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Une vue à couper le souffle accueillit Lucie à son réveil et lui fit oublier sa courte nuit. Le soleil sortait des montagnes enneigées, illuminant la ville d'un ciel de feu. Elle devinait les étendues brûlées, au loin, la terre rouge, les chemins creusés dans le relief, ouvrant sur des décors de carte postale : les cañones, les mesas, les réserves indiennes. Après sa toilette, elle enfila un jean, un tee-shirt et un pull camionneur bleu. Ses rangers aux lacets fort serrés terminèrent l'allure d'une femme déterminée, un poil masculine.

Dans la salle du restaurant, elle évita de se conformer aux traditions locales - œufs, bacon, fajitas, auxquels on pouvait même ajouter du piment de bon matin - et préféra s'octroyer un petit déjeuner continental à base de café au lait. Dans cette grande pièce calme, cernée d'étrangers, elle se sentait sereine et était persuadée que tout se passerait bien, désormais, dans sa tête.

D'après le plan de la ville, la base de Kirtland se trouvait à une dizaine de kilomètres, en direction du sud. Lucie avait décidé de louer une voiture chez Avis, juste à côté de l'hôtel. Elle se retrouva ainsi au volant d'une Normal Size, néanmoins impressionnante : Pontiac Grand Prix avec boîte automatique, moteur V6 de trois cents chevaux. Une aberration pour elle qui roulait en 206, mais il n'y avait pas plus petit. Le GPS n'était pas fourni.

Aidée d'un plan de la ville, elle se mit en route. Le trajet fut agréable, surprenant même lorsque la Pontiac blanche remonta Oldtown, la vieille cité. Ça sentait l'influence espagnole, avec ses rues étroites bordées de bâtiments en adobe, de patios décorés de plantes, de fontaines et de passages ombragés, le tout dans les tons jaunes, rouges, orange. Partout, des guirlandes, des boules, des sapins. Lucie vit, en un clin d'œil, le mélange des peaux et des cultures. Une ville cosmopolite, un carrefour de sang neuf et de vieilles traditions indiennes.

Approchant de la périphérie, les routes devinrent d'une largeur effroyable, à quatre, parfois cinq voies, et le paysage urbain changea : moyennes tours commerciales, distributeurs d'argent accessibles en voiture, panneaux publicitaires dans tous les sens, McDo collé à la pompe à essence. Après quelques kilomètres sur l'I40, elle prit la sortie Wyoming Boulevard, roula sur une route agrémentée de maisons magnifiques - sans nul doute un quartier résidentiel pour riches - qui sembla brusquement s'enfoncer dans le désert. Les habitations disparurent pour laisser place à une espèce de no man's land aride. Aussi, lorsque apparut le poste de sécurité duquel partaient d'immenses grillages sur la droite et la gauche, Lucie eut en tête des images de bases secrètes, de la Zone 51, de soucoupes volantes. On était bien au pays de Roswell.

Elle se rangea sur un parking visiteurs et, sous la guérite, demanda Josh Sanders. L'un des plantons lui appliqua un détecteur de métaux manuel, et elle dut présenter ses papiers, qui furent scrupuleusement étudiés. Elle songea à Valérie Duprès, avec sa fausse carte d'identité, qui avait réussi à tromper son monde et, par conséquent, à ne laisser aucune trace de sa véritable identité.

Sanders arriva cinq minutes plus tard dans une espèce de voiturette de golf frôlant le comique. Lucie s'attendait à voir un militaire pur jus, mais l'homme de belle taille était habillé en civil, avec des cheveux bruns plaqués vers l'arrière et une écharpe grise autour du cou. Il devait avoir une bonne quarantaine d'années. Il vint lui serrer la main et se présenta : capitaine Josh Sanders, l'un des responsables de la section archives du centre de documentation de l'Air Force Base. Lucie expliqua en détail, avec son fort accent français, la raison de sa venue : elle enquêtait sur la disparition d'une journaliste parisienne, Véronique Darcin - alias Valérie Duprès, mais elle se garda de le lui révéler, - venue à la base fin septembre, début octobre 2011. Elle sortit une photo et la lui montra.

