37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 279

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imagination, un cauchemar qu'un instant d'explication pouvait dissiper?

Elle résolut de l'essayer; et, feignant d'être distraite et de n'avoir pas

entendu la dernière question d'Albert:

«Mon Dieu! dit-elle en s'arrêtant pour regarder un paysan qui passait à

quelque distance, j'ai cru voir Zdenko.»

Albert tressaillit, laissa tomber le bras de Consuelo qu'il tenait sous le

sien, et fit quelques pas en avant. Puis il s'arrêta, et revint vers elle

en disant:

«Quelle erreur est la vôtre, Consuelo! cet homme-ci n'a pas le moindre

trait de ... »

Il ne put se résoudre à prononcer le nom de Zdenko; sa physionomie était

bouleversée.

«Vous l'avez cru cependant vous-même un instant, dit Consuelo, qui

l'examinait avec attention.

--J'ai la vue fort basse, et j'aurais dû me rappeler que cette rencontre

était impossible.

--Impossible! Zdenko est donc bien loin d'ici?

--Assez loin pour que vous n'ayez plus rien à redouter de sa folie.

--Ne sauriez-vous me dire d'où lui était venue cette haine subite contre

moi, après les témoignages de sympathie qu'il m'avait donnés?

--Je vous l'ai dit, d'un rêve qu'il fit la veille de votre descente

dans le souterrain. Il vous vit en songe me suivre à l'autel, où vous

consentiez à me donner votre foi; et là vous vous mîtes à chanter nos

vieux hymnes bohémiens d'une voix éclatante qui fit trembler toute

l'église. Et pendant que vous chantiez, il me voyait pâlir et m'enfoncer

dans le pavé de l'église, jusqu'à ce que je me trouvasse enseveli et

couché mort dans le sépulcre de mes aïeux. Alors il vous vit jeter à la

hâte votre couronne de mariée, pousser du pied une dalle qui me couvrit

à l'instant, et danser sur cette pierre funèbre en chantant des choses

incompréhensibles dans une langue inconnue, et avec tous les signes de la

joie la plus effrénée et la plus cruelle. Plein de fureur, il se jeta sur

vous; mais vous vous étiez déjà envolée en fumée, et il s'éveilla baigné

de sueur et transporté de colère. Il m'éveilla moi-même car ses cris et

ses imprécations faisaient retentir la voûte de sa cellule. J'eus beaucoup

de peine à lui faire raconter son rêve, et j'en eus plus encore à

l'empêcher d'y voir un sens réel de ma destinée future. Je ne pouvais le

convaincre aisément; car j'étais moi-même sous l'empire d'une exaltation

d'esprit tout à fait maladive, et je n'avais jamais tenté jusqu'alors de

le dissuader lorsque je le voyais ajouter foi à ses visions et à ses

songes. Cependant j'eus lieu de croire, dans le jour qui suivit cette

nuit agitée, qu'il ne s'en souvenait pas, ou qu'il n'y attachait aucune

importance; car il n'en dit plus un mot, et lorsque je le priai d'aller

vous parler de moi, il ne fit aucune résistance ouverte. Il ne pensait

pas que vous eussiez jamais la pensée ni la possibilité de venir me

chercher où j'étais, et son délire ne se réveilla que lorsqu'il vous vit

l'entreprendre. Toutefois il ne me montra sa haine contre vous qu'au

moment où nous le rencontrâmes à notre retour par les galeries

souterraines. C'est alors qu'il me dit laconiquement en bohémien que

son intention et sa résolution étaient de me délivrer de vous (c'était

son expression), et de vous _détruire_ la première fois qu'il vous