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« Je n'allais pas pleurer ! » Cria-t-elle.
« Ouais… Ok… Bon, » Dit-il. « J'ai pas mal de choses à faire, maintenant. »
« Vas-y et fais ce que tu as à faire ! » Dit Cho furieusement, tournant les talons et s’éloignant.
Encore énervé, Harry descendit l'escalier qui menait au cachot souterrain de Rogue et, quoiqu'il sache par expérience qu’il serait encore plus facile pour Rogue de pénétrer dans son esprit s'il arrivait fâché et amer, il ne réussit pas à penser à autre chose que ce qu’il aurait dire de plus sur Marietta à Cho avant d'atteindre la porte du cachot souterrain.
« Vous êtes en retard, Potter, » dit Rogue froidement, tandis que Harry fermait la porte derrière lui. Rogue était debout, tournant le dos à Harry, enlevant, comme d'habitude, certaines de ses pensées et les plaçant soigneusement dans la Pensine de Dumbledore. Il laissa tomber le dernier filament argenté dans le bassin en pierre et se tourna pour faire face à Harry.
« Alors, » dit-il. « Vous êtes-vous entraîné ? »
« Oui, » mentit Harry, fixant soigneusement l’un des pieds du bureau de Rogue.
« Bien, c’est ce que nous allons voir. » Dit roguee sans à-coup. « Sortez votre baguette magique, Potter. »
Harry se mit dans sa position habituelle, faisant face à Rogue, le bureau entre eux. Son coeur battait vite à cause de sa rancune envers Cho et de l'inquiétude de tout ce que Rogue était sur le point d’extraire de son esprit.
« Je compte jusqu’à trois, » dit Rogue paresseusement. « Un - deux - »
La porte de bureau de Rogue s’ouvrit brusquement et Draco Malefoy s’y précipita.
« Professeur Rogue, monsieur - oh - désolé - »
Malefoy regardait Rogue et Harry, surpris.
« C'est bon, Draco, » dit Snape, baissant sa baguette magique. « Potter est là pour quelques petites Potions supplémentaires. »
Harry n'avait pas vu le regard de Malefoy aussi heureux depuis qu’Umbridge avait inspecté le cours de Hagrid.
« Je n'étais pas au courant, » dit-il, lorgnant à Harry, qui savait que son visage brûlait. Il aurait donné beaucoup pour crier la vérité à Malefoy - ou, même mieux, lui lancer une bonne malédiction.
« Bien, Draco, que se passe-t-il ? » Demanda Rogue.
« C'est le professeur Umbridge, monsieur - elle a besoin de votre aide, » dit Malefoy.
« Ils ont trouvé Montague, monsieur, il était resté bloqué à l'intérieur des toilettes du quatrième étage. »
« Comment est-il entré là ? » Exiga Rogue.
« Je ne sais pas, monsieur, il est un peu embarrassé. »
« Très bien, très bien. Potter, » dit Snape, « nous reprendrons cette leçon demain soir. »
Il se tourna et sortit rapidement de son bureau. Malefoy dit, « des Potions supplémentaires ? » à Harry dans le dos de Rogue, avant de le suivre.
Furieux, Harry rangea sa baguette magique à l'intérieur de sa robe et quitta la pièce. Au moins il avait encore vingt-quatre heures pour s’entraîner ; il savait qu'il devait se sentir reconnaissant pour avoir été sauvé de justesse, bien que le fait que Malefoy raconte à toute l’école qu’il avait besoin de Potions supplémentaires n’avait rien de réjouissant. Il était arrivé à la porte du bureau lorsqu’il le vit : une trace de lumière tremblotante, dansant sur le chambranle. Il s’arrêta en la regardant, se souvenant de quelque chose…
Alors il se rappela : ça ressemblait un peu à la lumière qu'il avait vu dans son rêve la nuit précédente, la lumière dans la deuxième pièce où qu’il avait traversé lors de son voyage dans le Département des Mystères.
