37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 477

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--Et elle vous fait concurrence cependant! s'écria Joseph; et on dit

qu'elle l'emportera, par ses intrigues; qu'elle vous diffame déjà dans la

ville; qu'elle vous a présentée comme la maîtresse du comte Zustiniani. On

a parlé de cela à l'ambassade, Keller me la dit... On en était indigné;

mais on craignait qu'elle ne persuadât M. de Kaunitz, qui écoute volontiers

ces sortes d'histoires, et qui ne tarit pas en éloges sur la beauté de

Corilla...

--Elle a dit de pareilles choses!» dit Consuelo en rougissant

d'indignation; puis elle ajouta avec calme: «Cela devait être, j'aurais dû

m'y attendre.

--Mais il n'y a qu'un mot à dire pour déjouer toutes ses calomnies, reprit

Joseph; et ce mot je le dirai, moi! Je dirai que...

--Tu ne diras rien, Beppo, ce serait une lâcheté et une barbarie. Vous ne

le direz pas non plus, monsieur le chanoine, et si j'avais envie de le

dire, vous m'en empêcheriez, n'est-il pas vrai?

--Ame vraiment évangélique! s'écria le chanoine. Mais songez que ce secret

n'en peut pas être un bien longtemps. Il suffit de quelques valets et de

quelques paysans qui ont constaté et qui peuvent ébruiter le fait, pour

qu'on sache avant quinze jours que la chaste Corilla est accouchée ici

d'un enfant sans père, qu'elle a abandonné par-dessus le marché.

--Avant quinze jours, la Corilla ou moi sera engagée. Je ne voudrais pas

l'emporter sur elle par un acte de vengeance. Jusque-là, Beppo, silence,

ou je te retire mon estime et mon amitié. Et maintenant, adieu, monsieur

le chanoine. Dites-moi que vous me pardonnez, tendez-moi encore une main

paternelle, et je me retire, avant que vos gens aient vu ma figure sous

cet habit.

--Mes gens diront ce qu'ils voudront, et mon bénéfice ira au diable, si

le ciel veut qu'il en soit ainsi! Je viens de recueillir un héritage qui

me donne le courage de braver les foudres de l'_ordinaire_. Ainsi, mes

enfants, ne me prenez pas pour un saint; je suis las d'obéir et de me

contraindre; je veux vivre honnêtement et sans terreurs imbéciles. Depuis

que je n'ai plus le spectre de Brigide à mes côtés, et depuis surtout que

je me vois à la tête d'une fortune indépendante, je me sens brave comme un

lion. Or donc, venez déjeuner avec moi; nous baptiserons Angèle après, et

puis nous ferons de la musique jusqu'au dîner.»

Il les entraîna au prieuré.

«Allons, André, Joseph! cria-t-il à ses valets en entrant; venez voir le

signor Bertoni métamorphosé en dame. Vous ne vous seriez pas attendus à

cela? ni moi non plus! Eh bien, dépêchez-vous de partager ma surprise,

et mettez-nous vite le couvert.»

Le repas fut exquis, et nos jeunes gens virent que si de graves

modifications s'étaient faites dans l'esprit du chanoine, ce n'était pas

sur l'habitude de la bonne chère qu'elles avaient opéré. On porta ensuite

l'enfant dans la chapelle du prieuré. Le chanoine quitta sa douillette,

endossa une soutane et un surplis, et fit la cérémonie. Consuelo et Joseph

firent l'office de parrain et de marraine, et le nom d'Angèle fut confirmé

à la petite fille. Le reste de l'après-midi fut consacré à la musique, et

les adieux vinrent ensuite. Le chanoine se lamenta de ne pouvoir retenir

ses amis à dîner; mais il céda à leurs raisons, et se consola à l'idée de

les revoir à Vienne, où il devait bientôt se rendre pour passer une partie