37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 436

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chambre que je te cède; va faire un peu de toilette aussi pendant que je me

préparerai.»

Consuelo obéit, traversa l'antichambre, et, entrant dans le cabinet sombre

qui allait devenir son appartement, elle endossa son éternelle robe noire

et son fidèle fichu blanc, qui avaient fait le voyage sur l'épaule de

Joseph.

«Pour aller à l'ambassade, ce n'est pas un très-bel équipage, pensa-t-elle;

mais on m'a vue commencer ainsi à Venise, et cela ne m'a pas empêchée de

bien chanter et d'être écoutée avec plaisir.»

Quand elle fut prête, elle repassa dans l'antichambre, et y trouva Haydn,

qui crêpait gravement la perruque du Porpora, plantée sur un bâton. En se

regardant, ils étouffèrent de part et d'autre un grand éclat de rire.

«Eh! comment fais-tu pour arranger cette belle perruque? lui dit-elle à

voix bien basse, pour ne pas être entendue du Porpora, qui s'habillait

dans la chambre voisine.

--Bah! répondit Joseph, cela va tout seul. J'ai souvent vu travailler

Keller! Et puis, il m'a donné une leçon ce matin, et il m'en donnera

encore, afin que j'arrive à la perfection du lissé et du crêpé.

--Ah! prends courage, mon pauvre garçon, dit Consuelo en lui serrant la

main; le maître finira par se laisser désarmer. Les routes de l'art sont

encombrées d'épines mais on parvient à y cueillir de belles fleurs.

--Merci de la métaphore, chère soeur Consuelo. Sois sûre que je ne me

rebuterai pas, et pourvu qu'en passant auprès de moi sur l'escalier ou

dans la cuisine tu me dises de temps en temps un petit mot d'encouragement

et d'amitié, je supporterai tout avec plaisir.

--Et je t'aiderai à remplir tes fonctions, reprit Consuelo en souriant.

Crois-tu donc que moi aussi je n'aie pas commencé comme toi? Quand j'étais

petite, j'étais souvent la servante du Porpora. J'ai plus d'une fois fait

ses commissions, battu son chocolat et repassé ses rabats. Tiens, pour

commencer, je vais t'enseigner à brosser cet habit, car tu n'y entends

rien; tu casses les boutons et tu fanes les revers.»

Elle lui prit la brosse des mains, et lui donna l'exemple avec adresse et

dextérité. Mais, entendant le Porpora qui approchait, elle lui repassa la

brosse précipitamment, et prit un air grave pour lui dire en présence du

maître:

--«Eh bien, petit, dépêchez-vous donc!»

LXXXIII.

Ce n'était point à l'ambassade de Venise, mais chez l'ambassadeur,

c'est-à-dire dans la maison de sa maîtresse, que le Porpora conduisait

Consuelo. La Wilhelmine était une belle créature, infatuée de musique, et

dont tout le plaisir, dont toute la prétention était de rassembler chez

elle, en petit comité, les artistes et les dilettanti qu'elle pouvait y

attirer sans compromettre par trop d'apparat la dignité diplomatique de

monsignor Corner. A l'apparition de Consuelo, il y eut un moment de

surprise, de doute, puis un cri de joie et une effusion de cordialité dès

qu'on se fut assuré que c'était bien la Zingarella, la merveille de l'année

précédente à San-Samuel. Wilhelmine, qui l'avait vue tout enfant venir chez

elle, derrière le Porpora, portant ses cahiers, et le suivant comme un

petit chien, s'était beaucoup refroidie à son endroit, en lui voyant

ensuite recueillir tant d'applaudissements et d'hommages dans les salons