Il tourna autour. La lumière venait de la Pensine, posée sur le bureau de Rogue. Le contenu argent-blanc refluait et tourbillonnait. Les pensées de Rogue… Des choses qu’il n’aurait pas voulu qu’Harry voie s'il passait à travers les défenses de Rogue accidentellement…
Harry regarda la Pensine, la curiosité refluant à l'intérieur de lui… C’était donc ça que Rogue tenant tant à cacher d'Harry ? La lumière argentée dansa sur le mur… Harry fit deux pas vers le bureau, réfléchissant rapidement. Se pouvait-il que l'information que Rogue tenait tant à garder pour lui était sur le Département des Mystères ? Harry regarda par-dessus son épaule, son coeur battant maintenant la chamade. Combien de temps faudrait-il à Rogue pour libérer Montague des toilettes ? Reviendrait-il directement à son bureau ensuite, ou accompagnerait-il Montague à l’infirmerie ? Sans doute cette dernière proposition… Montague était le Capitaine de l’équipe de Quidditch des Serpentards, Rogue voudrait s'assurer qu'il allait bien.
Harry franchis les derniers mètres qui le séparaient de la Pensine, plongeant dans ses profondeurs. Il hésita, écouta, puis ressortit sa baguette magique. Le bureau et le couloir étaient complètement silencieux. Il donna au contenu de la Pensine une petite poussée avec le bout de sa baguette magique. La substance argentée commença à tourbillonner très vite. Harry se pencha en avant et vit qu’elle était devenue transparente. Il était, de nouveau, en train de regarder dans une pièce comme s’il y avait une fenêtre circulaire à la place du plafond… En fait, à moins qu'il ne se trompe, il regardait le Grand Hall.
Son souffle brouillait la surface des pensées de Rogue… Son cerveau était comme perdu dans les limbes… Il serait fou de faire la chose qu’il était si fortement tenté de faire… Il tremblait… Rogue pouvait revenir à tout moment … Mais Harry pensa à sa colère envers Cho, au visage réjoui de Malefoy et il devint tout à coup insouciant.
Il respira profondément et plongea son visage dans la surface des pensées de Rogue.
Immédiatement, le sol du bureau vacilla, plongeant Harry la tête la première dans le Pensine… Il tomba à travers une froide noirceur, filant furieusement et ensuite - Il était debout au milieu du Grand Hall, mais les quatre tables des Maisons avaient disparues. A la place, il y avait plus de cent tables plus petites, toutes tournées dans le même sens, à chacune d’elle était assis un étudiant, la tête penchée, griffonnant sur un rouleau de parchemin. Le seul son était le griffonnement de plumes et le bruissement occasionnel de quelqu'un qui ajustait son parchemin. C'était clairement un examen. Les rayons du soleil traversaient les hautes fenêtres et venaient se poser sur les têtes penchées, qui brillaient avec des reflets d’or dans la lumière brillante. Harry regarda autour de lui soigneusement. Rogue devait être quelque part… C'était ses souvenirs…
Et il était là, exactement une table derrière Harry. Harry le regarda fixement. Rogue -
l'adolescent - avait un visage pâle, comme une plante laissée dans l'obscurité. Ses cheveux étaient fins et graisseux et tombaient sur la table, son nez à peine à un demi-centimètre de la surface du parchemin tandis qu’il griffonnait. Harry se déplaça autour derrière Rogue pour lire le titre de la copie d'examen : DÉFENSE CONTRE LES
FORCES DU MAL - NIVEAU DE MAGIE ORDINAIRE. Donc Rogue devait avoir quinze ou seize ans, à peu près le même âge qu'Harry. Sa main volait le long du parchemin ; il avait écrit au moins une page de plus que ses voisins les plus proches, et encore, son écriture était minuscule et étroite.
