37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 557

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praticables. Mais le comte Hoditz, qui ne doutait de rien, et pour qui

l'impossible était une plaisanterie, était déjà arrivé, et déjà faisait

travailler une centaine de pionniers à aplanir la route sur laquelle devait

rouler le lendemain l'équipage majestueux de sa noble épouse. Il eût été

peut-être plus conjugal et plus secourable de voyager avec elle; mais il ne

s'agissait pas tant de l'empêcher de se casser bras et jambes en chemin,

que de lui donner une fête; et, morte ou vive, il fallait qu'elle eût un

splendide divertissement en prenant possession du palais de Roswald.

Le comte permit à peine à nos voyageurs de changer de toilette, et leur

fit servir un fort beau dîner dans une grotte mousseuse et rocailleuse,

qu'un vaste poêle, habilement masqué par de fausses roches, chauffait

agréablement. Au premier coup d'oeil, cet endroit parut enchanteur à

Consuelo. Le site qu'on découvrait de l'ouverture de la grotte était

réellement magnifique. La nature avait tout fait pour Roswald. Des

mouvements de terrains escarpés et pittoresques, des forêts d'arbres verts,

des sources abondantes, d'admirables perspectives, des prairies immenses,

il semble qu'avec une habitation confortable, c'en était bien assez pour

faire un lieu de plaisance accompli. Mais Consuelo s'aperçut bientôt des

bizarres recherches par lesquelles le comte avait réussi à gâter cette

sublime nature. La grotte eût été charmante sans le vitrage, qui en faisait

une salle à manger intempestive. Comme les chèvrefeuilles et les liserons

ne faisaient encore que bourgeonner, on avait masqué les châssis des portes

et des croisées avec des feuillages et des fleurs artificielles, qui

faisaient là une prétentieuse grimace. Les coquillages et les stalactites,

un peu endommagés par l'hiver, laissaient voir le plâtre et le mastic qui

les attachaient aux parois du roc, et la chaleur du poêle, fondant un reste

d'humidité amassée à la voûte, faisait tomber sur la tête des convives une

pluie noirâtre et malsaine, que le comte ne voulait pas du tout apercevoir.

Le Porpora en prit de l'humeur, et deux ou trois fois mit la main à son

chapeau sans oser cependant l'enfoncer sur son chef, comme il en mourait

d'envie. Il craignait surtout que Consuelo ne s'enrhumât, et il mangeait

à la hâte, prétextant une vive impatience de voir la musique qu'il aurait

à faire exécuter le lendemain.

«De quoi vous inquiétez-vous là, cher maestro? disait le comte, gui était

grand mangeur, et qui aimait à raconter longuement l'histoire de

l'acquisition ou de la confection dirigée par lui de toutes les pièces

riches et curieuses de son service de table; des musiciens habiles et

consommés comme vous n'ont besoin que d'une petite heure pour se mettre

au fait. Ma musique est simple et naturelle. Je ne suis pas de ces

compositeurs pédants qui cherchent à étonner par de savantes et bizarres

combinaisons harmoniques. A la campagne, il faut de la musique simple,

pastorale; moi, je n'aime que les chants purs et faciles: c'est aussi le

goût de madame la margrave. Vous verrez que tout ira bien. D'ailleurs, nous

ne perdons pas de temps. Pendant que nous déjeunons ici, mon majordome

prépare tout suivant mes ordres, et nous allons trouver les choeurs

disposés dans leurs différentes stations et tous les musiciens à leur

poste.»

Comme il disait cela, on vint avertir monseigneur que deux officiers

étrangers, en tournée dans le pays, demandaient la permission d'entrer et

de saluer le comte, pour visiter, avec son agrément, les palais et les