38114.fb2 Ensemble, c’est tout - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 31

Ensemble, c’est tout - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 31

— Euh... Pas plus que ça, non...

— Je vous prêterai des livres... En attendant souvenez-vous que vous êtes chez les Marquet de la Durbellière et que l'on ne craint pas les Bleus par ici !

— Les Bleus ?

— La République. Ils veulent vous mettre dans un hôpital public, pas vrai ?

— Sûrement...

— Alors vous n'avez rien à craindre. Je jetterai de l'huile bouillante sur les brancardiers depuis le haut de la cage d'escalier !

— Vous êtes complètement brindezingue...

— On l'est tous un peu, non ? Pourquoi vous vous êtes rasé la tête, vous ?

— Parce que je n'avais plus le courage de me laver les cheveux sur le palier...

— Vous vous souvenez de ce que je vous avais dit à propos de Diane de Poitiers ?

— Oui.

— Eh bien, je viens de retrouver quelque chose dans ma bibliothèque, attendez...

Il revint avec un livre de poche défraîchi, s'assit au bord du lit et se racla la gorge :

Toute la Cour — sauf Madame d'Étampes, bien entendu (je vous dirai pourquoi tout à l'heure) — était d'accord pour la trouver adorablement belle. On copiait sa démarche, ses gestes, ses coiffures. Elle servit, d'ailleurs, à établir les canons de la beauté, dont toutes les femmes, pendant cent ans, cherchèrent furieusement à se rapprocher :

Trois choses blanches : la peau, les dents, les mains.

Trois noires : les yeux, les sourcils, les paupières.

Trois rouges : les lèvres, les joues, les ongles.

Trois longues : le corps, les cheveux, les mains.

Trois courtes : les dents, les oreilles, les pieds.

Trois étroites : la bouche, la taille, l'entrée du pied.

Trois grosses : les bras, les cuisses, le gros de la jambe.

Trois petites : le tétin, le nez, la tête.

C'est joliment dit, n'est-ce pas ?

— Et vous trouvez que je lui ressemble ?

— Oui, enfin sur certains critères... Il était rouge comme une tomate.

— Pa... pas tous bien sûr, mais vou... vous voyez, c'est une question d'allure, de gra... grâce, de... de...

— C'est vous qui m'avez déshabillée ?

Ses lunettes étaient tombées sur ses genoux et il se mit à bé... bégayer comme jamais.

— Je... je... Oui enfin, je... je... Très cha... chastement, je le vous pra... promets, je vous ai da... d'abord bor... bordée, je...

Elle lui tendit ses binocles.

— Hé, ne vous mettez pas dans des états pareils ! Je voulais juste savoir, c'est tout... Euh... Il était là, l'autre ?

— Qu... qui ça ?

— Le cuisinier...

— Non. Bien sûr que non, voyons...

— J'aime mieux ça... Oooh... J'ai si mal au crâne...

— Je vais descendre à la pharmacie... Vous avez besoin de quelque chose d'autre ?

— Non. Merci.

— Très bien. Ah, oui, il faut que je vous dise... Nous n'avons pas le téléphone ici... Mais si vous voulez prévenir quelqu'un, Franck a un portable dans sa chambre et...

— Ça va, merci. Moi aussi j'ai un portable... Il faudra juste que je récupère mon chargeur là-haut...

— J'irai si vous voulez...

— Non, non, ça peut attendre...

— Soit.

— Philibert ?

— Oui?

— Merci.

— Allons...

Il se tenait debout devant elle avec son pantalon trop court, sa veste trop cintrée et ses bras trop longs.

— C'est la première fois depuis très longtemps qu'on s'occupe de moi comme ça...

— Allons...

— Si, c'est vrai... Je veux dire... sans rien attendre en retour... Parce que vous... Vous n'attendez rien, n'est-ce pas ?