37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 559

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un excellent pâté sur lequel il fit des remarques et des questions

gastronomiques qui ne donnèrent pas grande idée de lui à la très-sobre

Consuelo. Elle était cependant frappée du feu de son regard; mais ce feu

même l'étonnait sans la charmer. Elle y trouvait je ne sais quoi de

hautain, de scrutateur et de méfiant qui n'allait point à son coeur.

Tout en mangeant, l'officier apprit au comte qu'il s'appelait le baron

de Kreutz, qu'il était originaire de Silésie, où il venait d'être envoyé

en remonte pour la cavalerie; que, se trouvant à Neïsse, il n'avait

pu résister au désir de voir le palais et les jardins tant vantés de

Roswald; qu'en conséquence, il avait passé le matin la frontière avec son

lieutenant, non sans mettre le temps et l'occasion à profit pour faire,

sur sa route quelques achats de chevaux. Il offrit même au comte de visiter

ses écuries, s'il avait quelques bêtes à vendre. Il voyageait à cheval,

et s'en retournait le soir même.

«Je ne le souffrirai pas, dit le comte. Je n'ai pas de chevaux à vous

vendre dans ce moment. Je n'en ai pas même assez pour les nouveaux

embellissements que je veux faire à mes jardins. Mais je veux faire une

meilleure affaire en jouissant de votre société le plus longtemps qu'il me

sera possible.

--Mais nous avons appris, en arrivant ici, que vous attendiez d'heure en

heure madame la comtesse Hoditz; et, ne voulant point être à charge, nous

nous retirerons aussitôt que nous l'entendrons arriver.

--Je n'attends madame la comtesse margrave que demain, répondit le comte;

elle arrivera ici avec sa fille, madame la princesse de Culmbach. Car vous

n'ignorez peut-être pas, Messieurs, que j'ai eu l'honneur de faire une

noble alliance...

--Avec la margrave douairière de Bareith, repartit assez brusquement le

baron de Kreutz, qui ne parut pas aussi ébloui de ce titre que le comte

s'y attendait.

--C'est la tante du roi de Prusse! reprit-il avec un peu d'emphase.

--Oui, oui, je le sais! répliqua l'officier prussien en prenant une large

prise de tabac.

--Et comme c'est une dame admirablement gracieuse et affable, continua le

comte, je ne doute pas qu'elle n'ait un plaisir infini à recevoir et à

traiter de braves serviteurs du roi son illustre neveu.

--Nous serions bien sensibles à un si grand honneur, dit le baron en

souriant; mais nous n'aurons pas le loisir d'en profiter. Nos devoirs nous

rappellent impérieusement à notre poste, et nous prendrons congé de Votre

Excellence ce soir même. En attendant, nous serions bien heureux d'admirer

cette belle résidence: le roi notre maître n'en a pas une qu'on puisse

comparer à celle-ci.»

Ce compliment rendit au Prussien toute la bienveillance du seigneur morave.

On se leva de table. Le Porpora, qui se souciait moins de la promenade que

de la répétition, voulut s'en dispenser.

«Non pas, dit le comte; promenade et répétition, tout cela se fera en même

temps; vous allez voir, mon maître.

Il offrit son bras à Consuelo et passant le premier:

«Pardonnez, Messieurs, dit-il, si je m'empare de la seule dame que nous

ayons ici dans ce moment: c'est le droit du seigneur. Ayez la bonté de me

suivre: je serai votre guide.