le nouveau venu.
A travers la brume, Harry distingua un visage qu’il n’avait vu qu’une fois auparavant pendant une nuit sombre, dans la dangereuse Forêt Interdite : des cheveux blancs-blonds et des yeux incroyablement bleus ; la tête et le torse d'un homme se joignant au corps d'un cheval palomino.
« Voici Firenze, » dit Dumbledore l’air heureux à Umbridge, abasourdie. « Je pense que vous le trouverez approprié. »