37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 5

Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 5

ferait une maladie s'il n'arrivait à la quarantième.

--Belle merveille que cette Consuelo fasse des progrès! dit la Zulietta.

Elle est si pauvre! elle ne songe qu'à se dépêcher d'apprendre quelque

chose pour aller gagner son pain.

--On m'a dit que sa mère était une Bohémienne, ajouta la Michelina, et

que la petite a chanté dans les rues et sur les chemins avant de venir

ici. On ne saurait nier qu'elle a une belle voix; mais elle n'a pas

l'ombre d'intelligence, cette pauvre enfant! Elle apprend par coeur,

elle suit servilement les indications du professeur, et puis ses bons

poumons font le reste.

--Qu'elle ait les meilleurs poumons et la plus grande intelligence

par-dessus le marché, dit la belle Clorinda, je ne voudrais pas lui

disputer ces avantages s'il me fallait échanger ma figure contre la

sienne.

--Vous n'y perdriez déjà pas tant! reprit Costanza, qui ne mettait pas

beaucoup d'entraînement à reconnaître la beauté de Clorinda.

--Elle n'est pas belle non plus, dit une autre. Elle est jaune comme un

cierge pascal, et ses grands yeux disent rien du tout; et puis toujours

si mal habillée. Décidément c'est une laideron.

--Pauvre fille! c'est bien malheureux pour elle, tout cela: point

d'argent, et point de beauté!»

C'est ainsi qu'elles terminèrent le panégyrique de Consuelo, et qu'elles

se consolèrent en la plaignant, de l'avoir admirée tandis qu'elle

chantait.

II.

Ceci se passait à Venise il y a environ une centaine d'années, dans

l'église des _Mendicanti_, où le célèbre maestro Porpora venait

d'essayer la répétition de ses grandes vêpres en musique, qu'il devait y

diriger le dimanche suivant, jour de l'Assomption. Les jeunes choristes

qu'il avait si vertement gourmandées étaient des enfants de ces

_scuole_, où elles étaient instruites aux frais de l'État, pour être par

lui dotées ensuite, _soit pour le mariage, soit pour le cloître_, dit

Jean-Jacques Rousseau, qui admira leurs voix magnifiques vers la même

époque, dans cette même église. Lecteur, tu ne te rappelles que trop ces

détails, et un épisode charmant raconté par lui à ce propos dans le

livre VIII des _Confessions_. Je n'aurai garde de transcrire ici ces

adorables pages, après lesquelles tu ne pourrais certainement pas te

résoudre à reprendre les miennes; et bien autant ferais-je à ta place,

ami lecteur. J'espère donc que tu n'as pas en ce moment les

_Confessions_ sous la main, et je poursuis mon conte.

Toutes ces jeunes personnes n'étaient pas également pauvres, et il est

bien certain que, malgré la grande intégrité de l'administration,

quelques-unes se glissaient là, pour lesquelles c'était plutôt une

spéculation qu'une nécessité de recevoir, aux frais de la République,

une éducation d'artiste et des moyens d'établissement. C'est pourquoi

quelques-unes se permettaient d'oublier les saintes lois de l'égalité;

grâce auxquelles on les avait laissées s'asseoir furtivement sur les

mêmes bancs que leurs pauvres soeurs. Toutes aussi ne remplissaient pas

les vues austères que la République avait sur leur sort futur. Il s'en

détachait bien quelqu'une de temps en temps, qui, ayant profité de