37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 475

Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 475

de la vérité.

--Et vous me rendez justice, dit le chanoine d'un ton un peu sévère, mais

profondément triste; je ne sais point transiger avec la bonne foi, et si

j'avais deviné votre sexe, je n'aurais jamais songé à insister comme je

l'ai fait, pour vous engager à rester chez moi. Il a bien couru dans le

village voisin, et même parmi mes gens, un bruit vague, un soupçon qui me

faisait sourire, tant j'étais obstiné à me méprendre sur votre compte.

On a dit qu'un des deux petits musiciens qui avaient chanté la messe le

jour de la fête patronale, était une femme déguisée. Et puis, on a prétendu

que ce propos était une méchanceté du cordonnier Gottlieb, pour effrayer et

affliger le curé. Enfin, moi-même, j'ai démenti ce bruit avec assurance.

Vous voyez que j'étais votre dupe bien complètement, et qu'on ne saurait

l'être davantage.

--Il y a eu une grande méprise, répondit Consuelo avec l'assurance de

la dignité; mais il n'y a point eu de dupe, monsieur le chanoine. Je ne

crois pas m'être éloignée un seul instant du respect qui vous est dû, et

des convenances que la loyauté impose. J'étais la nuit sans gîte sur le

chemin, écrasée de soif et de fatigue, après une longue route à pied.

Vous n'eussiez pas refusé l'hospitalité à une mendiante. Vous me l'avez

accordée au nom de la musique, et j'ai payé mon écot en musique. Si je

ne suis pas partie malgré vous dès le lendemain, c'est grâce à des

circonstances imprévues qui me dictaient un devoir au-dessus de tous les

autres. Mon ennemie, ma rivale, ma persécutrice tombait des nues à votre

porte, et, privée de soins et de secours, avait droit à mes secours et à

mes soins. Votre révérence se rappelle bien le reste; elle sait bien que

si j'ai profité de sa bienveillance, ce n'est pas pour mon compte. Elle

sait bien aussi que je me suis éloignée aussitôt que mon devoir a été

accompli; et si je reviens aujourd'hui la remercier en personne des bontés

dont elle m'a comblée, c'est que la loyauté me faisait un devoir de la

détromper moi-même et de lui donner les explications nécessaires à notre

mutuelle dignité.

--Il y a dans tout ceci, dit le chanoine à demi vaincu, quelque chose de

mystérieux et de bien extraordinaire. Vous dites que la malheureuse dont

j'ai adopté l'enfant était votre ennemie, votre rivale... Qui êtes-vous

donc vous-même, Bertoni?... Pardonnez-moi si ce nom revient toujours sur

mes lèvres, et dites-moi comment je dois vous appeler désormais.

--Je m'appelle la Porporina, répondit Consuelo; je suis l'élève du Porpora,

je suis cantatrice. J'appartiens au théâtre.

--Ah! fort bien! dit le chanoine avec un profond soupir. J'aurais dû le

deviner à la manière dont vous avez joué votre rôle, et, quant à votre

talent prodigieux pour la musique, je ne dois plus m'en étonner; vous

avez été à bonne école. Puis-je vous demander si monsieur Beppo est votre

frère... ou votre mari?

--Ni l'un ni l'autre. Il est mon frère par le coeur, rien que mon frère,

monsieur le Chanoine; et si mon âme ne s'était pas sentie aussi chaste

que la vôtre, je n'aurais pas souillé de ma présence la sainteté de votre

demeure.»

Consuelo avait, pour dire la vérité, un accent irrésistible, et dont le

chanoine subit la puissance, comme les âmes pures et droites subissent

toujours celle de la sincérité. Il se sentit comme soulagé d'un poids