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étaient couverts de soie Louis XVI ou du beau velours d’Utrecht, fond crème à dessins grenat.

« Prenez-vous du café, monsieur Duroy ? »

Et Mme Forestier lui tendait une tasse pleine, avec ce sourire ami qui ne quittait point sa lèvre.

« Oui, madame, je vous remercie. »

Il reçut la tasse, et comme il se penchait plein d’angoisse pour cueillir avec la pince d’argent un morceau de sucre dans le sucrier que portait la petite fille, la jeune femme lui dit à mi-voix :

« Faites donc votre cour à Mme Walter. »

Puis elle s’éloigna avant qu’il eût pu répondre un mot.

Il but d’abord son café qu’il

craignait de laisser tomber sur le

tapis ; puis, l’esprit plus libre, il chercha un moyen de se

rapprocher de la femme de son

nouveau directeur et d’entamer

une conversation.

Tout à coup il s’aperçut qu’elle

tenait à la main sa tasse vide ; et,

comme elle se trouvait loin d’une

table, elle ne savait où la poser. Il

s’élança.

« Permettez, madame.

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– Merci, monsieur. »

Il emporta la tasse, puis il revint :

« Si vous saviez, madame, quels bons moments m’a fait passer La Vie Française quand j’étais là-bas dans le désert.

C’est vraiment le seul journal qu’on puisse lire hors de France, parce qu’il est plus littéraire, plus spirituel et moins monotone que tous les autres. On trouve de tout là-dedans. »

Elle sourit avec une indifférence aimable, et répondit gravement :

« M. Walter a eu bien du mal pour créer ce type de journal, qui répondait à un besoin nouveau. »

Et ils se mirent à causer. Il avait la parole facile et banale, du charme dans la voix, beaucoup de grâce dans le regard et une séduction irrésistible dans la moustache. Elle s’ébouriffait sur sa lèvre, crépue, frisée, jolie, d’un blond teinté de roux avec une nuance plus pâle dans les poils hérissés des bouts.

Ils parlèrent de Paris, des environs, des bords de la Seine, des villes d’eaux, des plaisirs de l’été, de toutes les choses courantes sur lesquelles on peut discourir indéfiniment sans se fatiguer l’esprit.

Puis, comme M. Norbert de Varenne s’approchait, un verre de liqueur à la main, Duroy s’éloigna par discrétion.

Mme de Marelle, qui venait de causer avec Forestier, l’appela :

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« Eh bien, monsieur, dit-elle brusquement, vous voulez donc tâter du journalisme ? »

Alors il parla de ses projets, en termes vagues, puis recommença avec elle la conversation qu’il venait d’avoir avec Mme Walter ; mais, comme il possédait mieux son sujet, il s’y montra supérieur, répétant comme de lui des choses qu’il venait d’entendre. Et sans cesse il regardait dans les yeux sa voisine, comme pour donner à ce qu’il disait un sens profond.

Elle lui raconta à son tour des anecdotes, avec un entrain facile de femme qui se sait spirituelle et qui veut toujours être drôle ; et, devenant familière, elle posait la main sur son bras, baissait la voix pour dire des riens, qui prenaient ainsi un caractère d’intimité. Il s’exaltait intérieurement à frôler cette jeune femme qui s’occupait de lui. Il aurait voulu tout de suite se dévouer pour elle, la défendre, montrer ce qu’il valait, et les retards qu’il mettait à lui répondre indiquaient la préoccupation de sa pensée.

Mais tout à coup, sans raison, Mme de Marelle appelait :

« Laurine ! » et la petite fille s’en vint.

« Assieds-toi là, mon enfant, tu aurais froid près de la fenêtre. »

Et Duroy fut pris d’une envie

folle d’embrasser la fillette,

comme si quelque chose de ce

baiser eût dû retourner à la

mère.

Il demanda d’un ton galant

et paternel :

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« Voulez-vous me permettre de vous embrasser, mademoiselle ? »

L’enfant leva les yeux sur lui d’un air surpris.