37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 327

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que vous dormiez, je vous regardais, et je me disais: Voilà une figure qui

n'est pas allemande; c'est une figure méridionale, italienne peut-être; et

qui plus est, c'est une figure d'artiste! Aussi vous m'avez fait bien

plaisir en me demandant de mon pain; et je vois maintenant que vous avez

l'accent étranger, quoique vous parliez l'allemand on ne peut mieux.

--Vous pourriez vous y tromper. Vous n'avez pas non plus la figure

allemande, vous avez le teint d'un Italien, et cependant....

--Oh! vous êtes bien honnête, mademoiselle. J'ai le teint d'un Africain, et

mes camarades de choeur de Saint-Etienne avaient coutume de m'appeler le

Maure. Mais pour en revenir à ce que je disais, quand je vous ai trouvée là

dormant toute seule au milieu du bois, j'ai été un peu étonné. Et puis je

me suis fait mille idées sur vous: c'est peut-être, pensais-je, ma bonne

étoile qui m'a conduit ici pour y rencontrer une bonne âme qui peut m'être

secourable. Enfin ... vous dirai-je tout?

--Dites sans rien craindre.

--Vous voyant trop bien habillée et trop blanche de visage pour une pauvre

coureuse de chemins, voyant cependant que vous aviez un paquet, je me suis

imaginé que vous deviez être quelque personne attachée à une autre personne

étrangère ... et artiste! Oh! une grande artiste, celle-là, que je cherche

à voir, et dont la protection serait mon salut et ma joie. Voyons,

mademoiselle, avouez-moi la vérité! Vous êtes de quelque château voisin,

et vous alliez ou vous veniez de faire quelque commission aux environs? Et

vous connaissez certainement, oh, oui! vous devez connaître le château des

Géants.

--Riesenburg? Vous allez à Riesenburg?

--Je cherche à y aller, du moins; car je me suis si bien égaré dans ce

maudit bois, malgré les indications qu'on m'avait données à Klatau, que je

ne sais si j'en sortirai. Heureusement vous connaissez Riesenburg, et vous

aurez la bonté de me dire si j'en suis encore bien loin.

--Mais que voulez-vous aller faire, à Riesenburg?

--Je veux aller voir la Porporina.

--En vérité!»

Et Consuelo, craignant de se trahir devant un voyageur qui pourrait parler

d'elle au château des Géants, se reprit pour demander d'un air indifférent:

«Et qu'est-ce que cette Porporina, s'il vous plaît?

--Vous ne le savez pas? Hélas! je vois bien que vous êtes tout à fait

étrangère en ce pays. Mais, puisque vous êtes musicienne et que vous

connaissez le nom de Fuchs, vous connaissez bien sans doute celui du

Porpora?

--Et vous, vous connaissez le Porpora?

--Pas encore, et c'est parce que je voudrais le connaître que je cherche à

obtenir la protection de son élève fameuse et chérie, la signora Porporina.

--Contez-moi donc comment cette idée vous est venue. Je pourrai peut-être

chercher avec vous à approcher de ce château et de cette Porporina.

--Je vais vous conter toute mon histoire. Je suis, comme je vous l'ai dit,

fils d'un brave charron, et natif d'un petit bourg aux confins de

l'Autriche et de la Hongrie. Mon père est sacristain et organiste de son

village; ma mère, qui a été cuisinière chez le seigneur de notre endroit, a

une belle voix; et mon père, pour se reposer de son travail, l'accompagnait

le soir sur la harpe. Le goût de la musique m'est venu ainsi tout