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Je veux des garçons chauds et généreux et des femmes dont les yeux brillent, et d'où cela vient-il? Puisque ni de l'intérieur ni de l'extérieur. Et moi je te réponds: Cela vient du goût du retentissement des choses les unes sur les autres, qu'il s'agisse de ta caravane de guerre ou de ta cathédrale ou de ta victoire d'un matin. Mais la victoire n'est déjeuner que d'un matin. Car ta victoire faite il n'est plus rien à faire qu'à user de ces provisions qui te tuent, et si ta joie a été vive c'est que ta communauté tu l'as sentie avec violence, car dans la tristesse de la veille tu t'étais retiré chez toi ou chez tes amis dans ton deuil et le deuil de tes fils, mais voici que tu la connais, cette victoire, alors même qu'elle se dénoue! Mais qui bâtit sa cathédrale qu'il faudra cent années pour bâtir, alors cent années il peut vivre dans la richesse du cœur. Car tu t'augmentes de ce que tu donnes et augmentes ton pouvoir même de donner. Et si tu marches le long de mon année où tu bâtis ta vie, te voilà heureux de déjà préparer la fête sans jamais te constituer des provisions. Car ce que tu donnes avant la fête pour la fête t'augmente plus que ce que la fête une seule fois te rendra. Et ainsi de tes fils qui grandissent. Et de tes navires qui prennent la mer, se trouvent menacés puis triomphent et abordent le jour naissant avec leurs équipages. Moi j'augmente la ferveur qui se nourrit de ses réussites, comme celle de celui-là qui n'est point un pillard et qui, plus il écrit, plus il forge son style. Mais je répudierai celle qui, bien que vive, se ruine dans ses réussites. Car plus je connais, plus je veux connaître, plus je suis disposé pour connaître, plus je convoite le bien d'autrui et plus je le pille et plus je m'engraisse à le dévorer. Plus je me ruine dans mon cœur.

Car de chaque conquête l'homme découvre qu'elle l'a trompé quand il use de l'objet conquis, ayant confondu la chaleur de la création avec le goût de l'usage de l'objet qui ne lui apporte plus rien. Et pourtant il est nécessaire de se soumettre un jour à cet usage, mais alors m'intéresse seul l'usage qui sert à la conquête si la conquête sert à l'usage. Chacun renforçant l'autre. Ainsi de la danse même ou du chant ou de l'exercice de la prière qui crée la ferveur, laquelle alimente ensuite la prière, ou de l'amour. Car si je change d'état, si je ne suis plus mouvement et action vers, alors me voilà comme mort. Et du sommet de ta montagne tu ne jouiras plus du paysage quand il ne sera plus victoire de tes muscles et satisfaction de ta chair.

XLII

Je leur ai dit: «N'ayez point honte de vos haines.» Car ils en avaient condamné cent mille à mort. Et ceux-là erraient dans les prisons avec leur plaque sur la poitrine qui les distinguait d'avec les autres comme un bétail. Je suis venu, me suis emparé des prisons, et cette foule je l'ai fait comparaître. Et elle ne m'a point paru différente des autres. J'ai écouté, j'ai entendu et j'ai regardé. Je les ai vus se partager leur pain comme les autres, et se presser, comme les autres, autour des enfants malades. Et les bercer et les veiller. Et je les ai vus, comme les autres, souffrir de la misère d'être seuls quand ils étaient seuls. Et, comme les autres, pleurer quand celle-là entre les murs épais commençait d'éprouver envers un autre prisonnier cette pente du cœur.

Car je me souviens de ce que mes geôliers me racontèrent. Et je priai que l'on m'amenât celui qui s'était servi de son couteau la veille, tout sanglant de son crime. Et je l'interrogeai moi-même. Et je me penchai non sur lui, déjà pris par la mort, mais sur l'impénétrable de l'homme.

Car la vie prend où elle peut prendre. Au creux humide du rocher se forme la mousse. Condamnée d'avance, certes, par le premier vent sec du désert. Mais elle cache ses graines qui ne mourront point, et qui prétendrait inutile cette apparition de verdure?

