37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 200

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clapotement sinistre de l'eau invisible dure plus longtemps encore. On

dirait les aboiements de la meute infernale. Sur une des parois de la

grotte, un sentier étroit et difficile, taillé dans le roc, côtoie le

précipice, et s'enfonce dans une nouvelle galerie ténébreuse, où le

travail de l'homme cesse entièrement, et qui se détourne des courants

d'eau et de leur chute, en remontant vers des régions plus élevées.

C'est la route que Consuelo doit prendre. Il n'y en a point d'autre:

l'eau a fermé et rempli entièrement celle qu'elle vient de suivre. Il est

impossible d'attendre dans la grotte le retour de Zdenko. L'humidité en

est mortelle, et déjà le flambeau pâlit, pétille et menace de s'éteindre

sans pouvoir se rallumer.

Consuelo n'est point paralysée par l'horreur de cette situation. Elle

pense bien qu'elle n'est plus sur la route du Schreckenstein. Ces

galeries souterraines qui s'ouvrent devant elle sont un jeu de la nature,

et conduisent à des impasses ou à un labyrinthe dont elle ne retrouvera

jamais l'issue. Elle s'y hasardera pourtant, ne fût-ce que pour trouver

un asile plus sain jusqu'à la nuit prochaine. La nuit prochaine, Zdenko

reviendra; il arrêtera le courant, la galerie sera vidée, et la captive

pourra revenir sur ses pas et revoir la lumière des étoiles.

Consuelo s'enfonça donc dans les mystères du souterrain avec un nouveau

courage, attentive cette fois à tous les accidents du sol, et s'attachant

à suivre toujours les pentes ascendantes, sans se laisser détourner par

les galeries en apparence plus spacieuses et plus directes qui s'offraient

à chaque instant. De cette manière elle était sûre de ne plus rencontrer

de courants d'eau, et de pouvoir revenir sur ses pas.

Elle marchait au milieu de mille obstacles: des pierres énormes

encombraient sa route, et déchiraient ses pieds; des chauves-souris

gigantesques, arrachées de leur morne sommeil par la clarté de la

lanterne, venaient par bataillons s'y frapper, et tourbillonner comme des

esprits de ténèbres autour de la voyageuse. Après les premières émotions

de la surprise, à chaque nouvelle terreur, elle sentait grandir son

courage. Quelquefois elle gravissait d'énormes blocs de pierre détachés

d'immenses voûtes crevassées, qui montraient d'autres blocs menaçants,

retenus à peine dans leurs fissures élargies à vingt pieds au-dessus de

sa tête; d'autres fois la voûte se resserrait et s'abaissait au point que

Consuelo était forcée de ramper dans un air rare et brûlant pour s'y

frayer un passage. Elle marchait ainsi depuis une demi-heure, lorsqu'au

détour d'un angle resserré, où son corps svelte et souple eut de la peine

à passer, elle retomba de Charybde en Scylla, en se trouvant face à face

avec Zdenko: Zdenko d'abord pétrifié de surprise et glacé de terreur,

bientôt indigné, furieux et menaçant comme elle l'avait déjà vu.

Dans ce labyrinthe, parmi ces obstacles sans nombre, à la clarté

vacillante d'un flambeau que le manque d'air étouffait à chaque instant,

la fuite était impossible. Consuelo songea à se défendre corps à corps

contre une tentative de meurtre. Les yeux égarés, la bouche écumante

de Zdenko, annonçaient assez qu'il ne s'arrêterait pas cette fois à la

menace. Il prit tout à coup une résolution étrangement féroce: il se mit

à ramasser de grosses pierres, et à les placer l'une sur l'autre, entre

lui et Consuelo, pour murer l'étroite galerie où elle se trouvait. De

cette manière, il était sûr qu'en ne vidant plus la citerne durant