37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 511

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un jour. Nous nous sommes dit que la bonté divine donne à toute créature le

pouvoir de connaître et de pratiquer le bien, et nous nous sommes promis de

lui enseigner le bien, et de le lui rendre aimable et facile. Avec vous,

il en serait tout autrement. Veuillez donc, dès aujourd'hui, ne plus

considérer cet enfant comme le vôtre. Vous l'avez abandonné, vous l'avez

cédé, donné; il ne vous appartient plus. Vous avez remis une somme d'argent

pour nous payer son éducation...»

Il fit un signe à la jardinière, qui prévenue par lui depuis quelques

instants avait tiré de l'armoire un sac lié et cacheté; celui que Corilla

avait envoyé au chanoine avec sa fille, et qui n'avait pas été ouvert.

Il le prit et le jeta aux pieds de la Corilla, en ajoutant:

«Nous n'en avons que faire et nous n'en voulons pas. Maintenant, je vous

prie de sortir de chez moi et de n'y jamais remettre les pieds, sous

quelque prétexte que ce soit. A ces conditions, et à celle que vous ne vous

permettrez jamais d'ouvrir la bouche sur les circonstances qui nous ont

forcé d'être en rapport avec vous, nous vous promettons le silence le plus

absolu sur tout ce qui vous concerne. Mais si vous agissez autrement, je

vous avertis que j'ai plus de moyens que vous ne pensez de faire entendre

la vérité à Sa Majesté Impériale, et que vous pourriez bien voir changer

vos couronnes de théâtre et les trépignements de vos admirateurs en un

séjour de quelques années dans un couvent de filles repenties.»

Ayant ainsi parlé, le chanoine se leva, fit signe à la nourrice de prendre

l'enfant dans ses bras, et à Consuelo de se retirer, avec Joseph, au

fond de l'appartement; puis il montra du doigt la porte à Corilla qui,

terrifiée, pâle et tremblante, sortit convulsivement et comme égarée, sans

savoir où elle allait, et sans comprendre ce qui se passait autour d'elle.

Le chanoine avait eu, durant cette sorte d'imprécation, une indignation

d'honnête homme qui, peu à peu, l'avait rendu étrangement puissant.

Consuelo et Joseph ne l'avaient jamais vu ainsi. L'habitude d'autorité qui

ne s'efface jamais chez le prêtre, et aussi l'attitude du commandement

royal qui passe un peu dans le sang, et qui trahissait en cet instant le

bâtard d'Auguste II, revêtaient le chanoine, peut-être à son insu, d'une

sorte de majesté irrésistible. La Corilla, à qui jamais aucun homme n'avait

parlé ainsi dans le calme austère de la vérité, ressentit plus d'effroi et

de terreur que jamais ses amants furieux ne lui en avaient inspiré dans

les outrages de la vengeance et du mépris. Italienne et superstitieuse,

elle eut véritablement peur de cet ecclésiastique et de son anathème, et

s'enfuit éperdue à travers les jardins, tandis que le chanoine, épuisé de

cet effort si contraire à ses habitudes de bienveillance et d'enjouement,

retomba sur sa chaise, pâle et presque en défaillance.

Tout en s'empressant pour le secourir, Consuelo suivait involontairement

de l'oeil la démarche agitée et vacillante de la pauvre Corilla. Elle la

vit trébucher au bout de l'allée et tomber sur l'herbe, soit qu'elle eût

fait un faux pas dans son trouble, soit qu'elle n'eût plus la force de se

soutenir. Emportée par son bon coeur, et trouvant la leçon plus cruelle

qu'elle n'eût eu la force de la donner, elle laissa le chanoine aux soins

de Joseph, et courut rejoindre sa rivale qui était en proie à une violente

attaque de nerfs. Ne pouvant la calmer et n'osant la ramener au prieuré,

elle l'empêcha de se rouler par terre et de se déchirer les mains sur

le sable. Corilla fut comme folle pendant quelques instants; mais quand