Donc j'appris de mon prisonnier que l'on s'était moqué de lui. Et il en avait souffert dans sa vanité et dans son orgueil. Sa vanité et son orgueil de condamné à mort…

Et je les ai vus dans le froid qui se pressaient les uns contre les autres. Et ils ressemblaient à toutes les brebis de la terre.

Et je fis comparaître les juges et je leur demandai: «Pourquoi sont-ils coupés d'avec le peuple, pourquoi portent-ils sur la poitrine une plaque de condamnés à mort? — C'est justice», me répondirent-ils.

Et je songeai:

«Certes, c'est justice. Car la justice selon eux c'est de détruire l'insolite. Et l'existence des nègres leur est injustice. Et l'existence de princesses s'ils sont manœuvres. Et l'existence de peintres s'ils ne comprennent point la peinture.»

Et je leur répondis:

«Je désire qu'il soit juste de les délivrer. Travaillez à comprendre. Car autrement, s'ils forment les prisons et régnent, il leur sera nécessaire à leur tour de vous enfermer et de vous détruire, et je ne crois point que l'empire y gagne.»

C'est alors que m'apparut dans son évidence la folie sanguinaire des idées, et j'adressai à Dieu cette prière:

«As-tu donc été fou de les faire croire en leur pauvre balbutiement? Qui leur enseignera non un langage, mais comment se servir d'un langage! Car de cette affreuse promiscuité des mots, dans un vent de paroles, ils ont tiré l'urgence des tortures. De mots maladroits, incohérents ou inefficaces, des engins de torture efficaces sont nés.»

Mais, dans le même temps, cela me paraissait naïf et plein du désir de naître.

XLIII

Tous ces événements qui ne sont plus vécus dans leur substance sont faux. Leur gloire est fausse. Comme est faux notre enthousiasme pour ce vainqueur.

Ces nouvelles sont fausses car rien n'en subsiste.

Car l'enseignement doit l'être d'un cadre, d'une armature. Non d'un contenu toujours faux.

Je te montrerai comme un grand paysage, lequel peu à peu sortira de la brume dans son ensemble et non de proche en proche. Car ainsi la vérité du sculpteur. Où as-tu vu le nez se dégager, puis le menton, puis l'oreille? La création est toujours image fournie d'emblée et non déduction de proche en proche. Cela est travail de la multitude qui grouille sur l'image créatrice et commente et agit et bâtit autour.

XLIV

Me vint le soir que je redescendais de ma montagne sur le versant des générations nouvelles dont je ne connaissais plus un visage, las d'avance des paroles des hommes et ne trouvant plus dans le bruit de leur charroi ni de leurs enclumes le chant de leurs cœurs — et vidé d'eux comme si je ne connaissais plus leur langue, et indifférent à un avenir qui désormais ne me concernait plus — porté en terre, me semblait-il. Comme je désespérais de moi, muré derrière ce pesant rempart d'égoïsme (Seigneur, disais-je à Dieu, Tu t'es retiré de moi, c'est pourquoi j'abandonne les hommes) et je me demandais ce qui m'avait déçu dans leur comportement.

Non point sollicité de briguer d'eux quoi que ce soit. Pourquoi charger de troupeaux nouveaux mes palmeraies? Pourquoi augmenter mon palais de tours nouvelles quand déjà je traînais ma robe de salle en salle comme un navire dans l'épaisseur des mers? Pourquoi nourrir d'autres esclaves quand déjà, sept ou huit contre chaque porte, ils se tenaient comme les piliers de ma demeure et que je les croisais le long des corridors, effacés contre les murs par mon passage et le seul bruissement de ma robe? Pourquoi capturer d'autres femmes quand déjà je les enfermais dans mon silence ayant appris à ne plus écouter afin d'entendre? Car j'avais assisté à leur sommeil, une fois baissées les paupières et leurs yeux pris dans ce velours… Je les quittais alors plein du désir de monter sur la tour la plus haute trempée dans les étoiles et recevoir de Dieu le sens de leur sommeil, car alors dorment les criailleries, les pensées médiocres, les habiletés dégradantes, et les vanités qui leur rentrent au cœur avec le jour, quand il s'agit pour elles exclusivement de l'emporter sur leur compagne et de la détrôner dans mon cœur. (Mais si j'oubliais leurs paroles, il ne restait qu'un jeu d'oiseau et la douceur des larmes…)