- Je me souviens d'elle, fit-il en acquiesçant, et j'ai consulté nos registres après l'appel de vos services français. Elle est venue chaque jour, pendant plus d'une semaine, dans nos archives. Une femme assez peu bavarde, mais agréable. Et particulièrement séduisante.

Lucie resta académique.

- Quel type d'informations cherchait-elle ?

- Principalement les documents qui traitent de la pollution, et aussi de la dépollution des sites nucléaires. Je lui ai dit que nous avions de quoi faire, nous disposons de milliers de dossiers sur le sujet. Il y a une bonne dizaine d'années, des unités de nos bases se sont chargées de dépolluer de leurs déchets radioactifs les sites autour de Los Alamos ou de Hanford, dans l'État de Washington. Votre journaliste voulait connaître les méthodes et moyens mis en œuvre, les analyses menées, les solutions de stockages appliquées.

- Cela ne vous a pas dérangés qu'elle fouille dans vos documents ?

- Absolument pas. De nombreux journalistes, chercheurs ou historiens viennent ici pour consulter les traces de l'histoire militaire américaine. Il y a quelque temps, beaucoup de civils se rendaient sur notre base et en profitaient pour visiter nos installations. À l'époque, nous abritions encore le musée national de la science et de l'histoire nucléaire. Mais pour des raisons de sécurité, il a été extériorisé, et les accès à notre base sont désormais très contrôlés.

Après que Sanders lui eut accroché un badge « Visitor » sur le blouson, ils grimpèrent dans le véhicule et se mirent en route. Lucie avait l'impression d'halluciner : la base de Kirtland ressemblait à une ville dans la ville. Ils doublèrent un hôpital, des écoles, un parc de jeux, le tout aligné le long de rues interminables et d'une propreté irréprochable. Sur la droite, en avant-plan des montagnes, s'étiraient des quartiers résidentiels : de jolies maisons, des sentiers de cailloux, des palmiers devant chaque façade, le tout sur fond de ciel bleu.

- Vous êtes impressionnée, n'est-ce pas ?

- Plutôt, oui. C'est gigantesque.

- Vingt mille personnes travaillent ici, nous sommes le plus gros employeur de la ville. Nous avons six collèges et universités, deux écoles privées, plus de mille logements, des magasins, un terrain de golf, des crèches... Côté technologie, nous sommes à la pointe en matière de recherche sur les nanocomposants, mais notre grande spécialité reste l'expertise des systèmes d'armes nucléaires. Nous travaillons conjointement pour les départements de la Défense et de l'Énergie.

Lucie avait l'impression d'assister à une démonstration commerciale vantant les mérites et la performance de l'armée américaine. Tout était trop beau, trop propre. Elle pensa à une construction de Lego, un monde magique d'où les personnages figés, sourire aux lèvres, ne sortent jamais. Des familles complètes vivaient entre ces murs, des enfants y grandissaient, alors que, à quelques centaines de mètres, on jouait avec des têtes nucléaires.

Ils arrivèrent finalement devant un bâtiment au design tout en courbes, avec de hautes vitres et d'impressionnants pans de béton. De grosses lettres fixées sur la façade indiquaient Air Force Documentation and Ressource Library. Ils pénétrèrent dans la gigantesque bibliothèque, protégée par des portiques magnétiques. Lucie apprécia la beauté de l'endroit, moderne certes, mais qui dégageait force et calme à la fois. De jeunes gens, dont certains en tenue kaki, planchaient au-dessus de tables en bois sur des ouvrages techniques.

Sanders ouvrit une porte au fond, et, avec Lucie, ils descendirent une volée de marches avant d'atterrir au bord de pièces de tailles démesurées, bondées d'étagères hautes de plusieurs mètres. Il devait y avoir ici des dizaines, des centaines de milliers de documents, accessibles pour certains avec des échelles coulissantes. Deux personnes marchaient entre les allées, avec des caisses remplies de paperasse sous le bras.

