37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 532

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En achevant sa toilette à la hâte, dans la crainte d'une surprise, elle

entendit le dialogue suivant en italien:

«Que venez-vous faire ici? Je vous ai défendu d'entrer dans ma loge.

L'impératrice nous a interdit, sous les peines les plus sévères, d'y

recevoir d'autres hommes que nos camarades, et encore faut-il qu'il y

ait nécessité urgente pour les affaires du théâtre. Voyez à quoi vous

m'exposez! Je ne conçois pas qu'on fasse si mal la police des loges.

--Il n'y a pas de police pour les gens qui paient bien, ma toute belle.

Il n'y a que les pleutres qui rencontrent la résistance ou la délation sur

leur chemin. Allons, recevez-moi un peu mieux, ou, par le corps du diable,

je ne reviendrai plus.

--C'est le plus grand plaisir que vous puissiez me faire. Partez donc!

Eh bien, vous ne partez pas?

--Tu as l'air de le désirer de si bonne foi, que je reste pour te faire

enrager.

--Je vous avertis que je vais mander ici le régisseur, afin qu'il me

débarrasse de vous.

--Qu'il vienne s'il est las de vivre! j'y consens.

--Mais êtes-vous insensé? Je vous dis que vous me compromettez, que vous

me faites manquer au règlement récemment introduit par ordre de Sa Majesté,

que vous, m'exposez à une forte amende, à un renvoi peut-être.

--L'amende, je me charge de la payer à ton directeur en coups de canne.

Quant à ton renvoi, je ne demande pas mieux; je t'emmène dans mes terres,

où nous mènerons joyeuse vie.

--Moi, suivre un brutal tel que vous? jamais! Allons, sortons ensemble

d'ici, puisque vous vous obstinez à ne pas m'y laisser seule.

--Seule? seule, ma charmante? C'est ce dont je m'assurerai avant de vous

quitter. Voilà un paravent qui tient bien de la place dans cette petite

chambre. Il me semble que si je le repoussais contre la muraille d'un bon

coup de pied, je vous rendrais service.

--Arrêtez! Monsieur, arrêtez! c'est une dame qui s'habille là. Voulez-vous

tuer ou blesser une femme, brigand que vous êtes!

--Une femme! Ah! c'est bien différent; mais je veux voir si elle n'a pas

une épée au côté.»

Le paravent commença à s'agiter. Consuelo, qui était habillée entièrement,

jeta son manteau sur ses épaules, et tandis qu'on ouvrait la première

feuille du paravent, elle essaya de pousser la dernière, afin de

s'esquiver par la porte, qui n'en était qu'à deux pas. Mais la Corilla,

qui vit son mouvement, l'arrêta en lui disant:

«Reste là, Porporina; s'il ne t'y trouvait pas, il serait capable de croire

que c'est un homme qui s'enfuit, et il me tuerait.»

Consuelo, effrayée, prit le parti de se montrer; mais la Corilla qui

s'était cramponnée au paravent, entre elle et son amant, l'en empêcha

encore. Peut-être espérait-elle qu'en excitant sa jalousie, elle allumerait

en lui assez de passion pour qu'il ne prît pas garde à la grâce touchante

de sa rivale.

« Si c'est une dame qui est-là, dit-il en riant, qu'elle me réponde.

Madame, êtes-vous habillée? peut-on vous présenter ses hommages?

--Monsieur, répondit Consuelo sur un signe de la Corilla, veuillez garder

vos hommages pour une autre, et me dispenser de les recevoir. Je ne suis