37603.fb2 Consuelo - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 70

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--Cruelle, lui dit-il en s'efforçant de ressaisir cette main potelée,

vous devriez comprendre ce qui s'est passé en moi lorsque je vous vis

pour la première fois, et ne pas vous soucier de ce qui m'occupait avant

ce moment terrible. Quant à ce qui s'est passé depuis, ne pouvez-vous le

deviner, et avons-nous besoin d'y songer désormais?

--Je ne me paie pas de demi-mots et de réticences. Tu aimes toujours la

zingarella tu l'épouses?

--Et si je l'aimais, comment se fait-il que je ne l'aie pas encore

épousée?

--Parce que le comte s'y opposait peut-être. A présent, chacun sait

qu'il le désire. On dit même qu'il a sujet d'en être impatient, et la

petite encore plus.»

Le rouge monta à la figure d'Anzoleto en entendant ces outrages

prodigués à l'être qu'il vénérait en lui-même au-dessus de tout.

--Ah! tu es outré de mes suppositions, répondit la Corilla, c'est bon;

voilà ce que je voulais savoir. Tu l'aimes; et quand l'épouses-tu?

--Je ne l'épouse point du tout.

--Alors vous partagez? Tu es bien avant dans la faveur de monsieur le

comte!

--Pour l'amour du ciel, madame, ne parlons ni du comte, ni de personne

autre que de vous et de moi.

--Eh bien, soit, dit la Corilla. Aussi bien à cette heure, mon ex-amant

et ta future épouse ...»

Anzoleto était indigné. Il se leva pour sortir. Mais qu'allait-il faire?

allumer de plus en plus la haine de cette femme, qu'il était venu

calmer. Il resta indécis, horriblement humilié et malheureux du rôle

qu'il s'était imposé.

La Corilla brûlait d'envie de le rendre infidèle; non qu'elle l'aimât,

mais parce que c'était une manière de se venger de cette Consuelo

qu'elle n'était pas certaine d'avoir outragée, avec justice.

«Tu vois bien, lui dit-elle en l'enchaînant au seuil de son boudoir, par

un regard pénétrant, que j'ai raison de me méfier de toi: car en ce

moment tu trompes quelqu'un ici. Est-ce _elle_ ou moi?

--Ni l'une ni l'autre, s'écria-t-il en cherchant à se justifier à ses

propres yeux; je ne suis point son amant, je ne le fus jamais. Je n'ai

pas d'amour pour elle; car je ne suis pas jaloux du comte.

--En voici bien d'une autre! Ah! tu es jaloux au point de le nier, et tu

viens ici pour te guérir ou te distraire? grand merci!

--Je ne suis point jaloux, je vous le répète; et pour vous prouver que

ce n'est pas le dépit qui me fait parler, je vous dis que le comte n'est

pas plus son amant que moi; qu'elle est honnête comme un enfant qu'elle

est, et que le seul coupable envers vous, c'est le comte Zustiniani.

--Ainsi, je puis faire siffler la zingarella sans t'affliger? Tu seras

dans ma loge et tu la siffleras, et en sortant de là tu seras mon unique

amant. Accepte vite, ou je me rétracte.

--Hélas, madame, vous voulez donc m'empêcher de débuter? car vous savez

bien que je dois débuter en même temps que la Consuelo? Si vous la

faites siffler, moi qui chanterai avec elle, je tomberai donc, victime

de votre courroux? Et qu'ai-je fait, malheureux que je suis, pour vous

déplaire? Hélas! j'ai fait un rêve délicieux et funeste! je me suis