- Voici notre base documentaire accessible à la communauté des chercheurs, historiens et journalistes, et librement consultable. C'est ici que votre compatriote est venue. Vous y trouverez tout ce que vous pouvez imaginer concernant l'histoire, la technique, les recherches des principaux laboratoires et départements de l'AFB, mais aussi d'autres institutions. Nous recevons plus de deux cents nouveaux documents par jour en provenance de l'extérieur. Il s'agit de dossiers pour la plupart déclassifiés, issus d'anciens laboratoires, bases ou centres de recherches fermés, ou en passe de l'être. Neuf personnes qualifiées travaillent à plein temps sur le rangement et les mises à jour.

Lucie roulait les yeux, impressionnée.

- Par « documents déclassifiés », vous entendez ?

- D'anciens documents confidentiels, secrets ou top secrets, qui n'ont plus de raison de l'être. Désormais, ils sont automatiquement déclassifiés après vingt-cinq ans, sauf si une agence gouvernementale requiert une prorogation de la durée de classification au Centre national de déclassification. Bref, tout cela est un peu compliqué.

Lucie se rappelait la phrase publiée dans "Le Figaro" : On peut lire des choses qu'on ne devrait pas, au Pays de Kirt. Elle connaissait la complexité des administrations, les scandales qui éclataient parfois avec Wikileaks ou par l'intermédiaire d'articles incendiaires, dont les sources venaient souvent d'anciens documents confidentiels, et que les personnes concernées n'avaient pas réussi à faire disparaître ou avaient simplement oubliés.

C'était peut-être sur l'un d'eux que Duprès avait mis la main.

- Et... comment je peux savoir ce que... Véronique Darcin a consulté ?

Sanders se dirigea vers un ordinateur. Lucie lorgna discrètement les caméras, dans les angles du plafond.

- Elle est assurément passée par notre puissante base de données. Je lui avais fourni un code d'accès, ce qui permet de garder les traces de toutes ses recherches informatiques. Elle a pu naviguer dans la base par mots-clés, auteurs, titres, centres d'intérêt. L'ordinateur renvoie alors à des numéros de documents, des titres et une petite description, mais pas toujours. Cela dépend des informations dont les techniciens disposent au moment du référencement. Dans tous les cas, l'ordinateur donne l'endroit exact où les trouver dans les allées. Il ne reste plus ensuite qu'à les consulter.

Il pianota sur le clavier et tendit la main.

- Je remplis une fiche vous concernant, afin que vous puissiez naviguer. Votre passeport ou votre carte d'identité, s'il vous plaît.

Lucie s'exécuta, un peu sceptique. On la fichait de tous les côtés, et elle détestait ça. Elle comprenait mieux pourquoi Duprès s'était promenée avec une fausse identité. Hormis ses transactions bancaires dans les hôtels ou aux distributeurs, elle ne laissait quasiment aucune trace. Après quelques secondes, Sanders lui laissa la place.

- Voilà, vous êtes connectée à la base sur un compte « Invité ». Son utilisation est d'une simplicité extrême, vous verrez. Le code associé à la journaliste française était AZH654B. Lancez une recherche avec ce critère, et vous saurez vers quoi se sont orientées ses recherches. Je vous laisse, du travail m'attend. Demandez-moi à l'accueil, en haut, dès que vous aurez terminé.

Lucie nota le code sur son carnet et le remercia. Une fois seule, elle se mit au travail. Elle entra l'identifiant codé de Valérie Duprès dans la case concernée, et lança la recherche. Une liste à n'en plus finir apparut.

- Bon sang...

Quatre cent quatre-vingt-trois lignes se suivaient sur plus de quinze pages, avec des titres aussi incompréhensibles que « Revelance of Nuclear Weapons Clean-up », « Experience to Dirty Bomb Response », ou encore « The Environmental Legacy of Nuclear Weapons Production ».

