37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 568

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cette exclamation douloureuse.

--C'est impossible, et c'est faux! s'écria le Porpora indigné; ceux qui ont

fait croire cela au roi de Prusse en ont menti par la gorge!

--Je présume que ce n'est pas un démenti indirect que vous pensez nous

donner? dit le lieutenant en pâlissant à son tour.

--Il faudrait avoir une susceptibilité bien maladroite pour le prendre

ainsi, reprit le baron de Kreutz en lançant un regard dur et impérieux à

son compagnon. En quoi cela nous regarde-t-il? et que nous importe que

maître Porpora mette de la chaleur dans son amitié pour ce jeune homme?

--Oui, j'en mettrais, même en présence du roi lui-même, dit le Porpora.

Je dirais au roi qu'on l'a trompé; que c'est fort mal à lui de l'avoir cru;

que Frédéric de Trenck est un digne, un noble jeune homme; incapable d'une

infamie!

--Je crois, mon maître, interrompit Consuelo que la physionomie du

capitaine inquiétait de plus en plus, que vous serez bien à jeun quand

vous aurez l'honneur d'approcher le roi de Prusse; et je vous connais trop

pour n'être pas certaine que vous ne lui parlerez de rien d'étranger à la

musique.

--Mademoiselle me paraît fort prudente, reprit le baron. Il paraît

cependant qu'elle à été fort liée à Vienne, avec ce jeune baron de Trenck?

--Moi, monsieur? répondit Consuelo avec une indifférence fort bien jouée;

je le connais à peine.

--Mais, reprit le baron avec une physionomie pénétrante, si le roi lui-même

vous demandait, par je ne sais quel hasard imprévu, ce que vous pensez de

la trahison de ce Trenck?...

--Monsieur le baron, dit Consuelo en affrontant son regard inquisitorial

avec beaucoup de calme et de modestie, je lui répondrais que je ne crois

à la trahison de personne, ne pouvant pas comprendre ce que c'est que de

trahir.

--Voilà une belle parole, signora! dit le baron dont la figure s'éclaircit

tout à coup, et vous l'avez dite avec l'accent d'une belle âme.»

Il parla d'autre chose; et charma les convives par la grâce et la force

de son esprit. Durant tout le reste du souper, il eut, en s'adressant à

Consuelo, une expression de bonté et de confiance qu'elle ne lui avait pas

encore vue.

CII.

A la fin du dessert, une ombre toute drapée de blanc et voilée vint

chercher les convives en leur disant: _Suivez-moi!_ Consuelo, condamnée

encore au rôle de margrave pour la répétition de cette nouvelle scène, se

leva la première, et, suivie des autres convives, monta le grand escalier

du château, dont la porte s'ouvrait au fond de la salle. L'ombre qui les

conduisait poussa, au haut de cet escalier, une autre grande porte, et l'on

se trouva dans l'obscurité d'une profonde galerie antique, au bout de

laquelle on apercevait simplement une faible lueur. Il fallut se diriger

de ce côté au son d'une musique lente, solennelle et mystérieuse, qui était

censée exécutée par les habitants du monde invisible.

«Tudieu! dit ironiquement le Porpora d'un ton d'enthousiasme, monsieur

le comte ne nous refuse rien! Nous avons entendu aujourd'hui de la

musique turque, de la musique nautique, de la musique sauvage, de la

musique chinoise, de la musique lilliputienne et toutes sortes de musiques