37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 423

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Celui-ci avait l'habitude de se lever de bonne heure, de prendre un repas

léger et friand, de se promener dans ses jardins et dans ses serres pour

examiner ses plantes, un bréviaire à la main; et d'aller faire un second

somme en attendant le déjeuner à la fourchette.

«Notre voisine la voyageuse se porte bien, dit-il à ses jeunes hôtes dès

qu'il les vit paraître. J'ai envoyé André lui faire son déjeuner. Elle a

exprimé beaucoup de reconnaissance pour nos attentions, et, comme elle

se dispose à partir aujourd'hui pour Vienne, contre toute prudence, je

l'avoue, elle vous fait prier d'aller la voir, afin de vous récompenser

du zèle charitable que vous lui avez montré. Ainsi, mes enfants, déjeunez

vite; et rendez-vous auprès d'elle; sans doute elle vous destine quelque

joli présent.

--Nous déjeunerons aussi lentement qu'il vous plaira, monsieur le chanoine,

répondit Consuelo, et nous n'irons pas voir la malade; elle n'a plus besoin

de nous, et nous n'aurons jamais besoin de ses présents.

--Singulier enfant! dit le chanoine émerveillé. Ton désintéressement

romanesque, ta générosité enthousiaste, me gagnent le coeur à tel point,

que jamais, je le sens, je ne pourrai consentir à me séparer de toi...»

Consuelo sourit, et l'on se mit à table. Le repas fut exquis et dura bien

deux heures; mais le dessert fut autre que le chanoine ne s'y attendait.

«Monsieur le révérend, dit André en paraissant à la porte, voici la mère

Berthe, la femme du cabaret voisin, qui vous apporte une grande corbeille

de la part de l'accouchée.

--C'est l'argenterie que je lui ai prêtée, répondit le chanoine. André,

recevez-la, c'est votre affaire. Elle part donc décidément cette dame?

--Monsieur le révérend, elle est partie.

--Déjà! c'est une folle! Elle veut se tuer cette diablesse-là!

--Non, monsieur le chanoine, dit Consuelo, elle ne veut pas se tuer, et

elle ne se tuera pas.

--Eh bien, André, que faites-vous là d'un air cérémonieux? dit le chanoine

à son valet.

--Monsieur le révérend, c'est que la mère Berthe refuse de me remettre la

corbeille; elle dit qu'elle ne la remettra qu'à vous, et qu'elle a quelque

chose à vous dire.

--Allons, c'est un scrupule ou une affectation de dépositaire. Fais-la

entrer, finissons-en.»

La vieille femme fut introduite, et, après avoir fait de grandes

révérences, elle déposa sur la table une grande corbeille couverte d'un

voile. Consuelo y porta une main empressée, tandis que le chanoine tournait

la tête vers Berthe; et ayant un peu écarté le voile, elle le referma

en disant tout bas à Joseph:

«Voilà ce que j'attendais, voilà pourquoi je suis restée. Oh! oui, j'en

étais sûre: Corilla devait agir ainsi.»

Joseph, qui n'avait pas eu le temps d'apercevoir le contenu de la

corbeille, regardait sa compagne d'un air étonné.

«Eh bien, mère Berthe, dit le chanoine, vous me rapportez les objets que

j'ai prêtés à votre hôtesse? C'est bon, c'est bon. Je n'en étais pas en

peine, et je n'ai pas besoin d'y regarder pour être sûr qu'il n'y manque

rien.»

--Monsieur le révérend, répondit la vieille, ma servante a tout apporté;