37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 141

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amas de vieille musique, de cahiers imprimés, effacés par un long usage,

et de manuscrits en apparence indéchiffrables.

«Ah! qu'est-ce que tout cela? s'écria-t-elle en essuyant ses jolis

doigts bien vite. Vous avez là, ma chère enfant, une singulière

garde-robe!

--Ce sont des trésors, traitez-les avec respect, ma chère baronne,

répondit Consuelo. Il y a des autographes des plus grands maîtres, et

j'aimerais mieux perdre ma voix que de ne pas les remettre au Porpora

qui me les a confiés.»

Amélie ouvrit une seconde caisse, et la trouva pleine de papier réglé,

de traités sur la musique, et d'autres livres sur la composition,

l'harmonie et le contre-point.

«Ah! je comprends, dit-elle en riant, ceci est votre écrin.

--Je n'en ai pas d'autre, répondit Consuelo, et j'espère que vous

voudrez bien vous en servir souvent.

--A la bonne heure, je vois que vous êtes une maîtresse sévère. Mais

peut-on vous demander sans vous offenser, ma chère Nina, où vous avez

mis vos robes?

--Là-bas dans ce petit carton, répondit Consuelo en allant le chercher,

et en montrant à la baronne une petite robe de soie noire qui y était

soigneusement et fraîchement pliée.

--Est-ce là tout? dit Amélie.

--C'est là tout, dit Consuelo, avec ma robe de voyage. Dans quelques

jours d'ici, je me ferai une seconde robe noire, toute pareille à

l'autre, pour changer.

--Ah! ma chère enfant, vous êtes donc en deuil?

--Peut-être, signora, répondit gravement Consuelo.

--En ce cas, pardonnez-moi. J'aurais dû comprendre à vos manières que

vous aviez quelque chagrin dans le coeur, et je vous aime autant ainsi.

Nous sympathiserons encore plus vite; car moi aussi j'ai bien des sujets

de tristesse, et je pourrais déjà porter le deuil de l'époux qu'on

m'avait destiné. Ah! ma chère Nina, ne vous effarouchez pas de ma

gaieté; c'est souvent un effort pour cacher des peines profondes.»

Elles s'embrassèrent, et descendirent au salon où on les attendait.

Consuelo vit, dès le premier coup d'oeil, que sa modeste robe noire, et

son fichu blanc fermé jusqu'au menton par une épingle de jais, donnaient

d'elle à la chanoinesse une opinion très-favorable. Le vieux Christian

fut un peu moins embarrassé et tout aussi affable envers elle que la

veille. Le baron Frédérick, qui, par courtoisie, s'était abstenu d'aller

à la chasse ce jour-là, ne sut pas trouver un mot à lui dire, quoiqu'il

eût préparé mille gracieusetés pour les soins qu'elle venait rendre à sa

fille. Mais il s'assit à table à côté d'elle, et s'empressa de la

servir, avec une importunité si naïve et si minutieuse, qu'il n'eut pas

le temps de satisfaire son propre appétit. Le chapelain lui demanda dans

quel ordre le patriarche faisait la procession à Venise, et l'interrogea

sur le luxe et les ornements des églises. Il vit à ses réponses qu'elle

les avait beaucoup fréquentées; et quand il sut qu'elle avait appris à

chanter au service divin, il eut pour elle une grande considération.

Quant au comte Albert, Consuelo avait à peine osé lever les yeux sur

lui, précisément parce qu'il était le seul qui lui inspirât un vif