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retrouver son chemin, d'autant plus que le jour commençait à poindre;
mais, soit que son esprit fût préoccupé étrangement, soit que son
courage, après un effort au-dessus de son sexe, vînt à l'abandonner tout
à coup, elle se troubla au point que, parvenue à l'étage qu'elle
habitait, elle ne s'y arrêta pas, continua de monter jusqu'à l'étage
supérieur, et entra dans le corridor qui conduisait à la chambre
d'Albert, située presque au-dessus de la sienne; mais elle s'arrêta
glacée d'effroi à l'entrée de cette galerie, en voyant une ombre grêle
et noire se dessiner devant elle, glisser comme si ses pieds n'eussent
pas touché le carreau, et entrer dans cette chambre vers laquelle
Consuelo se dirigeait, pensant que c'était la sienne. Elle eut, au
milieu de sa frayeur, assez de présence d'esprit pour examiner cette
figure, et pour voir rapidement dans le vague du crépuscule qu'elle
avait la forme et l'accoutrement de Zdenko. Mais qu'allait-il faire dans
la chambre de Consuelo à une pareille heure, et de quel message était-il
chargé pour elle? Elle ne se sentit point disposée à affronter ce
tête-à-tête, et redescendit pour chercher la chanoinesse. Ce fut après
avoir descendu un étage qu'elle reconnut son corridor, la porte de sa
chambre, et s'aperçut que c'était dans celle d'Albert qu'elle venait de
voir entrer Zdenko.
Alors mille conjectures se présentèrent à son esprit redevenu calme et
attentif. Comment l'idiot pouvait-il pénétrer la nuit dans ce château si
bien fermé, si bien examiné chaque soir par la chanoinesse et les
domestiques? Cette apparition de Zdenko la confirmait dans l'idée
qu'elle avait toujours eue que le château avait une secrète issue et
peut-être une communication souterraine avec le Schreckenstein. Elle
courut frapper à la porte de la chanoinesse, qui déjà s'était barricadée
dans son austère cellule, et qui fit un grand cri en la voyant paraître
sans lumière et un peu pâle.
«Tranquillisez-vous, chère madame, lui dit la jeune fille; c'est un
nouvel événement assez bizarre, mais qui n'a rien d'effrayant: je viens
de voir Zdenko entrer dans la chambre du comte Albert.»
--Zdenko! mais vous rêvez, ma chère enfant; par où serait-il entré? J'ai
fermé toutes les portes avec le même soin qu'à l'ordinaire, et pendant
tout le temps de votre course au Schreckenstein, je n'ai pas cessé de
faire bonne garde; le pont a été levé, et quand vous l'avez passé pour
rentrer, je suis restée la dernière pour le faire relever.
--Quoi qu'il en soit, Madame, Zdenko est dans la chambre du comte
Albert. Il ne tient qu'à vous de venir vous en convaincre.
--J'y vais sur-le-champ, répondit la chanoinesse, et l'en chasser comme
il le mérite. Il faut que ce misérable y soit entré pendant le jour.
Mais quels desseins l'amènent ici? Sans doute il cherche Albert, ou il
vient l'attendre; preuve, ma pauvre enfant, qu'il ne sait pas plus que
nous où il est!
--Eh bien, allons toujours l'interroger, dit Consuelo.
--Un instant, un instant! dit la chanoinesse qui, au moment de se mettre
au lit, avait ôté deux de ses jupes, et qui se croyait trop légèrement
vêtue, n'en ayant plus que trois; je ne puis pas me présenter ainsi
devant un homme, ma chère. Allez chercher le chapelain ou mon frère le