37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 513

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tous ceux que tu as voulu affronter dans ta vie; mais il est trop tard

pour t'en repentir. Il fallait faire tes réflexions un peu plus tôt. Tu as

trop présumé de tes moyens. Tu feras _fiasco_; peu nous importe, à nous

autres. Je chanterai de manière à ce qu'on oublie que le rôle de Bérénice

existe. La Porporina aussi, dans son petit rôle d'Ismène, dédommagera le

public, et tout le monde sera content, excepté toi. Ce sera une leçon dont

tu profiteras, ou dont tu ne profiteras pas, une autre fois.

--Vous vous trompez beaucoup sur mes motifs de refus, répondit la Corilla

avec assurance. Si je n'étais malade, je chanterais peut-être le rôle aussi

bien qu'_une autre_; mais comme je ne peux pas le chanter, il y a quelqu'un

ici qui le chantera mieux qu'on ne l'a encore chanté à Vienne, et cela pas

plus tard que demain. Ainsi la représentation ne sera pas retardée, et je

reprendrai avec plaisir mon rôle d'Ismène, qui ne me fatigue point.

--Vous comptez donc, dit Holzbaüer surpris, que madame Tesi se trouvera

assez rétablie demain pour chanter le sien?

--Je sais fort bien que madame Tesi ne pourra chanter de longtemps, dit la

Corilla à haute voix, de manière à ce que, du trône où elle se prélassait,

elle pût être entendue de la Tesi, étalée sur son sofa à dix pas d'elle,

voyez comme elle est changée! sa figure est effrayante. Mais je vous ai

dit que vous aviez une Bérénice parfaite, incomparable, supérieure à nous

toutes, et la voici, ajouta-t-elle en se levant et en prenant Consuelo par

la main pour l'attirer au milieu du groupe inquiet et agité qui s'était

formé autour d'elle.

--Moi? s'écria Consuelo qui croyait faire un rêve.

--Toi! s'écria Corilla en la poussant sur le trône avec un mouvement

convulsif. Te voilà reine, Porporina, te voilà au premier rang; c'est moi

qui t'y place, je te devais cela. Ne l'oublie pas!»

Dans sa détresse, Holzbaüer, à la veille de manquer à son devoir et d'être

forcé peut-être de donner sa démission, ne put repousser ce secours

inattendu. Il avait bien vu, d'après la manière dont Consuelo avait fait

l'Ismène, qu'elle pouvait faire la Bérénice d'une manière supérieure.

Malgré, l'éloignement qu'il avait pour elle et pour le Porpora, il ne lui

fut permis d'avoir en cet instant qu'une seule crainte: c'est qu'elle ne

voulût point accepter le rôle.

Elle s'en défendit, en effet, très-sérieusement; et, pressant les mains de

la Corilla avec cordialité, elle la supplia, à voix basse, de ne pas lui

faire un sacrifice qui l'enorgueillissait si peu, tandis que, dans les

idées de sa rivale, c'était la plus terrible des expiations, et la

soumission la plus épouvantable qu'elle pût s'imposer. Corilla demeura

inébranlable dans cette résolution. Madame Tesi, effrayée de cette

concurrence sérieuse qui la menaçait, eut bien envie d'essayer sa voix et

de reprendre son rôle, dût-elle expirer après, car elle était sérieusement

indisposée; mais elle ne l'osa pas. Il n'était pas permis, au théâtre de la

cour, d'avoir les caprices auxquels le souverain débonnaire de nos jours,

le bon public, sait se ranger si patiemment. La cour s'attendait à voir

quelque chose de nouveau dans ce rôle de Bérénice: on le lui avait annoncé,

et l'impératrice y comptait.

«Allons, décide-toi, dit Caffariello à la Porporina. Voici le premier trait

d'esprit que la Corilla ait eu dans sa vie: profitons-en.

--Mais je ne sais point le rôle; je ne l'ai pas étudié, disait Consuelo;