37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 459

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«Cet habit-là n'est pas à moi, dit-il d'un ton grondeur.

--J'ai ordonné à Beppo de le porter chez un dégraisseur, répondit Consuelo,

tu l'avais taché hier soir. On l'a repassé, et voilà pourquoi tu le trouves

plus frais.

--Je te dis qu'il n'est pas à moi, s'écria le maestro hors de lui. On me

l'a changé chez le dégraisseur. Ton Beppo est un imbécile.

--On ne l'a pas changé; j'y avais fait une marque.

--Et ces boutons-là? Penses-tu me faire avaler ces boutons-là?

--C'est moi qui ai changé la garniture et qui l'ai cousue moi-même.

L'ancienne était gâtée entièrement.

--Cela te fait plaisir à dire! elle était encore fort présentable. Voilà

une belle sottise! suis-je un Céladon pour m'attifer ainsi, et payer une

garniture de douze sequins au moins?

--Elle ne coûte pas douze florins, repartit Consuelo. je l'ai achetée de

hasard.

--C'est encore trop! murmura le maestro.»

Toutes les pièces de son habillement lui furent glissées de même, à l'aide

d'adroits mensonges qui faisaient rire Joseph et Consuelo comme deux

enfants. Quelques objets passèrent inaperçus, grâce à la préoccupation

du Porpora: les dentelles et le linge entrèrent discrètement par petites

portions dans son armoire, et lorsqu'il semblait les regarder sur lui avec

quelque attention, Consuelo s'attribuait l'honneur de les avoir reprisés

avec soin. Pour donner plus de vraisemblance au fait, elle raccommodait

sous ses yeux quelques-unes des anciennes hardes et les entremêlait avec

les autres.

«Ah ça, lui dit un jour le Porpora en lui arrachant des mains un jabot

qu'elle recousait, voilà assez de futilités! Une artiste ne doit pas être

une femme de ménage, et je ne veux pas te voir ainsi tout le jour courbée

en deux, une aiguille à la main. Serre-moi tout cela, ou je le jette au

feu! Je ne veux pas non plus te voir autour des fourneaux faisant la

cuisine, et avalant la vapeur du charbon. Veux-tu perdre la voix? veux-tu

te faire laveuse de vaisselle? veux-tu me faire damner?

--Ne vous damnez pas, répondit Consuelo; vos effets sont en bon état

maintenant, et ma voix est revenue.

--A la bonne heure! répondit le maestro; en ce cas, tu chantes demain chez

la comtesse Hoditz, margrave douairière de Bareith.»

LXXXVII.

La margrave douairière de Bareith, veuve du margrave George-Guillaume, née

princesse de Saxe-Weissenfeld, et en dernier lieu comtesse Hoditz, «avait

été belle comme un ange, à ce qu'on disait. Mais elle était si changée,

qu'il fallait étudier son visage pour trouver les débris de ses charmes.

Elle était grande et paraissait avoir eu la taille belle; elle avait tué

plusieurs de ses enfants, en se faisant avorter, pour conserver cette belle

taille; son visage était fort long, ainsi que son nez, qui la défigurait

beaucoup, ayant été gelé, ce qui lui donnait une couleur de betterave fort

désagréable; ses yeux, accoutumés à donner la loi, étaient grands, bien

fendus et bruns; mais si abattus, que leur vivacité en était beaucoup

diminuée; à défaut de sourcils naturels, elle en portait de postiches,

fort épais, et noirs comme de l'encre; sa bouche, quoique grande, était

bien façonnée et remplie d'agréments; ses dents, blanches comme de