38114.fb2 Ensemble, c’est tout - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 71

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— Tu montres pas à ta fiancée comme t'étais beau aujourd'hui ?

— Non. Faites pas chier.

— Oh si, supplia Myriam, montre-moi, mon chou !

— Un strip-tease, lâcha Camille.

— À poil, renchérit l'autre.

— Un strip-tease ! Un strip-tease ! Un strip-tease ! reprirent-elles en chœur.

Il secoua la tête en levant les yeux au ciel. Il essayait de prendre un air outré, mais n'y arrivait pas. Il était mort. Il avait envie de s'écrouler sur son lit et de dormir pendant une semaine.

— Un strip-tease ! Un strip-tease ! Un strip-tease !

— Très bien. Vous l'aurez voulu... Éteignez la télé et préparez les petites coupures, mes cocottes...

Il mit Sexual Healing — enfin — et commença par ses gants de motard.

Et quand revint le refrain, get up, get up, get up, let's make love tonight wake up, wake up, wake up, cause you dôû it right, il arracha d'un coup les trois derniers boutons de sa chemise jaune et la fit tournoyer au-dessus de sa tête dans un superbe et travoltesque déhanché.

Les filles tapaient du pied en se tenant les côtes.

Il ne lui restait plus que le pantalon, il se retourna et le fit glisser lentement, en donnant un petit coup de reins vers l'une puis vers l'autre et, quand apparut le haut de son slip, une large bande élastique sur laquelle on pouvait lire DIM DIM DIM, il se retourna vers Camille pour lui adresser un clin d'œil. À ce moment-là, la chanson cessa et il remonta son froc à toute vitesse.

— Bon, allez, c'est bien gentil vos bêtises, mais je vais me pieuter, moi...

— Oh...

— Quelle misère...

— J'ai faim, dit Camille.

— Moi aussi.

— Franck, on a faim...

— Eh ben la cuisine, c'est par là, tout droit puis à gauche...

Il réapparut quelques instants plus tard dans la robe de chambre écossaise de Philibert.

— Alors ? Vous mangez pas ?

— Non, tant pis. On se laisse mourir... Un Chippen-dale qui se rhabille, un cuisinier qui ne cuisine pas, on n'a vraiment pas de chance ce soir...

— Bon, soupira-t-il, qu'est-ce que vous voulez ? Du salé ou du sucré ?

— Mmmm... C'est bon...

— Ce ne sont que quelques pâtes... répondit-il, modeste, en prenant la voix de Don Patillo.

— Mais qu'est-ce que t'as mis dedans ?

— Ma foi, des petites choses...

— C'est délicieux, répéta Camille. Et comme dessert ?

— Des bananes flambées... Vous m'excuserez, mesdemoiselles, mais je fais avec les moyens du bord... Enfin, vous verrez... Le rhum, c'est pas du Old Nick de Monoprix, hein !

— Mmmm, répétèrent-elles encore en léchant leurs assiettes, et après ?

— Après c'est dodo et, pour celles que ça intéresse, ma chambre, c'est par là-bas, tout au fond à droite.

À la place, elles prirent une tisane et fumèrent une dernière cigarette pendant que Franck piquait du nez sur le canapé.

— Ah, il est beau notre Don Juan avec son healing, son baume sexuel... grinça Camille.

— Ouais, t'as raison, il est chouette...

Il souriait dans son demi-coma et mit un doigt devant sa bouche pour les prier de se taire.

Quand Camille entra dans la salle de bains, Franck et Myriam s'y trouvaient déjà. Ils étaient trop fatigués pour se la jouer après-vous-ma-chère et Camille attrapa sa brosse à dents alors que Myriam remballait la sienne en lui souhaitant bonne nuit.

Franck était penché au-dessus du lavabo en train de cracher son dentifrice, quand il se releva, leurs regards se croisèrent.

— C'est elle qui t'a fait ça ?

— Oui.

— C'est bien...

Ils sourirent à leurs reflets et cette demi-seconde-là dura plus longtemps qu'une demi-seconde normale.

— Je peux mettre ton marcel gris ? demanda Myriam depuis sa chambre.

Il se frotta énergiquement les dents et s'adressa de nouveau à la fille du miroir en se mettant du dentifrice plein le menton :

— Chegidiotchméjechegblutotjavectoigjjequegchavaisgelenviejedormirj...

— Pardon ? fit-elle en fronçant les sourcils.

Il recracha :

— Je disais : c'est plutôt idiot quand on n'a pas de toit pour dormir...

— Ah oui, fit-elle en souriant, oui c'est idiot. Vraiment...

Elle se retourna vers lui :