37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 309

Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 309

dîner, et il est vrai de dire qu'il le méritait bien dans ce moment-là.

Mais il est meilleur qu'il ne nous avait paru d'abord. Il vous aime

tendrement, et vient de nous parler de vous à plusieurs reprises avec

toute sorte d'affection, même de respect. Ne soyez pas plus sévère que

nous. Je suis sûre que s'il se souvient de s'être grisé à dîner, il en est

tout chagrin, surtout à cause de vous. Parlez-lui donc, et ne battez pas

froid à celui qui vous tient de si près par le sang. Pour mon compte,

quoique mon frère le baron d'Albert, qui était fort taquin dans sa

jeunesse, m'ait fâchée bien souvent, je n'ai jamais pu rester une heure

brouillée avec lui.»

Consuelo, n'osant confirmer ni détruire l'erreur de la bonne dame, resta

comme atterrée à cette nouvelle attaque d'Anzoleto, dont elle comprenait

bien la puissance et l'habileté.

«Vous n'entendez pas ce que dit ma soeur? dit Christian au jeune homme; je

vais vous le traduire en deux mots. Elle reproche à Consuelo de faire trop

la petite maman avec vous; et je suis sûr que Consuelo meurt d'envie de

faire la paix. Embrassez-vous donc, mes enfants. Allons, vous, jeune

homme, faites le premier pas; et si vous avez eu autrefois envers elle

quelques torts dont vous vous repentiez, dites-le-lui afin qu'elle vous le

pardonne.»

Anzoleto ne se le fit pas dire deux fois; et, saisissant la main

tremblante de Consuelo, qui n'osait la lui retirer:

«Oui, dit-il, j'ai eu de grands torts envers elle, et je m'en repens si

amèrement, que tous mes efforts pour m'étourdir à ce sujet ne servent qu'à

briser mon coeur de plus en plus. Elle le sait bien; et si elle n'avait pas

une âme de fer, orgueilleuse comme la force, et impitoyable comme la

vertu, elle aurait compris que mes remords m'ont bien assez puni. Ma

soeur, pardonne-moi donc, et rends-moi ton amour; ou bien je vais partir

aussitôt, et promener mon désespoir, mon isolement et mon ennui par toute

la terre. Étranger partout, sans appui, sans conseil, sans affection, je

ne pourrai plus croire à Dieu, et mon égarement retombera sur ta tête.»

Cette homélie attendrit vivement le comte, et arracha des larmes à la

bonne chanoinesse.

«Vous l'entendez, Porporina, s'écria-t-elle; ce qu'il vous dit est

très-beau et très-vrai. Monsieur le chapelain, vous devez, au nom de la

religion, ordonner à la signora de se réconcilier avec son frère.»

Le chapelain allait s'en mêler. Anzoleto n'attendit pas le sermon, et,

saisissant Consuelo dans ses bras, malgré sa résistance et son effroi,

il l'embrassa passionnément à la barbe du chapelain et à la grande

édification de l'assistance. Consuelo, épouvantée d'une tromperie si

impudente, ne put s'y associer plus longtemps.

«Arrêtez! dit-elle, monsieur le comte, écoutez-moi!...»

Elle allait tout révéler, lorsque Albert parut. Aussitôt l'idée de

Zdenko revint glacer de crainte l'âme prête à s'épancher. L'implacable

Protecteur de Consuelo pouvait vouloir la débarrasser, sans bruit et sans

délibération, de l'ennemi contre lequel elle allait l'invoquer. Elle

pâlit, regarda Anzoleto d'un air de reproche douloureux, et la parole

expira sur ses lèvres.

A sept heures sonnantes, on se remit à table pour souper. Si l'idée de ces

fréquents repas est faite pour ôter l'appétit à mes délicates lectrices,