XLV

Le soir que je redescendais de ma montagne sur le versant où je ne connaissais plus personne, comme un homme déjà porté en terre par des anges muets, il me vint la consolation de vieillir. Et d'être un arbre lourd de ses branches, tout durci déjà de cornes et de rides, et déjà comme embaumé par le temps dans le parchemin de mes doigts, et si difficile à blesser, comme déjà devenu moi-même. Et je me disais: «Celui-là qui est ainsi vieilli, comment le tyran le pourrait-il épouvanter par l'odeur des supplices, qui est odeur de lait aigre, et, changer en lui quoi que ce soit, puisque sa vie, il la tient toute derrière lui comme le manteau défait qui ne tient plus que par un cordon? Ainsi suis-je déjà rangé dans la mémoire des hommes. Et nul reniement de ma part n'aurait plus de sens.»

Me vint aussi la consolation d'être délié de mes entraves, comme si toute cette chair racornie je l'avais échangée dans l'invisible ainsi que des ailes. Comme si je me promenais, enfin né de moi-même, en compagnie de cet archange que j'avais tellement cherché. Comme si, d'abandonner ma vieille enveloppe, je me découvrais extraordinairement jeune. Et cette jeunesse n'était point faite d'enthousiasme, ni de désir, mais d'une extraordinaire sérénité. Cette jeunesse était de celles qui abordent l'éternité, non de celles qui abordent à l'aube les tumultes de la vie. Elle était d'espace et de temps. Il me semblait devenir éternel d'avoir achevé de devenir.

J'étais aussi semblable à celui-là qui a ramassé sur son chemin une jeune fille poignardée. Il la porte dans ses bras noueux, toute défaite et abandonnée comme une charge de rosés, doucement endormie par un éclair d'acier, et presque souriante d'appuyer son front blanc sur l'épaule ailée de la mort, mais qui la conduit vers la plaine où sont les seuls qui la guériront.

«Merveilleuse endormie que je remplirai de ma vie, car je ne m'intéresse plus ni aux vanités, ni aux colères, ni aux prétentions des hommes, ni aux biens qui me peuvent échoir, ni aux maux qui me peuvent frapper, mais à cela seul en quoi je m'échange, et voici que portant ma charge vers les guérisseurs de la plaine je deviendrai lumière des yeux, mèche de cheveux sur un front pur, et si, l'ayant guérie, je lui enseigne la prière, l'âme parfaite la fera tenir toute droite comme une tige de fleur bien soutenue par ses racines…»

Je ne suis point enfermé dans mon corps qui craque comme une vieille écorce. Au cours de ma lente descente sur le versant de ma montagne, il me semble traîner, comme un vaste manteau toutes les pentes et toutes les plaines et, ça et là piquées, les lumières de mes demeures à la façon d'étoiles d'or. Je plie, lourd de mes dons, comme un arbre.

Mon peuple endormi: je vous bénis, dormez encore.

Que le soleil tarde de vous tirer hors de la nuit tendre! Que ma cité ait le droit de reposer encore avant d'essayer dans le petit jour ses élytres pour le travail. Que ceux que le mal a frappés hier, et qui usent du sursis de Dieu, attendent encore avant de reprendre en charge le deuil ou la misère ou la condamnation ou la lèpre qui vient d'éclore. Qu'ils demeurent encore dans le sein de Dieu, tous pardonnes, tous accueillis.

C'est moi qui vous prendrai en charge.

Je vous veille, mon peuple: dormez encore.

