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Juste après la réunion, Sharko, planqué derrière son ordinateur, avait surfé sur le Net, tandis que Lucie était partie chez Lise Lambert et que chacun vaquait à ses tâches.

Au bout d'un moment, il nota une adresse sur un Post-it qu'il fourra dans sa poche, puis il imprima des formulaires issus du site sur lequel il naviguait. Il les roula discrètement dans la poche intérieure de sa veste. Quelques minutes plus tard, il passait par le secrétariat, où il récupéra une enveloppe à bulles, et se rendit aux laboratoires de la police scientifique sur le quai de l'Horloge, à une centaine de mètres du 36.

Il fit le tour des différents départements, afin de voir où les techniciens en étaient. Le service d'analyse graphologique avait confirmé que le papier trouvé dans la poche du gamin avait bien été écrit par Valérie Duprès. Les traces papillaires relevées chez Gamblin n'avaient, pour le moment, rien donné de probant (elles appartenaient à la victime), de même que les analyses toxicologiques résultant de l'autopsie. Quant à l'ADN, on était toujours en train d'explorer les vêtements de Gamblin, à la recherche de la moindre trace. Ce travail de fourmi prenait toujours du temps.

Finalement, Sharko se rendit dans la section « Documents et traces ». Il connaissait le technicien responsable, Yannick Hubert, le salua et lui présenta une pochette plastifiée qui contenait la feuille trouvée sur la glacière.

- Tu peux faire quelque chose à partir de ça ? Je ne sais pas, trouver le type de colle, ou le genre d'imprimante. Et, au fait, c'est personnel.

Le spécialiste acquiesça et promit d'y jeter un œil au plus vite.

Sharko sortit des laboratoires, donc, sans réelle nouvelle piste, mais avec un kit complet de prélèvement de salive et des gants en latex dans la poche. Il regagna sa voiture, mit le contact et démarra. Il regardait partout : dans son rétro, sur les scooters, il détaillait les passants. Le taré était peut-être là, parmi eux.

S'assurant que personne ne le suivait, il partit se garer au dernier niveau du parking souterrain à proximité du boulevard du Palais, bien à l'abri des caméras de surveillance. Il récupéra l'échantillon de sperme dans la glacière et s'enferma dans l'habitacle de son véhicule. Rapidement, il enfila les gants, ouvrit l'enveloppe stérile contenant deux écouvillons buccaux et plongea ces derniers dans le liquide séminal, de façon à bien les en imprégner. Puis il les enferma dans la première enveloppe spécialement adaptée, qu'il mit ensuite dans l'enveloppe à bulles.

D'ordinaire, la PJ travaillait avec le laboratoire d'État d'analyses de la police scientifique de Paris, ou parfois avec un laboratoire privé de Nantes, selon les affaires et l'engorgement des demandes. Sharko aurait pu trouver le moyen de faire partir son prélèvement de sperme avec ceux d'autres enquêtes, mais c'était bien trop risqué. Tout était verrouillé, il fallait des justificatifs chaque fois, sans oublier les problèmes de facturation. Non, il y avait plus simple et moins dangereux : passer par les laboratoires d'analyses génétiques qui foisonnaient sur Internet. Sharko avait choisi Benelbiotech, une société située en Belgique, juste à la frontière française. Il connaissait ce laboratoire de réputation. La société privée travaillait six jours sur sept et proposait un service qui fournissait un profil génétique en fonction d'un échantillon contenant suffisamment d'ADN - sperme, salive, squames de peau, poils ou cheveux avec bulbe. Anonymat garanti, réponse sous les vingt-quatre heures, par mail ou par courrier. Sharko n'aurait plus qu'à comparer le profil fourni avec le sien, enregistré dans le FNAEG.

Il glissa également, dans l'enveloppe à bulles, le formulaire imprimé qu'il avait rempli sur Internet, avec la référence (échantillon n° 2432-S), les données complètes de son inscription et son numéro de portable, où il serait informé, par SMS, de la disponibilité des résultats sur une adresse mail qu'il venait de créer. Il paierait les quatre cents euros via le Web dans l'après-midi.

L'enveloppe partit par Chronopost dans l'heure. Ne restait plus qu'à patienter. Le résultat devait lui parvenir le lundi suivant, dans la journée.

Bellanger lui tomba dessus au moment où il planquait l'adresse mail bidon - une succession de chiffres et de lettres immondes en @yahoo.com - dans un fichier de son ordinateur. Le chef de groupe n'était pas au mieux de sa forme.

- Très mauvaise nouvelle. Le commissariat de Maisons-Alfort vient de m'apprendre que le môme de l'hôpital avait disparu.

- Qu'est-ce que c'est que ce cirque ?

Nicolas Bellanger s'assit en amazone sur le bureau.

- Un homme lourdement vêtu - gros blouson Bombers kaki, pantalon noir, écharpe sur le visage, bonnet et gants - a été aperçu par une infirmière dans l'un des couloirs de l'hôpital, hier, aux alentours de 22 heures. Il portait un enfant dans les bras et n'a pas hésité à agresser l'employée avant de dévaler l'escalier et de disparaître.

Sharko murmura quelques noms d'oiseaux. C'était là tout le problème des hôpitaux publics, ouverts en permanence, peu ou pas surveillés, et qui tournaient au ralenti la nuit. N'importe qui pouvait entrer, se déplacer d'étage en étage et profiter de l'inattention - ou de l'occupation - du personnel soignant pour pénétrer dans une chambre.

- On a une piste ?

- Rien pour le moment. Trémor, de Maisons-Alfort, est dessus. L'infirmière qui a reçu le coup violent au visage n'a qu'une vision floue de son agresseur et les témoignages sont quasiment inexistants. Le plan « Alerte enlèvement » vient d'être lancé avec, pour seules photos, celles de l'enfant prises par la police lors de sa découverte, la veille, ainsi que la description vestimentaire de l'individu. Autre chose : Trémor m'a aussi annoncé que les labos avaient analysé le sang sur le papier trouvé dans la poche du petit. Il appartient bien à Valérie Duprès.

- Elle était donc blessée en rédigeant le mot.

Sharko s'était reculé sur sa chaise, les yeux vers la fenêtre. Le môme allait revivre le calvaire auquel il avait réussi à échapper. Le commissaire savait pertinemment que le gamin n'aurait pas autant de chance, cette fois.