37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 371

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derrière la voiture.

«Passez, dit le comte à Consuelo, en la faisant entrer la première, sans

se rendre compte à lui-même de ce mouvement de déférence. Il s'assit

pourtant dans le fond, et elle resta sur le devant. Penché à la portière

pendant que les postillons prenaient le grand galop, il suivait de l'oeil

son compagnon qui traversait le ruisseau à cheval, suivi de son homme

d'escorte, lequel avait pris Joseph en croupe pour passer l'eau. Consuelo

n'était pas sans inquiétude pour son pauvre camarade, exposé au premier

feu; mais elle le voyait avec estime et approbation courir avec ardeur à ce

poste périlleux. Elle le vit remonter la colline, suivi des cavaliers qui

éperonnaient vigoureusement leurs montures, puis disparaître sous le bois.

Deux coups de feu se firent entendre, puis un troisième.... La berline

tournait le monticule. Consuelo, ne pouvant rien savoir, éleva son âme

à Dieu; et le comte, agité d'une sollicitude analogue pour son noble

compagnon, cria en jurant aux postillons:

«Mais forcez donc le galop, canailles! ventre à terre!...»

LXXII.

Le _signor Pistola_, auquel nous ne pouvons donner d'autre nom que celui

dont Consuelo l'avait gratifié, car nous ne l'avons pas trouvé assez

intéressant de sa personne pour faire des recherches à cet égard, avait vu,

du lieu où il était caché, la berline s'arrêter aux cris des fugitifs.

L'autre anonyme, que nous appelons aussi, comme Consuelo, le _Silencieux_,

avait fait, du haut de la colline, la même observation et la même

réflexion; il avait couru rejoindre Mayer, et tous deux songeaient aux

moyens de se sauver. Avant que le baron eût traversé le ruisseau, Pistola

avait gagné du chemin, et s'était déjà tapi dans le bois. Il les laissa

passer, et leur tira par derrière deux coups de pistolet, dont l'un perça

le chapeau du baron, et l'autre blessa le cheval du domestique assez

légèrement. Le baron tourna bride, l'aperçut, et, courant sur lui,

l'étendit par terre d'un coup de pistolet. Puis il le laissa se rouler dans

les épines en jurant, et suivit Joseph qui arriva à la voiture de M. Mayer

presque en même temps que celle du comte. Ce dernier avait déjà sauté à

terre. Mayer et le Silencieux avaient disparu avec le cheval sans perdre le

temps à cacher la chaise. Le premier soin des vainqueurs fut de forcer la

serrure de la caisse où était renfermé le prisonnier. Consuelo aida avec

transport à couper les cordes et le bâillon de ce malheureux, qui ne se

vit pas plus tôt délivré qu'il se jeta à terre prosterné devant ses

libérateurs, et remerciant Dieu. Mais, dès qu'il eut regardé le baron,

il se crut retombé de Charybde en Scylla.

Ah! monsieur le baron de Trenk! s'écria-t-il, ne me perdez pas, ne me

livrez pas. Grâce, grâce pour un pauvre déserteur, père de famille!

Je ne suis pas plus Prussien que vous, monsieur le baron; je suis sujet

autrichien comme vous, et je vous supplie de ne pas me faire arrêter. Oh!

faites-moi grâce!

--Faites-lui grâce, monsieur le baron de Trenk! s'écria Consuelo sans

savoir à qui elle parlait, ni de quoi il s'agissait.

--Je te fais grâce, répondit le baron; mais à condition que tu vas

t'engager par les plus épouvantables serments à ne jamais dire de qui

tu tiens la vie et la liberté.»

Et en parlant ainsi, le baron, tirant un mouchoir de sa poche, s'enveloppa