37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 369

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mains d'un air suppliant, en poursuivant les cavaliers, tandis que Joseph,

cramponné à la portière, au risque de manquer prise et de se faire écraser,

criait d'une voix haletante:

«Au secours! au secours! nous sommes poursuivis; au voleur! à l'assassin!»

Un des deux voyageurs qui occupaient la berline parvint enfin à comprendre

ces paroles entrecoupées, et fit signe à un des courriers qui arrêta les

postillons. Consuelo, lâchant alors la bride de l'autre courrier à laquelle

elle s'était suspendue, quoique le cheval se cabrât et que le cavalier la

menaçât de son fouet, vint se joindre à Joseph; et sa figure animée par la

course frappa les voyageurs, qui entrèrent en pourparler.

«Qu'est-ce que cela signifie, dit l'un des deux: est-ce une nouvelle

manière de demander l'aumône! On vous a donné, que voulez-vous encore?

ne pouvez-vous répondre?»

Consuelo était comme prête à expirer. Joseph, hors d'haleine, ne pouvait

que dire:

«Sauvez-nous, sauvez-nous! et il montrait le bois et la colline sans

réussir à retrouver la parole.

--Ils ont l'air de deux renards forcés à la chasse, dit l'autre voyageur;

attendons que la voix leur revienne.» Et les deux seigneurs, magnifiquement

équipés, les regardèrent en souriant d'un air de sang-froid qui contrastait

avec l'agitation des pauvres fugitifs.

Enfin, Joseph réussit à articuler encore les mots de voleurs et

d'assassins; aussitôt les nobles voyageurs se firent ouvrir la voiture, et,

s'avançant sur le marche-pied, regardèrent de tous côtés, étonnés de ne

rien voir qui pût motiver une pareille alerte. Les brigands s'étaient

cachés, et la campagne était déserte et silencieuse. Enfin, Consuelo,

revenant à elle, leur parla ainsi, en s'arrêtant à chaque phrase pour

respirer:

«Nous sommes deux pauvres musiciens ambulants; nous avons été enlevés par

des hommes que nous ne connaissons pas, et qui, sous prétexte de nous

rendre service, nous ont fait monter dans leur voiture et voyager toute

la nuit. Au point du jour, nous nous sommes aperçus qu'on nous trompait, et

qu'on nous menait vers le nord, au lieu de suivre la route de Vienne. Nous

avons voulu fuir; ils nous ont menacés, le pistolet à la main. Enfin, ils

se sont arrêtés dans les bois que voici, nous nous sommes échappés, et nous

avons couru vers votre voiture. Si vous nous abandonnez ici, nous sommes

perdus; ils sont à deux pas de la route, l'un dans les buissons, les autres

dans le bois.

--Combien sont-ils donc? demanda un des courriers.

--Mon ami, dit en français un des voyageurs auquel Consuelo s'était

adressée parce qu'il était plus près d'elle, sur le marchepied, apprenez

que cela ne vous regarde pas. Combien sont-ils? voilà une belle question!

Votre devoir est de vous battre si je vous l'ordonne, et je ne vous charge

point de compter les ennemis.

--Vraiment, voulez-vous vous amuser à pourfendre? reprit en français

l'autre seigneur; songez, baron, que cela prend du temps.

--Ce ne sera pas long, et cela nous dégourdira. Voulez-vous être de la

partie, comte?

--Soit! si cela vous amuse. Et le comte prit avec une majestueuse indolence

son épée dans une main, et dans l'autre deux pistolets dont la crosse était