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« ’perds pas ton filet à ch’veux ! » dit Mundungus, ses bras protégeant sa tête. « J’y va, j’y va ! »
Et dans un autre crac, il disparut.
« J’espère que Dumbledore va l’assassiner ! » ragea Mme Figg. « Maintenant allons, Harry, qu’est-ce que tu attends ? »
Harry décida de ne pas gaspiller le souffle qu’il lui restait pour faire remarquer qu’il pouvait à peine marcher sous le poids de Dudley. Il rehaussa un peu Dudley à demi conscient et poursuivit en titubant.
« Je t’accompagne jusqu’à la porte. » dit Mme Figg, tandis qu’il s’engageaient dans Privet Drive. « On ne sait jamais s’il y en a d’autres dans le coin… oh ma parole, quelle catastrophe… et tu as du les repousser tout seul… et Dumbledore disait que nous devions t’éviter de faire de la magie à tout prix… bon, ben je suppose qu’on ne répare pas une baguette brisée… mais le loup est dans la ferme à lutins maintenant. »
« Ainsi » haleta Harry, « Dumbledore… m’a fait… suivre ? »
« Évidemment ! », s’impatienta Mme Figg. « Tu espérais qu’il te laisserait te promener tout seul après ce qui s’est passé en Juin ? Bon Dieu, mon garçon, ils m’avaient dit que tu était intelligent… bon… rentre et ne bouge pas de là » dit-elle, alors qu’ils atteignaient le numéro quatre. « Je pense que quelqu’un va te contacter très bientôt. »
« Qu’allez-vous faire ? » s’enquit Harry rapidement.
« Je reste à la maison. » dit Mme Figg, scrutant la rue obscure en frissonnant. « Je dois attendre de nouvelles instructions. Ne bouge surtout pas de la maison. Bonne nuit.
»
« Un moment, ne partez pas encore ! Je veux savoir –»
Mais Mme Figg s’en était déjà allée au trot, ses pantoufles se décollant, son sac à provisions cliquetant.
« Attendez ! » appela Harry. Il avait un million de questions à poser à quiconque était en contact avec Dumbledore ; mais en l’espace de quelques secondes Mme Figg fut avalée par la nuit. Maussade, Harry rajusta Dudley sur son épaule et monta le lent et douloureux chemin du jardin du numéro quatre.
La lumière de l’entrée était allumée. Harry remit sa baguette dans la ceinture de son jean, sonna, et regarda la silhouette de la tante Pétunia s’agrandir progressivement, bizarrement déformée par le verre irrégulier de la porte d’entrée.
« Duddlinouchet ! c’est pas trop tôt, je commençais à — à — Duddlinouchet, qu’est-ce qui t’arrive ? »
Harry regarda de côté vers Dudley et le lâcha juste à temps. Dudley vacilla sur place pendant un certain temps, son visage verdâtre… puis il ouvrit sa bouche et vomit partout sur le paillasson.
« DUDDLINOUCHET ! Duddlinouchet, qu’est-ce qui t’arrive ? Vernon ? VERNON !
»
L’oncle de Harry arriva en trombe du salon, sa moustache à la gauloise secouée de ci, de-là comme toujours quand il était agité. Il se précipita pour aider la tante Pétunia à faire passer le seuil à Dudley dont les genoux étaient trop faibles tout en évitant de marcher dans la flaque de vomi.
« Il est malade, Vernon ! »
« Qu’est-ce qu’il y a, fiston ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que Mme Polkiss t’a donné de la nourriture exotique pour le goûter ? »
« Pourquoi es-tu tout sale, mon chéri ? Tu ne t’es pas allongé par terre ? »
« Attends — on ne t’a pas lancé de terre, hein, fiston ? »
La tante Pétunia cria.
« Appelle la police, Vernon ! Appelle la police ! Duddlinouchet, chéri, parle à Maman !
Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? »
Dans tout ce vacarme personne ne semblait avoir remarqué Harry, ce qui lui convenait parfaitement. Il réussit à se glisser dans la maison juste avant que l’oncle Vernon fermât la porte et, alors que les Dursley progressaient bruyamment dans l’entrée vers la cuisine, Harry se dirigea prudemment et doucement vers l’escalier.
« Qui a fait ça, fiston ? Donne-nous les noms. Nous les aurons, ne t’inquiète pas. » «
Chut ! Il essaie de dire quelque chose. Vernon ! Qu’est-ce qu’il y a Duddlinouchet ?
Raconte à Maman ! »
Le pied de Harry était sur la première marche quand Dudley retrouva la voix.
« Lui. »
Harry se figea, le pied sur la marche, le visage tendu, en attente de la détonation.
« GAMIN ! VIENS ICI ! »
Avec un sentiment mêlé d’appréhension et de colère, Harry retira lentement son pied de la marche et se tourna pour suivre les Dursley.
La cuisine minutieusement nettoyée avait un éclat étrangement irréel après l’obscurité du dehors. La tante Pétunia conduisait Dudley dans une chaise ; il était toujours très verdâtre et moite. L’oncle Vernon se tenait devant l’égouttoir, fixant Harry de ses petits yeux contractés.
« Qu’as-tu fait à mon fils ? » dit-il dans un grondement menaçant.
« Rien. » dit Harry, sachant parfaitement bien que l’oncle Vernon ne le croirait pas.
« Qu t’a-t-il fait, Duddlinouchet ? » chevrota la tante Pétunia, qui épongeait le vomi de la veste en cuir de Dudley. « C’était — est-ce que c’était tu-sais-quoi, chéri ?
Il s’est servi de — la chose ? »
Lentement, par à-coups, Dudley acquiesça.
« Je n’ai rien fait ! » dit Harry sèchement, alors que la tante Pétunia émit un hurlement et que l’oncle Vernon leva ses poings. « Je ne lui ai rien fait, ce n’était pas moi, c’était –»
Mais à cet instant précis une chouette effraie plana par la fenêtre de la cuisine. Manquant de peu le sommet du crâne de l’oncle Vernon, elle voleta à travers la cuisine, largua la grande enveloppe de parchemin qu’elle portait dans son bec aux pieds de Harry, fit un gracieux demi-tour, les bouts de ses ailes frôlant le haut du réfrigérateur, puis ressortit à toute allure et s’éloigna par le jardin.
« Des HIBOUX ! » meugla l’oncle Vernon en claquant les fenêtres de la cuisine, la veine habituelle de sa tempe battant furieusement. « ENCORE DES HIBOUX ! JE NE
VEUX PLUS VOIR UN SEUL HIBOU DANS MA MAISON ! »
Mais Harry déchirait déjà l’enveloppe et tirait la lettre qu’elle contenait, son cœur battant quelque part dans la région de la pomme d’Adam.
Cher M. Potter,
Nous avons été informés que vous avez effectué le Charme Patronus à neuf heures et vingt-trois minutes ce soir dans une zone habitée par des Moldus et en présence d’un Moldu.
La gravité de cette infraction au Décret pour la Restriction Raisonnable de l’Usage de la Magie chez les Sorciers du Premier Cycle a conduit à votre expulsion de l’École Poudlard de Sorcellerie. Des fonctionnaires du Ministère se présenteront sous peu à votre domicile pour détruire votre baguette.