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.Et ensuite, haleta Mundungus en pleurant de rire, et ensuite, Vous l'croyez si vous l'voulez. Y m'a dit : Heu. Dung, où t'as trouvé tous ces crapauds ? Parce qu'un des rej'tons d'un des cognards est parti en écrabouillant tous les miens. Et j'lui ai dit : tous tes crapauds, y sont écrabouillés Will ? Et quoi d'autre encore ? T'en veux des nouveaux
? Et croyez moi, les gars, c'te nouille de gargouille m'a racheté tout un lot de crapauds pour beaucoup plus cher que la première fois.
Je pense pas que nous ayons besoin d'entendre le détail de vos transactions commerciales, Mundungus, dit Madame Weasley d'un ton tranchant, alors que Ron glissait de sa chaise tellement il riait.
Ah, 'xusez-moi Molly, dit Mundungus, en essuyant ses yeux, avant de faire un clin d'oeil à Harry. Mais vous savez, Will, il avait déjà découpé tous les crapauds de Warty Harris.
Donc c'tait pas vraiment une mauvaise chose de l'faire payer plus cher.
Je ne sais pas où vous avez appris la différence entre le bien et le mal, Mundungus, mais vous avez dû sécher plusieurs cours importants, dit froidement madame Weasley.
Fred et Georges se cachèrent leur fou-rire derrière leur gobelet de bièreaubeurre.
Georges en avait le hoquet. Pour une raison incompréhensible, madame Weasley jeta un regard noir à Sirius, avant d'aller chercher un grand gâteau à la rhubarbe pour le dessert.
Harry se retourna vers son parrain.
Molly n'a pas l'air d'apprécier Mundungus, dit Sirius à voix basse.
Comment se fait-il qu'il soit membre de l'ordre ? demanda Harry calmement.
Il est très utile, continua Sirius. Il connaît tous les escrocs. C'est facile, il en est un lui-même. Mais il est aussi parfaitement loyal envers Dumbledore, qui l'a tiré d'un mauvais pas, il y a longtemps. Ca vaut le coup d'avoir quelqu'un comme lui dans les parages. Il entend des choses qui nous échappent. Mais Molly pense que le garder à dîner est trop cher payer. Elle n'est pas prête de lui pardonner d'être parti au lieu de te surveiller.
Trois parts de gâteau et de crème épaisse plus tard, la ceinture du jean de Harry commençait à le serrer, ce qui était embêtant, car le jean avait appartenu autrefois à Dudley. Comme il reposait sa cuillère, il s'aperçut que l'ambiance s'était calmée.
Monsieur Weasley se balançait sur sa chaise d'un air détendu et rassasié ; Tonks baillait largement, son nez revenu à son état normal et Ginny, qui avait attiré Pattenrond hors du buffet sous lequel il s'était réfugié, était assise en tailleur, par terre, en envoyant des bouchons de bièreaubeurre à Pattenrond.
On ne va pas tarder à aller se coucher, dit Madame Weasley dans un bâillement.
Pas encore, Molly, dit Sirius, en repoussant son assiette vide et en se retournant vers Harry. Tu sais, tu me surprends beaucoup. Je pensais que la première chose que tu ferais, en arrivant ici, ça aurait été de nous bombarder de questions sur Voldemort.
Dans la cuisine, l'atmosphère changea comme si des détraqueurs venaient d'arriver.
Alors que quelques instants plus tôt, l'atmosphère était détendue et propice au sommeil, elle était maintenant tendue. Un frisson parcourut la table à la mention du nom de Voldemort. Lupin, qui était sur le point de boire une gorgée de vin, reposa son verre avec prudence.
Mais je l'ai fait ! s'indigna Harry. Je l'ai demandé à Ron et Hermione. Mais ils disent qu'ils ne sont pas autorisés par l'ordre.
Et ils ont raison, dit Madame Weasley. Vous êtes tous trop jeunes.
Elle était assise bien droite dans sa chaise, ses mains se cramponnant aux accoudoirs, toute trace de sommeil disparue.
Depuis quand doit-on appartenir à l'Ordre du Phénix pour avoir le droit de poser des questions ? demanda Sirius. Harry a été piégé dans cette maison de moldus pendant un mois. Il a le droit de savoir ce qu'il s'est passé.
Attendez ! les interrompit Georges d'une voix forte. Comment ça se fait que Harry ait le droit à des réponses ? demanda-t-il en colère. Ca fait un mois qu'on essaye de savoir et vous ne nous avez rien dit du tout.
