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Et, si vous voulez qu'on dîne avant minuit, j'aurai besoin d'aide, dit Madame Weasley à l'assistance. Non, pas toi Harry. Tu as eu un dur voyage.
Qu'est-ce que je peux faire, moi ? demanda Tonks en se précipitant.
Madame Weasley hésita avec une certaine appréhension.
Heu.Non.Ca ira Tonks. Vous devez vous reposer aussi. Vous en avez fait suffisamment pour aujourd'hui.
Non, non, non ! Je veux vous aider, s'exclama Tonks en reversant une chaise alors qu'elle se dirigeait vers le buffet où Ginny était occupé à sortir les couverts.
Bientôt, une série de lourds couteaux se mirent à découper la viande et les légumes tout seuls, simplement surveillés de loin par Monsieur Weasley, pendant que Madame Weasley allait remuer le contenu d'un chaudron suspendu au-dessus du feu. Les autres s'occupèrent de prendre les assiettes, les gobelets et la nourriture, qu'ils tiraient du garde manger.
Harry était resté près de la table, à discuter avec Sirius et Mundungus qui le regardaient toujours avec un air sinistre.
T'as r'vu la vieille Figgy ? demanda-t-il
Non, dit Harry, je n'ai revu personne.
C'est vrai qu'j'aurai pas dû partir, dit Mundungus en s'inclinant avec un ton d'excuse dans la voix. Mais fallait qu'je saute sur ct'opportunité commerciale.
Harry sentit quelque chose se frotter contre ses genoux et sursauta. Mais ce n'était que Pattenrond, le chat roux et aux pattes arquées d'Hermione, qui s'enroula autour des jambes d'Harry en ronronnant, avant de sauter sur les genoux de Sirius et de s'y rouler en boule. Sirius ne s'en rendit même pas compte et se gratta l'oreille en se retournant vers Harry avec un air sinistre.
L'été a été bon, jusque là ?
Non, ça a été nul, dit Harry.
Pour la première fois, un petit sourire apparut sur les lèvres de Sirius.
Moi, je ne sais pas de quoi tu te plaints.
De quoi ? dit Harry incrédule.
Personnellement, j'aurai apprécié être attaqué par un détraqueur ! Une lutte à mort pour sauver mon âme, ça aurait brisé superbement la monotonie de ma vie. Ca ne t'a pas plu, mais au moins tu t'en es sorti. Tu as pu te détendre avant de foncer dans de nouvelles bagarres. Moi, j'étais coincé dans cette maison pendant un mois.
Pourquoi ? grimaça Harry.
Parce que le Ministère de la magie est encore à mes trousses. Et Voldemort doit tout savoir de moi, maintenant. Même que je suis aussi un Animagus. Queudver lui aura sûrement tout raconté. Mon beau déguisement ne me sert plus à rien. Il n'y a plus grand-chose que je puisse faire maintenant pour l'Ordre du Phénix, comme le dit Dumbledore.
Il y avait un petit quelque chose, dans la voix monocorde avec laquelle Sirius avait prononcé le mot Dumbledore, qui fit penser à Harry que, Sirius, lui aussi, n'était pas très copain avec le directeur de Poudlard. Harry ressentit un sursaut d'affection pour son parrain.
Au moins, toi tu es au courant de ce qu'il se passe, dit-il en se raidissant.
Oui, dit Sirius sarcastique. Ecouter les comptes rendus de Rogue. Croire à ses faux airs de héros qui risque sa vie pendant que moi je suis assis sur mes fesses, ici, en prenant du bon temps, et en me demandant comment avance la décontamination.
Quelle décontamination ? demanda Harry.
Et bien, pour rendre cet endroit habitable pour des humains, répondit Sirius, en désignant la cuisine sombre. Personne n'a habité ici depuis dix ans. Depuis que ma mère est morte. Sauf son vieil elfe de maison, qui est à moitié fou, et qui n'a pas fait le ménage ici depuis des siècles.
Sirius, demanda Mundungus, qui apparemment n'avait pas suivit la conversation, occupé qu'il était à contempler un gobelet vide. C'est d' l'argent massif, hein ?
Oui, oui, dit Sirius, en le regardant avec un certain dégoût. De l'argent Gobelin de première qualité du 15ème siècle, frappé aux armes de la famille Black.
D'la vraie orfèvrerie alors, murmura Mundungus en le frottant avec sa manche.
Fred ! Georges ! Non ! PRENEZ-LES A LA MAIN ! hurla madame Weasley.
Harry, Sirius et Mundungus regardèrent ce qu'il se passait et ils s'écartèrent vivement de la table pour se protéger. Fred et Georges avait ensorcelé l'énorme chaudron de ragoût, une grosse bouteille ventrue de bièreaubeurre et une lourde planche à pain et son grand couteau, et les faisaient flotter dans l'air vers la table. Le chaudron glissa tout le long de la table et ne s'arrêta qu'arrivé au bout, laissant une longue traînée de suie derrière lui. La bouteille de bièreaubeurre explosa par terre en répandant son contenu, le couteau glissa de la planche à pain et atterrit, la pointe en avant à l'endroit exact où se trouvait la main droite de Sirius auparavant.