XLVI

Pesa sur mon cœur le poids du monde comme si j'en avais la charge. Dans la solitude, m'appuyant contre un arbre et croisant les bras sur ma poitrine dans le vent du soir, je reçus en otage ceux qui avaient besoin de trouver en moi leur signification, l'ayant perdue. Ainsi a perdu sa signification la simple mère dont l'enfant meurt. Elle se tient là devant le trou comme un passé désormais inutile. Elle était devenue forêt de lianes autour d'un arbre florissant qui soudain n'est plus qu'arbre mort. «Et que ferai-je, se dit-elle, de mes lianes? Et que ferai-je de mon lait quand il monte?»

Et celui-là que touche la lèpre comme un feu lent et qui se trouve tranché d'avec la communauté des hommes et qui ne sait quoi faire des élans de son cœur, lesquels furent en lui lentement exercés. Ou bien tel que tu connais et qui habite son propre cancer et qui avait commencé mille travaux qui exigeaient de lui qu'il vécût longtemps, semblable à un arbre qui eût patiemment installé tout le réseau de ses racines et se découvre soudain le centre de prolongements inutiles, comme en porte à faux sur le monde. Ou celui-là dont la grange a brûlé, ou le ciseleur qui perd sa main droite. Ou tout homme dont s'éteignent les yeux.

Pesa sur mon cœur le poids de tous ceux qui ne savent point trouver d'épaule. Refusés par les leurs ou tranchés d'avec eux. Et celui-là qui sur son grabat, nœud de souffrances, tourne et retourne un corps plus inutile désormais qu'un chariot brisé, et appelant la mort peut-être, mais refusé par la mort. Et criant: «A quoi bon, Seigneur! A quoi bon!»

Et ce sont là soldats d'une armée défaite. Mais moi je les rassemblerai et les mènerai vers leur victoire. Car il est pour toutes les armées des victoires, bien que différentes. Car voici qu'ils ne sont, parmi d'autres, qu'une démarche de la vie. La fleur qui se fane lâche sa graine, la graine qui pourrit fonde sa tige, et de toute chrysalide qui se brise sortent des ailes.

Ah! vous êtes terreau et nourriture et véhicule pour la superbe ascension de Dieu!

XLVII

«N'avez-vous point honte, leur ai-je donc dit, de vos haines, de vos divisions, de vos colères? Ne tendez pas le poing à cause du sang versé hier, car si vous sortez renouvelés de l'aventure, comme l'enfant du sein déchiré ou l'animal ailé et embelli des déchirements de sa chrysalide, qu'allez-vous saisir à cause d'hier au nom de vérités qui se sont vidées de leur substance? Car ceux qui en viennent aux mains et se déchirent, je les ai toujours comparés, instruit par l'expérience, à l'épreuve sanglante de l'amour. Et le fruit qui naîtra n'est ni de l'un ni de l'autre mais des deux. Et il domine ces deux-là. Et ils se réconcilieront en lui, jusqu'au jour où eux-mêmes, à la génération nouvelle subiront l'épreuve sanglante de l'amour.

«Ils souffrent certes des horreurs de l'enfantement. Mais l'horreur passée, vient l'heure de la fête. Et l'on se retrouve dans le nouveau-né. Et voyez-vous, lorsque la nuit vous prend et vous endort, vous êtes tous semblables les uns aux autres. Et je l'ai dit de ceux-là mêmes dans les prisons qui portent leur collier de condamnés à mort: ils ne diffèrent point des autres. Il importe simplement qu'ils se retrouvent dans leur amour. Je pardonnerai à tous d'avoir tué car je refuse de distinguer selon les artifices de langage. Celui-ci a tué par amour des siens, car on ne joue sa vie que pour l'amour. Et l'autre aussi avait tué par amour des siens. Sachez le reconnaître et renoncez à dénommer erreur le contraire de vos vérités, et vérité le contraire de l'erreur. Car l'évidence qui saisit et vous contraint de gravir votre montagne, sachez qu'elle aussi a saisi l'autre qui gravit également sa montagne. Et qu'il est gouverné par la même évidence que celle qui vous a fait lever dans la nuit. Non la même peut-être, mais aussi forte.

