124251.fb2 La main tendue - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 6

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Les touristes humains s’écartèrent légèrement pour laisser s’approcher les deux géants skontariens, et, au fond de lui-même, Skorrogan éprouva une satisfaction amusée en voyant l’expression qui se peignait sur leur visage: Ils nous respectent et ont peur de nous. Sol ne hait plus Skontar: il l’admire. Il envoie sa jeunesse apprendre notre science et notre langue. Mais qui attache encore de l’importance à Cundaloa?

La touriste suivit la direction de leur regard et, découvrant à son tour le splendide vase, elle se tourna vers le marchand:

— Combien celui-ci?

— Pas vendre, répondit le Cundaloien. Sa voix n’était presque qu’un murmure, et il serra un peu plus sur sa poitrine sa cape toute râpée.

— Toi vendre, insista-t-elle avec un sourire étincelant qui sentait l’artificiel à plein nez. Moi te donner beaucoup d’argent. Te donner dix crédits.

— Pas vendre.

— Je te donne cent crédits. Vends!

— Celui-ci à moi. Famille l’avoir depuis longtemps, longtemps. Pas vendre.

— Cinq cents crédits! cria-t-elle presque en lui agitant l’argent devant le nez.

Il serra le vase contre sa poitrine décharnée en levant vers elle des yeux sombres où les larmes commençaient à affluer:

— Pas vendre. T’en aller! Pas vendre amaui!..

Thordin saisit Skorrogan par le bras et l’entraîna en murmurant:

— Allons-nous-en. Partons. Rentrons à Skontar.

— Déjà?

— Oui, oui. Vous aviez raison, Skorrogan. Vous aviez raison, et je vais faire des excuses publiques. Vous êtes le plus grand sauveur de notre histoire. Mais de grâce, rentrons!

Ils remontèrent rapidement la rue. Thordin essayait de toutes ses forces d’oublier le regard du vieux Cundaloien. Mais il se demandait s’il y parviendrait jamais.