37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 509

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d'un air à faire reculer cette dernière. C'est Joseph Haydn qui vous le

certifie, car il était présent quand vous l'avez mis au monde.»

La figure de Joseph, que Corilla n'avait pas revue depuis ce jour

malencontreux, lui remit aussitôt en mémoire toutes les circonstances

qu'elle cherchait vainement à se rappeler, et le Zingaro Bertoni lui

apparut enfin sous les véritables traits de la Zingarella Consuelo. Un cri

de surprise lui échappa, et pendant un instant la honte et le dépit se

disputèrent dans son sein. Mais, bientôt le cynisme lui revint au coeur et

l'outrage à la bouche.

«En vérité, mes enfants, s'écria-t-elle d'un air atrocement bénin, je ne

vous remettais pas. Vous étiez bien gentils tous les deux, quand je vous

rencontrai courant les aventures, et la Consuelo était vraiment un joli

garçon sous son déguisement. C'est donc dans cette sainte maison qu'elle

a passé dévotement son temps, entre le gros chanoine et le petit Joseph

depuis un an qu'elle s'est sauvée de Venise? Allons, Zingarella, ne

t'inquiète pas, mon enfant. Nous avons le secret l'une de l'autre, et

l'impératrice, qui veut tout savoir, ne saura rien d'aucune de nous.

--A supposer que j'eusse un secret, répondit froidement Consuelo, il n'est

entre vos mains que d'aujourd'hui; et j'étais en possession du vôtre le

jour où j'ai parlé pendant une heure avec l'impératrice, trois jours avant

la signature de votre engagement, Corilla!

--Et tu lui as dit du mal de moi? s'écria Corilla en devenant rouge de

colère.

--Si je lui avais dit ce que je sais de vous, vous ne seriez point engagée.

Si vous l'êtes, c'est qu'apparemment je n'ai point voulu profiter de

l'occasion.

--Et pourquoi ne l'as-tu pas fait? Il faut que tu sois bien bête!» reprit

Corilla avec une candeur de perversité admirable à voir.

Consuelo et Joseph ne purent s'empêcher de sourire en se regardant; le

sourire de Joseph était plein de mépris pour la Corilla; celui de Consuelo

était angélique et s'élevait vers le ciel.

«Oui, Madame, répondit-elle avec une douceur accablante, je suis telle que

vous dites, et je m'en trouve fort bien.

--Pas trop bien, ma pauvre fille, puisque je suis engagée et que tu ne

l'as pas été! reprit la Corilla ébranlée et un peu soucieuse; on me l'avait

dit, à Venise, que tu manquais d'esprit, et que tu ne saurais jamais faire

tes affaires. C'est la seule chose vraie qu'Anzoleto m'ait dite de toi.

Mais, qu'y faire? ce n'est pas ma faute si tu es ainsi... A ta place

j'aurais dit ce que je savais de la Corilla; je me serais donnée pour

une vierge, pour une sainte. L'impératrice l'aurait cru: elle n'est pas

difficile à persuader... et j'aurais supplanté toutes mes rivales. Mais tu

ne l'as pas fait!... c'est étrange, et je te plains de savoir si peu mener

ta barque.»

Pour le coup, le mépris l'emporta sur l'indignation; Consuelo et Joseph

éclatèrent de rire, et la Corilla, qui, en sentant ce qu'elle appelait dans

son esprit l'impuissance de sa rivale, perdait cette amertume agressive

dont elle s'était armée d'abord, se mit à l'aise, tira une chaise auprès

du feu, et s'apprêta à continuer tranquillement la conversation, afin de

mieux sonder le fort et le faible de ses adversaires. En cet instant elle

se trouva face à face, avec le chanoine, qu'elle n'avait pas encore aperçu,