38114.fb2 Ensemble, c’est tout - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 42

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— Ouais... je te dis, elle est bizarre... Et tu verrais comme elle est maigre... Ça te ferait mal au cœur...

— Elle ne mange pas ?

— J'en sais rien. Je m'en fous.

— Elle s'appelle comment ?

— Camille.

— Elle est comment ?

— Je te l'ai déjà dit.

— Son visage ?

— Hé, pourquoi tu me demandes tout ça ?

— Pour te garder plus longtemps... Non, parce que ça m'intéresse.

— Eh bien, elle a les cheveux très courts, presque à ras, dans les marrons... Elle a les yeux bleus, je crois J'en sais rien... enfin clairs en tout cas. Elle... oh, et puis je m'en fous, je te dis !

— Son nez, il est comment ?

— Normal.

— ...

— Je crois bien qu'elle a des taches de rousseur aussi... Elle... pourquoi tu souris ?

— Pour rien, je t'écoute...

— Non, j'y vais, tu m'énerves, là...

7

— Je déteste le mois de décembre. Toutes ces fêtes, ça me déprime...

— Je sais, maman. C'est la quatrième fois que tu me le répètes depuis que je suis là...

— Ça ne te déprime pas, toi ?

— Et sinon ? Tu es allée au cinéma ?

— Qu'est-ce que tu veux que j'aille faire au cinéma ?

— Tu descends à Lyon pour Noël ?

— Bien obligée... Tu sais comment est ton oncle... Il se contrefiche bien de ce que je deviens mais si je rate sa dinde, ça va être encore toute une histoire... Tu m'accompagnes cette année ?

— Non.

— Pourquoi ?

— Je travaille.

— Tu balayes les aiguilles du sapin ? demanda-t-elle sarcastique.

— Exactement.

— Tu te fous de moi ?

— Non.

— Note bien, je te comprends... Se taper tous ces cons autour d'une bûche, c'est quand même la grande misère, pas vrai ?

— Tu exagères. Ils sont gentils quand même...

— Pfff... la gentillesse, ça me déprime aussi, tiens...

— Je t'invite, fit Camille en interceptant l'addition. Je dois y aller là...

— Dis donc, tu t'es fait couper les cheveux, toi ? lui demanda sa mère devant la bouche de métro.

— Je me demandais si tu allais t'en apercevoir...

— C'est vraiment affreux. Pourquoi t'as fait ça ?

Camille dévala les escalators à toute vitesse.

De l'air, vite.

8

Elle sut qu'elle était là avant même de la voir. À l'odeur.

Une espèce de parfum suave et sucré qui lui souleva le cœur. Elle se dirigea vers sa chambre au pas de course et les aperçut dans le salon. Franck était avachi par terre et riait bêtement en regardant une fille se déhancher. Il avait mis la musique à fond.

— 'soir, leur lança-t-elle au passage.

En refermant sa porte, elle l'entendit marmonner : « T'occupe. On en a rien à foutre, je te dis... Allez, bouge encore, quoi... »

Ce n'était pas de la musique, c'était du bruit. Un truc de fou. Les murs, les cadres et le parquet tremblaient. Camille attendit encore quelques instants et vint les interrompre :

— Il faut que tu baisses là... On va avoir des problèmes avec les voisins...

La fille s'était immobilisée et se mit à glousser.

— Hé, Franck, c'est elle ? C'est elle ? Hé ? C'est toi la Conchita ?

Camille la dévisagea longuement. Philibert avait raison : c'était étonnant.

Un concentré de bêtise et de vulgarité. Semelles compensées, jean à fanfreluches, soutien-gorge noir, pull à trous-trous, balayage maison et lèvres en caoutchouc, rien ne manquait au tableau.