Pour l'amour de Dieu, hurla Madame Weasley, il n'y avait vraiment pas besoin ça ! J'en ai assez ! Tout ça parce que maintenant, vous avez le droit d'utiliser la magie ! Vous n'avez pas à utiliser vos baguettes dès que quelque chose vous demande le moindre effort.
On essaye juste de gagner du temps, dit Fred, en s'efforçant de détacher le couteau à pain de la table.
Heu, désolés Sirius. On n'a pas fait exprès.
Harry et Sirius riaient tous les deux. Mundungus qui était tombé en arrière de sa chaise, jurait en se remettant debout. Pattenrond avait sifflé de colère et s'était réfugié sous le buffet. On pouvait voir ses grands yeux jaunes briller dans l'ombre.
Les garçons, dit Monsieur Weasley, en ramenant le chaudron au milieu de la table. Votre mère a raison. On attend de vous un certain sens des responsabilités maintenant que vous êtes majeurs.
Aucun de vos frères n'a fait autant de bêtises ! s'étrangla de colère madame Weasley, en posant violement une nouvelle bouteille de bièreaubeurre sur la table et en renversant presque autant qu'eux. Bill ne transplane pas tout les 50 centimètres. Charlie n'ensorcelle pas tout ce qu'il voit. Percy. Elle s'arrêta, en retenant sa respiration avec un regard apeuré vers son mari, qui soudain était devenu livide.
Passons à table, dit Bill calmement.
Ca sent drôlement bon, Molly, dit Lupin en lui servant une louche de ragoût et en lui tendant l'assiette au-dessus de la table. Pendant quelques instants, on n'entendit plus que le bruit des assiettes, des couverts et des chaises, pendant que chacun prenait place autour de la table. Madame Weasley se retourna vers Sirius.
Il faut que je vous dise Sirius, il y a quelque chose enfermée dans le secrétaire qui se trouve dans la galerie de réception. Ca n'arrête pas de râler et de trembler. Peut-être ne s'agit-il que d'un Epouvantard, mais je pense qu'on ferait mieux de demander à Alastor de regarder avant de faire une bêtise.
Comme vous voudrez, dit Sirius indifférent.
Et les rideaux sont plein de doxys. Je pense qu'on devrait essayer de les attraper demain.
Je suis impatient de le faire, répondit Sirius, laconique.
Harry décela le sarcasme dans cette remarque, mais il n'était pas sûr que quelqu'un d'autre l'ait aussi compris. En face d'Harry, Tonks faisait rire Hermione et Ginny, en transformant son nez entre chaque bouchée. En plissant les yeux avec la même expression de concentration qu'elle avait affichée dans la chambre de Harry, elle faisait gonfler son nez, celui-ci prenant une forme de bec d'oiseau qui le faisait ressembler à celui de Rogue, le réduisait ensuite à la taille d'un petit crapaud en y faisant pousser une grosse touffe de poils dans chaque narine. Apparemment, elle avait pris l'habitude de le faire à chaque repas car Hermione et Ginny lui demandaient sans cesse de faire apparaître leurs nez préférés.
Fais-nous celui qui ressemble à un groin de cochon, Tonks.
Tonks s'exécuta et Harry, voyant cela, eut l'impression qu'un Dudley femelle lui souriait de l'autre côté de la table. Monsieur Weasley, Bill et Lupin, entretenaient une conversation nourrie au sujet de gobelins.
Ils ne laissent rien transparaître, dit Bill. Je n'ai pas encore réussi à savoir s'ils croient ou non qu'il est de retour. Sans doute, préfèrent-ils ne pas prendre parti du tout et rester en dehors de tout ça.
- Je pense qu'ils ne défieront jamais tu-sais-qui, dit Monsieur Weasley en hochant la tête.
Ils ont eu des grosses pertes eux aussi. Rappelez-vous cette famille Gobelin qu'il a assassiné près de Nottingham la dernière fois.
- Je pense que ça dépend de ce qu'ils attendent, dit Lupin. Et, je ne parle pas de l'or. Si on leur reconnaît les droits dont ils ont été privés pendant des siècles, ils vont sûrement être tentés. Tu n'es pas encore arrivé à quelque chose avec Ragnok, Bill ?
Il est plutôt anti-magicien en ce moment, dit Bill. Il n'a pas arrêté de s'énerver contre ses affaires avec Verpey. Il estime que le ministère a déjà donné assez d'or à Verpey et que celui-ci n'a pas remis l'argent sur son compte. Ces Gobelins n'ont pas encore récupéré l'or que Verpey leur doit, tu sais.