38114.fb2 Ensemble, c’est tout - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 142

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Il s'annonça pour la semaine suivante.

— Je te manque trop ? lui susurra Camille au téléphone.

— Nan. J'ai des trucs à faire sur ma moto... Philibert t'a montré la lettre ?

— Oui.

- ...

— Tu penses à Paulette ?

— Oui.

— Moi aussi.

— On a joué au yo-yo avec elle... On aurait mieux fait de la laisser là où elle était...

— Tu le penses vraiment ? ajouta Camille.

— Non.

13

La semaine passa.

Camille se lava les mains et retourna dans le jardin rejoindre Paulette qui prenait le soleil dans son fauteuil.

Elle avait préparé une quiche... Enfin une espèce de tarte avec des bouts de lardons dedans... Enfin, un truc à manger, quoi...

Une vraie petite femme soumise attendant son homme...

Elle était déjà à genoux en train de gratter la terre quand sa vieille compagne murmura dans son dos :

— Je l'ai tué.

— Pardon ?

Misère.

Elle débloquait de plus en plus ces derniers temps...

— Maurice... Mon mari... Je l'ai tué.

Camille se redressa sans se retourner.

— J'étais dans la cuisine en train de chercher mon porte-monnaie pour aller au pain et je... Je l'ai vu tomber... Il était très malade du cœur, tu sais... Il râlait, il soupirait, son visage était... Je... J'ai mis mon gilet et je suis partie.

« J'ai pris tout mon temps... Je me suis arrêtée devant chaque maison...Et le petit, comment ça va ? Et vos rhumatismes, ça s'arrange ? Et cet orage qui se prépare, vous avez vu ? Moi qui ne suis pas très causante, j'étais bien aimable ce matin-là... Et le pire de tout c'est que j'ai joué une grille de Loto... Tu te rends compte ? Comme si c'était mon jour de chance... Bon et puis je... Je suis rentrée quand même et il était mort.

Silence.

— J'ai jeté mon billet parce que je n'aurais jamais eu le toupet de vérifier les numéros gagnants et j'ai appelé les pompiers... Ou le Samu... Je ne sais plus... Et c'était trop tard. Et je le savais...

Silence.

— Tu ne dis rien ?

— Non.

— Pourquoi tu ne dis rien ?

— Parce que je pense que c'était son heure.

— Tu crois ? la supplia-t-elle.

— J'en suis sûre. Une crise cardiaque, c'est une crise cardiaque. Vous m'avez dit un jour qu'il avait eu quinze ans de sursis. Eh ben voilà, il les avait eus.

Et pour lui prouver sa bonne foi, elle se remit à travailler comme si de rien n'était.

— Camille ?

— Oui.

— Merci.

Quand elle se releva une bonne demi-heure plus tard, l'autre dormait en souriant.

Elle alla lui chercher une couverture.

Ensuite elle se roula une cigarette.

Ensuite elle se nettoya les ongles avec une allumette.

Ensuite elle alla vérifier sa « quiche ».

Ensuite elle coupa trois petites salades et quelques brins de ciboulette.

Ensuite elle les lava.

Ensuite elle se servit un verre de blanc.

Ensuite elle prit une douche.

Ensuite elle retourna dans le jardin en enfilant un pull.

Elle posa une main sur son épaule :

— Hé... Vous allez prendre froid ma Paulette...

Elle la secoua doucement :