37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 417

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--Et vous y consentez, vous l'ordonnez monsieur le chanoine? s'écria

Consuelo indignée.

--Il m'est impossible de faire autrement, répondit-il d'une voix douce,

mais avec un ton dont le calme annonçait une résolution inébranlable.

Je désire qu'on ne m'en parle pas davantage. Venez donc, je vous attends

pour faire de la musique.

--Il n'est plus de musique pour nous ici, reprit Consuelo avec énergie.

Vous ne seriez pas capable de comprendre Bach, vous qui n'avez pas

d'entrailles humaines. Ah! périssent vos fleurs et vos fruits! puisse la

gelée dessécher vos jasmins et fendre vos plus beaux arbres! Cette terre

féconde, qui vous donne tout à profusion, devrait ne produire pour vous que

des ronces; car vous n'avez pas de coeur, et vous volez les dons du ciel,

que vous ne savez pas faire servir à l'hospitalité!»

En parlant ainsi, Consuelo laissa le chanoine ébahi regarder autour de lui,

comme s'il eût craint de voir la malédiction céleste invoquée par cette âme

brûlante tomber sur ses volkamerias précieux et sur ses anémones chéries.

Elle courut à la grille qui était restée fermée, et elle l'escalada pour

sortir, afin de suivre la voiture de Corilla qui se dirigeait au pas

vers le misérable cabaret, gratuitement décoré du titre d'auberge par le

chanoine.

LXXIX.

Joseph Haydn, habitué désormais à se laisser emporter par les subites

résolutions de son amie, mais doué d'un caractère plus prévoyant et plus

calme, la rejoignit après avoir été reprendre le sac de voyage, la musique

et le violon surtout, le gagne-pain, le consolateur et le joyeux compagnon

du voyage. Corilla fut déposée sur un de ces mauvais lits des auberges

allemandes, où il faut choisir, tant ils sont exigus, de faire dépasser

la tête ou les pieds. Par malheur, il n'y avait pas de femme dans cette

bicoque; la maîtresse était allée en pèlerinage à six lieues de là, et la

servante avait été conduire la vache au pâturage. Un vieillard et un enfant

gardaient la maison; et, plus effrayés que satisfaits d'héberger une si

riche voyageuse, ils laissaient mettre leurs pénates au pillage, sans

songer au dédommagement qu'ils pourraient en retirer. Le vieux était sourd,

et l'enfant se mit en campagne pour aller chercher la sage-femme du village

voisin, qui n'était pas à moins d'une lieue de distance. Les postillons

s'inquiétaient beaucoup plus de leurs chevaux, qui n'avaient rien à manger,

que de leur voyageuse; et celle-ci, abandonnée aux soins de sa femme de

chambre, qui avait perdu la tête et criait presque aussi haut qu'elle,

remplissait l'air de ses gémissements, qui ressemblaient à ceux d'une

lionne plus qu'à ceux d'une femme.

Consuelo, saisie d'effroi et de pitié, résolut de ne pas abandonner cette

malheureuse créature.

«Joseph, dit-elle à son camarade, retourne au prieuré, quand même tu

devrais y être mal reçu; il ne faut pas être orgueilleux quand on demande

pour les autres. Dis au chanoine qu'il faut envoyer ici du linge, du

bouillon, du vin vieux, des matelas, des couvertures, enfin tout ce qui

est nécessaire à une personne malade. Parle-lui avec douceur, avec force,

et promets-lui, s'il le faut, que nous irons lui faire de la musique,

pourvu qu'il envoie des secours à cette femme.»

Joseph partit, et la pauvre Consuelo assista à cette scène repoussante