37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 448

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qui était fort matinal, fût déjà sorti pour ses courses. Elle trouva Haydn

occupé, comme la veille, à brosser les habits et à ranger les meubles de

son nouveau maître.

«Allons donc, belle dormeuse, s'écria-t-il en voyant enfin paraître son

amie, je me meurs d'ennui, de tristesse, et de peur surtout, quand je ne

vous vois pas, comme un ange gardien, entre ce terrible professeur et moi.

Il me semble qu'il va toujours pénétrer mes intentions, déjouer le

complot, et m'enfermer dans son vieux clavecin, pour m'y faire périr

d'une suffocation harmonique. Il me fait dresser les cheveux sur la tête,

ton Porpora; et je ne peux pas me persuader que ce ne soit pas un vieux

diable italien, le Satan de ce pays-là étant reconnu beaucoup plus méchant

et plus fin que le nôtre.

--Rassure-toi, ami, répondit Consuelo; notre maître n'est que malheureux;

il n'est pas méchant. Commençons par mettre tous nos soins à lui donner

un peu de bonheur, et nous le verrons s'adoucir et revenir à son vrai

caractère. Dans mon enfance, je l'ai vu cordial et enjoué; on le citait

pour la finesse et la gaîté de ses reparties: c'est qu'alors il avait des

succès, des amis et de l'espérance. Si tu l'avais connu à l'époque où l'on

chantait son _Polifeme_ au théâtre de San-Mose, lorsqu'il me faisait entrer

avec lui sur le théâtre, et me mettait dans la coulisse d'où je pouvais

voir le dos des comparses et la tête du géant! Comme tout cela me semblait

beau et terrible, de mon petit coin! Accroupie derrière un rocher de

carton, ou grimpée sur une échelle à quinquets, je respirais à peine; et,

malgré moi, je faisais, avec ma tête et mes petits bras, tous les gestes,

tous les mouvements que je voyais faire aux acteurs. Et quand le maître

était rappelé sur la scène et forcé, par les cris du parterre, à repasser

sept fois devant le rideau, le long de la rampe, je me figurais que c'était

un dieu: c'est qu'il était fier, il était beau d'orgueil et d'effusion de

coeur, dans ces moments-là! Hélas! il n'est pas encore bien vieux, et le

voilà si changé, si abattu! Voyons, Beppo, mettons-nous à l'oeuvre, pour

qu'en rentrant il retrouve son pauvre logis un peu plus agréable qu'il ne

l'a laissé. D'abord je vais faire l'inspection de ses nippes, afin de voir

ce qui lui manque.

--Ce qui lui manque sera un peu long à compter, et ce qu'il a, très-court

à voir, répondit Joseph; car je ne sache que ma garde-robe qui soit plus

pauvre et en plus mauvais état.

--Eh bien, je m'occuperai aussi de remonter la tienne, car je suis ton

débiteur, Joseph; tu m'as nourrie et vêtue tout le long du voyage. Songeons

d'abord au Porpora. Ouvre-moi cette armoire. Quoi! un seul habit? celui

qu'il avait hier soir chez l'ambassadeur?

--Hélas! oui! un habit marron à boutons d'acier taillés, et pas très-frais,

encore! L'autre habit, qui est mûr et délabré à faire pitié, il l'a mis

pour sortir; et quant à sa robe de chambre, je ne sais si elle a jamais

existé; mais je la cherche en vain depuis une heure.»

Consuelo et Joseph s'étant mis à fureter partout, reconnurent que la robe

de chambre du Porpora était une chimère de leur imagination, de même que

son _pardessus_ et son manchon. Compte fait des chemises, il n'y en avait

que trois en haillons; les manchettes tombaient en ruines, et ainsi du

reste.

«Joseph, dit Consuelo, voilà une belle bague qu'on m'a donnée hier soir