37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 463

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qu'on lui rende justice? Que diable! nous ne vivons pas dans les bois. La

franchise n'est plus de mode, et on ne mène pas les hommes par la vérité.

Elle n'est pas mal, cette petite; j'aime assez cette figure-là. C'est tout

jeune, n'est-ce pas? On dit qu'elle a eu du succès à Venise. Il faut que

Porpora me l'amène demain.

--Il veut, dit la princesse, que vous la fassiez entendre à l'impératrice,

et j'espère que vous ne lui refuserez pas cette grâce. Je vous la demande

pour mon compte.

--Il n'y a rien de si facile que de la faire entendre à Sa Majesté, et il

suffit que Votre Altesse le désire pour que je m'empresse d'y contribuer.

Mais il y a quelqu'un de plus puissant au théâtre que l'impératrice. C'est

madame Tesi; et lors même que Sa Majesté prendrait cette fille sous sa

protection, je doute que l'engagement fût signé sans l'approbation suprême

de la Tesi.

--On dit que c'est vous qui gâtez horriblement ces dames, monsieur le

comte, et que sans votre indulgence elles n'auraient pas tant de pouvoir.

--Que voulez-vous, princesse! chacun est maître dans sa maison; Sa Majesté

comprend fort bien que si elle intervenait par décret impérial dans les

affaires de l'Opéra, l'Opéra irait tout de travers. Or, Sa Majesté veut

que l'Opéra aille bien et qu'on s'y amuse. Le moyen, si la prima donna a

un rhume le jour où elle doit débuter, ou si le ténor, au lieu de se jeter

au beau milieu d'une scène de raccommodement dans les bras de la basse,

lui applique un grand coup de poing sur l'oreille? Nous avons bien assez

à faire d'apaiser les caprices de M. Caffariello. Nous sommes heureux

depuis que madame Tesi et madame Holzbaüer font bon ménage ensemble. Si on

nous jette sur les planches une pomme de discorde, voilà nos cartes plus

embrouillées que jamais.

--Mais une troisième femme est nécessaire absolument, dit l'ambassadeur de

Venise, qui protégeait chaudement le Porpora et son élève; et en voici une

Admirable qui se présente...

--Si elle est admirable, tant pis pour elle. Elle donnera de la jalousie

à madame Tesi, qui est admirable et qui veut l'être seule; elle mettra en

fureur madame Holzbaüer, qui veut être admirable aussi...

--Et qui ne l'est pas, repartit l'ambassadeur.

--Elle est fort bien née; c'est une personne de bonne maison, répliqua

finement M. de Kaunitz.

--Elle ne chantera pas deux rôles à la fois. Il faut bien qu'elle laisse

le mezzo-soprano faire sa partie dans les opéras.

--Nous avons une Corilla qui se présente, et qui est bien la plus belle

créature de la terre.

--Votre Excellence l'a déjà vue?

--Dès le premier jour de son arrivée. Mais je ne l'ai pas entendue. Elle

était malade.

--Vous allez entendre celle-ci, et vous n'hésiterez pas à lui donner la

préférence.

--C'est possible. Je vous avoue même que sa figure, moins belle que celle

de l'autre, me paraît plus agréable. Elle a l'air doux et décent: mais ma

préférence ne lui servira de rien, la pauvre enfant! Il faut qu'elle plaise

à madame Tesi, sans déplaire à madame Holzbaüer; et jusqu'ici, malgré la

tendre amitié qui unit ces deux dames, tout ce qui a été approuvé par l'une