37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 375

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mon joli petit tambour, et n'oubliez pas que vous parlez devant un officier

supérieur du régiment où vous deviez peut-être entrer.

--Sachant me taire, monsieur le comte, je ne révoque jamais en doute la

discrétion d'autrui.

--Vous l'entendez, baron! il vous promet le silence que vous n'aviez pas

songé à lui demander! Allons, c'est un charmant enfant.

--Et je me fie à lui de tout mon coeur, repartit le baron. Comte, vous

devriez l'enrôler, vous, et l'offrir comme page à Son Altesse.

--C'est fait, s'il y consent, dit le comte en riant. Voulez-vous accepter

cet engagement, beaucoup plus doux que celui du service prussien? Ah! mon

enfant! il ne s'agira ni de souffler dans des chaudrons, ni de battre le

rappel avant le jour, ni de recevoir la schlague et de manger du pain

de briques pilées, mais de porter la queue et l'éventail d'une dame

admirablement belle et gracieuse, d'habiter un palais de fées, de présider

aux jeux et aux ris, et de faire votre partie dans des concerts qui valent

bien ceux du grand Frédéric! Êtes-vous tenté? Ne me prenez-vous pas pour un

Mayer?

--Et quelle est donc cette altesse si gracieuse et si magnifique? demanda

Consuelo en souriant.

--C'est la margrave douairière de Bareith, princesse de Culmbach, mon

illustre épouse, répondit le comte Hoditz; c'est maintenant la châtelaine

de Roswald en Moravie.»

Consuelo avait cent fois entendu raconter à la chanoinesse Wenceslawa de

Rudolstadt la généalogie, les alliances et l'histoire anecdotique de toutes

les principautés et aristocraties grandes et petites de l'Allemagne et des

pays circonvoisins; plusieurs de ces biographies l'avaient frappée, et

entre autres celle du comte Hoditz-Roswald, seigneur morave très-riche,

chassé et abandonné par un père irrité de ses déportements, aventurier

très-répandu dans toutes les cours de l'Europe; enfin, grand-écuyer et

amant de la margrave douairière de Bareith, qu'il avait épousée en secret,

enlevée et conduite à Vienne, de là en Moravie, où, ayant hérité de son

père, il l'avait mise récemment à la tête d'une brillante fortune. La

chanoinesse était revenue souvent sur cette histoire, qu'elle trouvait fort

scandaleuse parce que la margrave était princesse suzeraine, et le comte

simple gentilhomme; et c'était pour elle un sujet de se déchaîner contre

les mésalliances et les mariages d'amour. De son côté, Consuelo, qui

cherchait à comprendre et à bien connaître les préjugés de la caste

nobiliaire, faisait son profit de ces révélations et ne les oubliait pas.

La première fois que le comte Hoditz s'était nommé devant elle, elle avait

été frappée d'une vague réminiscence, et maintenant elle avait présentes

toutes les circonstances de la vie et du mariage romanesque de cet

aventurier célèbre. Quant au baron de Trenk, qui n'était alors qu'au

début de sa mémorable disgrâce, et qui ne présageait guère son épouvantable

avenir, elle n'en avait jamais entendu parler. Elle écouta donc le comte

étaler avec un peu de vanité le tableau de sa nouvelle opulence. Raillé

et méprisé dans les petites cours orgueilleuses de l'Allemagne, Hoditz

avait longtemps rougi d'être regardé comme un pauvre diable enrichi par

sa femme. Héritier de biens immenses, il se croyait désormais réhabilité

en étalant le faste d'un roi dans son comté morave, et produisait avec

complaisance ses nouveaux titres à la considération ou à l'envie de minces