Lucie soupira. Comment réussirait-elle à s'y retrouver dans cette jungle ? Hors de question, évidemment, d'aller se farcir tous les documents listés. Elle se leva, nerveuse, et réfléchit. Duprès menait des recherches sur les déchets nucléaires, certes, mais quelque chose avait fait que, aujourd'hui, elle avait disparu. Quelque chose qui s'était déclenché entre ces murs.

Un document en particulier, peut-être, un dossier sur lequel elle n'aurait pas dû tomber. On peut lire des choses qu'on ne devrait pas, au Pays de Kirt.

Lucie se concentra de nouveau sur son écran et tria l'interminable liste par date et heure, de manière à retranscrire le cheminement intellectuel et temporel de la journaliste. Le rapprochement des temps de consultation, dans le haut de la liste - donc à son arrivée aux archives, - indiquait clairement que la journaliste d'investigation avait tâtonné, multipliant les pistes sans forcément consulter ou lire à fond les ouvrages correspondants. On ratisse large, on cible un peu mieux et on affine, jusqu'à tomber sur les éléments qui nous intéressent. Il était donc probable que le cœur de sa quête devait se trouver plus loin dans la liste.

Lucie fit défiler les pages. Mardi... Mercredi... Au bout de deux jours de présence entre ces murs, les choses se précisaient sérieusement pour Duprès. Les titres et les courts résumés - quand ils existaient - traitaient enfin de déchets nucléaires, de leur impact sur la santé des peuples, de la faune et de la flore qui évoluaient à proximité des anciens sites. On parlait de tritium atmosphérique, de territoires indiens irradiés, d'eau contaminée, d'études sur les populations de saumon du fleuve Columbia, des risques de leucémies, de cancers des os ou de mutations génétiques. De quoi noircir pas mal de pages d'un livre d'investigation.

Lucie se dit qu'elle était, cette fois, au cœur des préoccupations de Valérie Duprès. Face à quelques-uns de ces titres, des chiffres entre parenthèses indiquaient la date de déclassification, quand déclassification il y avait eu.

Lucie continua à parcourir la longue liste des yeux. Duprès avait trouvé, dans ces archives, la poule aux œufs d'or : des quantités de dossiers, de données qui allaient étayer ses propos, proposer de la matière à son ouvrage. Elle fit défiler les pages rapidement, jusqu'à la fin, là où, logiquement, Valérie Duprès avait déniché ce qui avait peut-être tout déclenché.

Le dernier titre lui fit serrer les poings : « NMX-9, TEX-1 and ARI-2 Evolution. Official Report from XXXX, Oct 7, 1965. » Nerveusement, elle sortit une copie du message du "Figaro" de sa poche : « Je sais pour NMX-9 et sa fameuse jambe droite, au Coin du Bois. Je sais pour TEX-1 et ARI-2. J'aime l'avoine et je sais que là où poussent les champignons, les cercueils de plomb crépitent encore. »

Elle y était. Le document avait été déclassé en 1995. Mais pourquoi cet ensemble de « X », à la place du nom du rédacteur ? Cette identité avait probablement été effacée du document d'origine, qui s'était sans doute, par la suite, égaré dans le labyrinthe administratif. Lucie voulut afficher le détail associé au rapport, mais il n'y avait aucun résumé du contenu. Juste ce titre bizarre.

Elle mémorisa l'emplacement du dossier et s'enfonça dans le centre d'archives. Allée 9, étage 2, casier 3, document numéro 34 654. Elle tira une petite échelle à elle et grimpa. Elle trouva bien les documents 34 653 et 34 655, mais pas le 34 654. Elle fit plusieurs vérifications, sans succès. Où était ce fichu document ? Duprès l'avait-elle dérobé ? Une journaliste se baladant avec une fausse carte d'identité en était bien capable.

Lucie sortit les documents adjacents du casier et les consulta rapidement. Ils n'avaient rien à voir avec le nucléaire. Les uns parlaient de véhicules militaires, les autres de radars et d'appareils de détection.

