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sourire à présent.»

XXVII.

«Durant l'absence d'Albert, le comte et la chanoinesse avaient fait

beaucoup de projets pour l'avenir de leur cher enfant, et

particulièrement celui de le marier. Avec sa belle figure, son nom

illustre et sa fortune encore considérable, Albert pouvait prétendre aux

premiers partis. Mais dans le cas où un reste d'indolence et de

sauvagerie le rendrait inhabile à se produire et à se pousser dans le

monde, on lui tenait en réserve une jeune personne aussi bien née que

lui, puisqu'elle était sa cousine germaine et qu'elle portait son nom,

moins riche que lui, mais fille unique, et assez jolie comme on l'est à

seize ans, quand on est fraîche et parée de ce qu'on appelle en France

la beauté du diable. Cette jeune personne, c'était Amélie, baronne de

Rudolstadt, votre humble servante et votre nouvelle amie.

«Celle-là, se disait-on au coin du feu, n'a encore vu aucun homme.

Élevée au couvent, elle ne manquera pas d'envie d'en sortir pour se

marier. Elle ne peut guère aspirer à un meilleur parti; et quant aux

bizarreries que pourrait encore présenter le caractère de son cousin,

d'anciennes d'habitudes d'enfance, la parenté, quelques mois d'intimité

auprès de nous, effaceront certainement toute répugnance, et

l'engageront, ne fût-ce que par esprit de famille, à tolérer en silence

ce qu'une étrangère ne supporterait peut-être pas. On était sûr de

l'assentiment de mon père, qui n'a jamais eu d'autre volonté que celle

de son aîné et de sa soeur Wenceslawa, et qui, à vrai dire, n'a jamais

eu une volonté en propre.

«Lorsque après quinze jours d'examen attentif, on eut reconnu la

constante mélancolie et la réserve absolue qui semblaient être le

caractère décidé de mon cousin, mon oncle et ma tante se dirent que le

dernier rejeton de leur race n'était destiné à lui rendre aucun éclat

par sa conduite personnelle. Il ne montrait d'inclination pour aucun

rôle brillant dans le monde, ni pour les armes, ni pour la diplomatie,

ni pour les charges civiles. A tout ce qu'on lui proposait, il répondait

d'un air de résignation qu'il obéirait aux volontés de ses parents, mais

qu'il n'avait pour lui-même aucun besoin de luxe ou de gloire. Après

tout, ce naturel indolent n'était que la répétition exagérée de celui de

son père, cet homme calme dont la patience est voisine de l'apathie, et

chez qui la modestie est une sorte d'abnégation. Ce qui donne à mon

oncle une physionomie que son fils n'a pas, c'est un sentiment

énergique, quoique dépourvu d'emphase et d'orgueil, du devoir social.

Albert semblait désormais comprendre les devoirs de la famille; mais les

devoirs publics, tels que nous les concevons, ne paraissaient pas

l'occuper plus qu'aux jours de son enfance. Son père et le mien avaient

suivi la carrière des armes sous Montecuculli contre Turenne. Ils

avaient porté dans la guerre une sorte de sentiment religieux inspiré

par la majesté impériale. C'était le devoir de leur temps d'obéir et de

croire aveuglément à des maîtres. Ce temps-ci, plus éclairé, dépouille

les souverains de l'auréole, et la jeunesse se permet de ne pas croire à

la couronne plus qu'à la tiare. Lorsque mon oncle essayait de ranimer

dans son fils l'antique ardeur chevaleresque, il voyait bien que ses

discours n'avaient aucun sens pour ce raisonneur dédaigneux.