« Plus que cinq minutes ! » La voix fit sursauter Harry. Se tournant, il vit le sommet du professeur Flitwick, sa tête se déplaçant à travers les allées, entre les tables. Le professeur Flitwick marchait devant un garçon aux cheveux noirs et désordonnés… des cheveux noirs, très désordonnés…
Harry se déplaça si rapidement que, s’il avait été solide, il aurait aurait heurté les tables en volant. Au lieu de cela il sembla glisser, onirique, à travers deux tables et passa au-dessus d’une troisième. Le dos de la tête du garçon aux cheveux noirs se fit plus proche et… Il se redressa, posant sa plume, tirant son rouleau de parchemin vers lui afin de relire ce qu'il avait écrit…
Harry s'arrêta devant la table et observa son père agé de quinze ans. L’excitation éclata au creux de son estomac : c’était comme s'il se regardait, mais avec des erreurs délibérées. Les yeux de James étaient noisettes, son nez était légèrement plus long que celui d’Harry et il n'y avait aucune cicatrice sur son front, mais ils avaient le même visage mince, la même bouche, les mêmes sourcils ; les cheveux de James se rebellaient exactement comme ceux d’Harry, ses mains auraient pû être celle d’Harry et Harry pouvait dire que, si James s’était levé, ils auraient été exactement de la même taille.
James baîlla et passa une main dans ses cheveux, les décoiffant encore plus que ce qu’ils étaient auparavant. Alors, avec un regard vers le professeur Flitwick, il se retourna et sourit à un garçon assis quatre places derrière lui. Avec un autre choc d'excitation, Harry reconnut Sirius, qui leva les pouces vers le haut à l’attention de James. Sirius était assis sur sa chaise à son aise, se penchant en arrière et allongeant ses jambes. Il était très beau
; ses cheveux bruns tombaient sur ses yeux avec une sorte d'élégance occasionnelle que ni James ni Harry n’auraient pû avoir et une fille, assise derrière lui, le fixait avec bon espoir, quoiqu'il n'ait pas semblé l’avoir remarqué. Et deux places à côté de cette fille -
l'estomac d'Harry fit ressentir d'autres convulsions agréables – se trouvait Remus Lupin.
Il semblait plutôt pâle (la pleine lune s'approchait ?) et était encore plongé dans l'examen
: il finit de relire ses réponses, il se frotta le menton avec le bout de sa plume et fronça les sourcils légèrement.
Cela voulait dire que Queudver devait aussi se trouver dans le coin, lui aussi… et assez sûr, Harry le découvrit quelques secondes plus tard : un garçon petit, avec des cheveux disséminés comme des poils de souris et avec un nez fin. Queudver semblait anxieux ; il rongeait ses ongles, baissant les yeux sur sa feuille, frottant ses pieds sur le sol. De temps en temps il jetait un coup d'oeil plein d’espoir aux copies de ses voisins. Harry regarda fixement Queudver pendant un instant, puis revint à James, qui griffonnait maintenant sur un bout de parchemin. Il avait dessiné un Vif d’Or et traçait maintenant les lettres
'L.E'. Que voulait-il dire par là ?
« Arrêtez d’écrire, s'il vous plaît ! » Glapit le professeur Flitwick. « Cela s’applique aussi à vous, Stebbins! Restez assis s'il vous plaît pendant que je ramasse vos parchemins !
Accio ! »
Plus de cent rouleaux de parchemin volèrent dans l'air jusqu’aux bras allongés du professeur Flitwick, puis s’entassèrent à ses pieds. Plusieurs personnes rirent. Deux ou trois étudiants qui étaient aux bureaux de devant se levèrent, s’emparèrent du professeur Flitwick en le tenant par les coudes et le soulevèrent.
« Merci… Merci, » haleta le professeur Flitwick. « Très bien, vous êtes maintenant libres de partir ! »
Harry regarda vers son père, qui avait à la hâte barré le 'L.E.' Il se leva, rangea sa plume et son énoncé d’examen dans son sac, qu'il lança sur son dos et attendit que Sirius le rejoigne. Harry regarda autour de lui et entrevit Rogue un peu plus loin, se déplaçant entre les tables vers les portes du Hall d’Entrée, toujours absorbé par sa propre copie.