Elle ragea et retourna en courant à l'ordinateur. Impossible que sa piste s'arrête ici, c'était trop bête. Furieuse, elle revint dans le menu de la base de données et lança une recherche par titre. Elle entra NMX-9, TEX-1 and ARI-2 dans la bécane. Le logiciel renvoya logiquement à un seul document, le fameux 34 654. Un bouton permettait d'obtenir la liste des personnes qui avaient accédé à ce titre dans la base. Lucie cliqua dessus et obtint quatre enregistrements. AZG123J, le 21 décembre 2011 - c'était elle, - AZH654B, le 2 octobre 2011 - c'était Valérie Duprès - et AYH232C, le 8 mars 1998. Et surtout, AZG122W, le mardi 20 décembre 2011, à 18 h 05.

La veille au soir...

La flic sentit instantanément la tension monter en elle. Elle tenta tant bien que mal de retrouver l'identité des personnes à partir du code, mais elle n'y parvint pas. Excitée, elle retourna en quatrième vitesse dans la bibliothèque, fit appeler Josh Sanders et lui expliqua son cas. Elle insista sur le fait qu'il s'agissait d'une enquête criminelle et qu'elle devait absolument connaître les identités des consultants associés aux fameux codes.

- Hier soir, vous dites ? fit l'Américain. J'étais en déplacement. Sans doute mon collègue s'est-il occupé de cette personne.

Il se pencha vers l'écran.

- Il faut une autorisation spéciale dans la base. Laissez-moi faire.

Lucie trépignait d'impatience. Elle allait et venait, les bras croisés, les yeux rivés sur sa montre. On l'avait devancée de quelques heures.

- Le document n'est plus à sa place, dit-elle. Pensez-vous que quelqu'un a pu le dérober ?

- Nous disposons de portiques de sécurité à l'entrée de la bibliothèque. Tous nos ouvrages ou dossiers d'archives contiennent une micropuce électronique, soigneusement dissimulée. De plus - il tourna la tête vers les recoins de la pièce - nous disposons de caméras de surveillance. Ce document ne devait tout simplement pas exister. Les bugs dans la base arrivent, parfois. Des erreurs de saisie, des documents rentrés deux fois, des purges que l'on oublie de faire.

Lucie le sentait sur la défensive, il ne voulait pas s'embarrasser avec ce genre de problèmes.

- Peut-être, oui, fit-elle. Elles enregistrent, vos caméras ?

- Elles filment juste, sans sauvegarde. Un gardien surveille en permanence les écrans de contrôle.

Il tapa sur le clavier et se redressa enfin.

- Voilà, j'ai vos infos. La première personne à avoir consulté le document depuis sa déclassification s'appelle Eileen Mitgang. La consultation a eu lieu en 1998.

- C'est surtout l'autre personne qui m'intéresse. Celle d'hier soir.

Le militaire appuya sur une touche.

- Il s'appelle François Dassonville.

Un véritable choc. Lucie resta sans voix. Tout le monde cherchait Dassonville en France, et il était ici, au Nouveau-Mexique, sur les traces du fameux dossier. La flic se sentit désarçonnée quelques secondes. Sans ce document, que pouvait-elle faire ? À moins que...

- Cette Eileen Mitgang, il me faut son adresse, vite.

Sanders secoua la tête.

- Elle ne figure pas dans la base, parce qu'on s'est mis au fichage systématique des visiteurs uniquement après les attentats de 2001.

Il décrocha le téléphone.

- Je vais demander à ce qu'on jette un œil aux vieux registres d'admission concernés du poste de garde. En général, on exige toujours des visiteurs la raison de leur venue sur notre site.

L'attente était interminable. Quand il raccrocha, il avait l'air satisfait. Il se tourna vers Lucie :

- D'après les renseignements fournis, Eileen Mitgang était, en 1998, journaliste au Albuquerque Daily, qui se trouve à quelques kilomètres d'ici.

Lucie avait déjà renfilé son blouson et ses gants.

- Raccompagnez-moi vite jusqu'à la sortie, s'il vous plaît.