Vous êtes trop jeunes. Vous ne faites pas partie de l'ordre, dit Fred d'une voix aiguë, qui imitait imprudemment sa mère. Harry n'a même pas notre âge !
Ca n'est pas de ma faute si on ne vous a pas dit ce que faisait l'Ordre, dit calmement Sirius. C'est la décision de vos parents. A contrario, Harry.
Ca n'est pas à vous de décider ce qui est bon pour Harry, dit Madame Weasley d'un ton tranchant. Son visage, d'ordinaire calme et souriant, prit une expression tendue. Je suppose que vous avez oublié ce que Dumbledore a dit.
Quelle partie de ce qu'il a dit ? demanda poliment Sirius, prenant l'air de quelqu'un qui se prépare au combat.
La partie où il a dit de ne pas révéler à Harry, plus que le nécessaire, dit madame Weasley en insistant lourdement sur les quatre derniers mots.
Les têtes de Ron, Hermione, Fred et Georges suivaient l'échange entre Sirius et Madame Weasley, comme s'ils étaient en train de regarder un match de tennis. Ginny s'était agenouillée au milieu des bouchons de bièreaubeurre abandonnés par Pattenrond, regardant la scène, la bouche à moitié ouverte. Lupin avait les yeux rivés sur Sirius.
Je n'ai pas l'intention de lui dire plus que le nécessaire, Molly. Mais c'est quand même lui qui a vu Voldemort revenir (il y eut encore un frisson collectif autour de la table). Il a le droit, plus que quiconque de savoir.
Il n'est pas membre de l'Ordre du Phénix. Il n'a que 15 ans et.
.et il a affronté autant de dangers que la plupart des membres et même plus que certains.
Personne ne conteste ce qu'il a fait, dit Madame Weasley en élevant la voix, ses mains tremblant en serrant les accoudoirs. Mais il est encore.
.Il n'est plus un enfant, s'impatienta Sirius.
Il n'est pas encore un adulte, dit Madame Weasley son visage devenant rouge. Ce n'est pas James, Sirius.
Oh, je sais parfaitement qui il est, Molly, dit Sirius froidement.
Je n'en suis pas si sûr, dit madame Weasley. Parfois vous lui parlez comme si il était votre meilleur ami qui était revenu.
Mais quelle est le problème ? demanda Harry.
Le problème, Harry, c'est que tu n'es pas ton père. Même si tu lui ressembles un peu, dit Madame Weasley, les yeux foudroyant encore Sirius. Vous n'avez pas encore quitté l'école et les adultes qui sont responsables de vous ne devraient pas l'oublier.
Cela veut-il dire que je suis un parrain irresponsable ? demanda Sirius d'une voix forte.
Ca veut dire que vous agissez de façon irréfléchie, Sirius. Et c'est pour ça que Dumbledore n'arrête pas de vous dire de rester à la maison.
Ne vous mêlez pas des instructions que Dumbledore m'a données, cria Sirius.
Arthur ! dit Madame Weasley, en se retournant vers son mari. Arthur, tu ne diras pas le contraire ?
Monsieur Weasley n'avait pas encore dit un mot. Il enleva ses lunettes, et en essuya lentement les verres avec un pan de sa robe, sans un regard pour sa femme. Ce ne fut qu'après les avoir soigneusement réajustées sur son nez qu'il répondit.
Dumbledore sait que la situation a changé, Molly. Il est d'accord pour qu'on mette Harry au courant, dans une certaine mesure, maintenant qu'il est appelé à rester au quartier général.
Oui, mais il y a une différence entre ça et l'inviter à nous poser toutes les questions qu'il veut.
Personnellement - dit Lupin calmement, détachant son regard de Sirius pour rencontrer celui de madame Weasley qui se retournait vers lui, pleine d'espoir de trouver enfin un allié - je trouve préférable que Harry apprennent les événements - pas tous les événements, Molly, mais les plus importants - de notre part, plutôt que d'entendre une version imparfaite de la part d'autres personnes.
Son expression était mélangée mais Harry se sentit sûr que Lupin, lui, avait compris que des oreilles extensibles avaient échappé aux recherches de madame Weasley.
Bien, dit madame Weasley, en respirant profondément et en cherchant autour de la table une aide qui ne venait pas. Bien. Je vois que je dois m'incliner. Je continue à dire que Dumbledore doit avoir ses raisons pour ne pas vouloir qu'Harry en sache trop et dans l'intérêt d'Harry.