«Mais vous ne savez voir de cet homme que ce qui nie l'homme que vous êtes. Et lui, de même, ne sait lire en vous que ce qui le nie. Et chacun sait bien qu'il est autre chose en soi-même que négation glaciale, ou haineuse, mais découverte d'un visage si évident, simple et pur, qu'il vous fait, pour lui accepter la mort. Ainsi vous haïssez-vous l'un et l'autre d'inventer un adversaire menteur et vide. Mais moi qui vous domine, je vous dis que vous aimez le même visage quoique mal reconnu et mal découvert.

«Lavez-vous donc de votre sang: on ne bâtit rien sur l'esclavage sinon les révoltes d'esclaves. On ne tire rien de la rigueur s'il n'est point de pentes vers la conversion. Si la foi offerte ne vaut rien, et s'il est pente vers la conversion, alors à quoi bon la rigueur?

«Pourquoi, le jour venu, userez-vous donc de vos armes? Que gagnerez-vous à ces égorgements où vous ignorez qui vous tuez? Je méprise la foi rudimentaire qui ne concilie que les geôliers.»

Je te déconseille donc la polémique. Car elle ne mène à rien. Et ceux qui se trompent en refusant tes vérités au nom de leur propre évidence, dis-toi qu'ainsi, au nom de ta propre évidence, si tu polémiques contre eux, tu refuses leur vérité.

Acceptes-les. Prends-les par la main et guide-les. Disleur: «Vous avez raison, gravissons cependant la montagne» et tu établis l'ordre dans le monde et ils respirent sur l'étendue qu'ils ont conquise.

Car il ne s'agit point de dire: «Cette ville est de trente mille habitants» à quoi l'autre te répondrait: «Elle n'est que de vingt-cinq mille», car en effet tous s'accordaient sur un nombre. Et il en est donc un qui se tromperait. Mais: «Cette ville est opération d'architecte et stable. Navire qui emporte les hommes.» Et l'autre: «Cette ville est cantique des hommes dans le même travail…»

Car il s'agit de dire: «Est fertile la liberté qui permet la naissance de l'homme et les contradictions nourrissantes.» Ou: «Pourrissante est la liberté mais fertile la contrainte qui est nécessité intérieure et principe du cèdre.» Et les voilà qui versent leur sang l'un contre l'autre. Ne le regrette point car voici douleur de l'accouchement et torsion contre soi-même et appel à Dieu. Dis-leur donc à chacun: «Tu as raison.» Car ils ont raison. Mais mène-les plus haut sur leur montagne, car l'effort de gravir, qu'ils refuseraient par eux-mêmes tant il exige de la part des muscles et du cœur, voilà que leur souffrance les y oblige et leur en donne le courage. Car tu fuis en hauteur si les éperviers te menacent. Car tu cherches en hauteur le soleil si tu es arbre. Et tes ennemis collaborent avec toi car il n'est point d'ennemi dans le monde. L'ennemi te limite donc, te donne ta forme et te fonde. Et tu leur dis: «Liberté et contrainte sont deux aspects de la même nécessité qui est d'être celui-là et non un autre.» Libre d'être celui-là, non libre d'être un autre. Libre dans un langage. Mais non libre d'y mélanger un autre. Libre dans les règles de tel jeu de dés. Mais non libre de les pourrir en en rompant les règles par celles d'un autre jeu. Libre de bâtir mais non de piller et de détruire par leur usage mal dirigé la réserve même de tes biens, comme celui-là qui écrit mal et tire ses effets de ses licences, détruisant ainsi son propre pouvoir d'expression, car nul ne ressentira plus rien à le lire quand il aura détruit le sens du style chez les hommes. Ainsi de l'âne que je compare au roi et qui fait rire tant que le roi est respectable et respecté. Puis vient le jour où il s'identifie à l'âne. Et je ne prononce plus qu'une évidence.