38090.fb2 Elle sappelait Sarah - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 61

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J'étais toujours dans mon bain quand il entra. Il tenait à la main le dossier « Sarah » que j'avais laissé dans mon sac.

« C'est quoi ça ? » dit-il en brandissant la pochette rouge.

Surprise, j'eus un mouvement brusque qui fit déborder l'eau. Il était si troublé qu'il rougissait. Il s'assit sur le couvercle des toilettes. À tout autre moment, j'aurais ri du ridicule de sa position.

« Laisse-moi t'expliquer… »

Il leva la main.

« C'est plus fort que toi, hein ? Tu ne peux pas t'empêcher de remuer le passé. »

Il parcourut le dossier, les lettres de Jules Dufaure à André Tézac et examina les photos de Sarah.

« Où as-tu eu tout ça ? Qui te l'a donné ?

— Ton père », dis-je tranquillement.

Il me regarda, interloqué.

« Qu'est-ce que mon père a à voir là-dedans ? »

Je sortis de l'eau, attrapai une serviette et me séchai en lui tournant le dos. Je ne voulais pas qu'il me voie nue.

« C'est une longue histoire, Bertrand.

— Pourquoi ne laisses-tu pas le passé là où il est ? C'était il y a soixante ans ! C'est fini, oublié. »

Je me tournai vers lui.

« Non, ce n'est pas le cas. Il y a soixante ans, quelque chose s'est passé dans ta famille. Quelque chose que tu ignores. Toi et tes sœurs ne savez rien. Mamé non plus. »

Il m'écoutait la bouche ouverte, complètement sonné.

« Que s'est-il passé ? Tu dois me le dire ! »

Je lui pris le dossier et le serrai contre moi.

« Et toi, dis-moi pourquoi tu fouillais dans mon sac ! »

Nous étions comme deux gamins qui se chamaillent à la récréation. Il leva les yeux au ciel.

« J'ai vu le dossier et je me suis demandé ce que c'était. Voilà tout.

— J'ai souvent des dossiers dans mon sac. Tu n'as jamais été curieux avant.

— Ce n'est pas la question. Dis-moi de quoi il s'agit. Tout de suite ! »

Je fis non de la tête.

« Tu n'as qu'à appeler ton père. Dis-lui que tu es tombé « par hasard » sur le dossier et demande-lui de t'expliquer.

— Tu ne me fais pas confiance, c'est ça ? »

Son visage s'effondra et j'eus soudain pitié de lui.

Il avait l'air blessé et incrédule.

« Ton père m'a demandé de ne rien te dire », dis-je d'une voix douce.

Bertrand se leva lourdement et tendit le bras pour attraper la poignée de la porte. Il était abattu, effondré.

Il fit un pas en arrière pour me caresser la joue. Ses doigts étaient chauds sur mon visage.

« Julia, que nous est-il arrivé ? Où en sommes-nous ? »

Puis il sortit.

Je fondis en larmes sans chercher à me retenir. Il m'entendit sangloter, mais ne revint pas vers moi.