37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 482

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et quand il en fut à la scène des adieux, quand il eut dit, dans les termes

les plus choisis et les plus tendres, de quelle manière sa chère Marianna,

le coeur déchiré et la poitrine gonflée de sanglots, l'avait exhorté à

l'abandonner pour ne songer qu'à lui-même, il s'écria:

«Oh! que si elle eût deviné l'avenir qui m'attendait loin d'elle, que si

elle eût prévu les douleurs, les combats, les terreurs, les angoisses, les

revers et jusqu'à l'affreuse maladie qui devaient être mon partage ici,

elle se fût bien épargné ainsi qu'à moi une si affreuse immolation! Hélas!

j'étais loin de croire que nous nous faisions d'éternels adieux, et que

nous ne devions jamais nous rencontrer sur la terre!

--Comment! vous ne vous êtes point revus? dit Consuelo dont les yeux

étaient baignés de larmes, car la parole du Métastase avait un charme

extraordinaire: elle n'est point venue à Vienne?

--Elle n'y est jamais venue! répondit l'abbé d'un air accablé.

--Après tant de dévouement, elle n'a pas eu le courage de venir ici vous

retrouver? reprit Consuelo, à qui le Porpora faisait en vain des yeux

terribles.»

Le Métastase ne répondit rien: il paraissait absorbé dans ses pensées.

«Mais elle pourrait y venir encore? poursuivit Consuelo avec candeur, et

elle y viendra certainement. Cet heureux événement vous rendra la santé.»

L'abbé pâlit et fit un geste de terreur. Le maestro toussa de toute sa

force, et Consuelo, se rappelant tout à coup que la Romanina était morte

depuis plus de dix ans, s'aperçut de l'énorme maladresse qu'elle commettait

en rappelant l'idée de la mort à cet ami, qui n'aspirait, selon lui, qu'à

rejoindre sa bien-aimée dans la tombe. Elle se mordit les lèvres, et se

retira bientôt avec son maître, lequel n'emportait de cette visite que de

vagues promesses et force civilités, comme à l'ordinaire.

«Qu'as-tu fait, tête de linotte? dit-il à Consuelo dès qu'ils furent

dehors.

--Une grande sottise, je le vois bien. J'ai oublié que la Romanina ne

vivait plus; mais croyez-vous bien, maître, que cet homme si aimant et

si désolé soit attaché à la vie autant qu'il vous plaît de le dire?

Je m'imagine, au contraire, que le regret d'avoir perdu son amie est la

seule cause de son mal, et que si quelque terreur superstitieuse lui fait

redouter l'heure suprême, il n'en est pas moins horriblement et sincèrement

las de vivre.

--Enfant! dit le Porpora, on n'est jamais las de vivre quand on est riche,

honoré, adulé et bien portant; et quand on n'a jamais eu d'autres soucis

et d'autres passions que celle-là, on ment et on joue la comédie quand on

maudit l'existence.

--Ne dites pas qu'il n'a jamais eu d'autres passions. Il aimé la Marianna,

et je m'explique pourquoi il a donné ce nom chéri à sa filleule et à sa

nièce Marianna Martiez...»

Consuelo avait failli dire l'élève de Joseph; mais elle s'arrêta

brusquement.

«Achève, dit le Porpora, sa filleule, sa nièce ou sa fille.

--On le dit; mais que m'importe?

--Cela prouverait, du moins, que le cher abbé s'est consolé assez vite

de l'absence de sa bien-aimée; mais lorsque tu lui demandais (que Dieu

confonde ta stupidité!) pourquoi sa chère Marianna n'était pas venue le