38114.fb2 Ensemble, c’est tout - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 74

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— Eh oui... ajouta Franck. Je suis venu tenir la chandelle... Dis donc, tu t'es faite belle ! C'est quoi ça ? c'est du rouge à lèvres ou je me trompe ?

Elle cacha son sourire derrière les trous de son écharpe.

— Tu es bête...

— Non, je suis jaloux. T'en mets jamais du rouge à lèvres pour moi...

— C'est pas du rouge, c'est un truc pour les lèvres gercées...

— Menteuse. Montre...

— Non. Tu es toujours en vacances ?

— Je recommence demain soir...

— Ah?

— Elle va bien ta grand-mère ?

— Oui.

— Tu lui as donné mon cadeau ?

— Oui.

— Et alors ?

— Alors elle a dit que pour me dessiner aussi bien, c'est que tu devais être folle de moi...

— Ben voyons...

— On va boire quelque chose ?

— Non. Je suis restée enfermée toute la journée... Je vais m'asseoir là, à regarder les gens...

— Je peux mater avec toi ?

Ils se pelotonnèrent donc sur un banc entre un kiosque à journaux et un composteur et observèrent le Grand Carrousel des usagers affolés.

— Allez ! Cours mon gars ! Cours ! Hop... Trop taaard...

— Un euro ? Non. Une clope si tu veux...

— Est-ce que tu pourrais m'expliquer pourquoi c'est toujours les filles les plus mal foutues qui portent des pantalons taille basse ? Je comprends pas, là...

— Un euro ? Hé, mais tu m'as déjà tapé tout à l'heure, vieux !

— Avise la petite mamie avec sa coiffe bigoudène, t'as ton carnet, là ? Non ? C'est dommage... Et lui ? Regarde comme il a l'air content de retrouver sa femme...

— C'est louche, fit Camille, ça doit être sa maîtresse...

— Pourquoi tu dis ça ?

— Un homme qui déboule en ville avec son baise-en-ville et qui se précipite sur une femme en manteau de fourrure en l'embrassant dans le cou... Euh, crois-moi, c'est louche...

— Pff... C'est peut-être sa femme ?

— Meuh non ! Sa femme, elle est à Quimper et elle couche les mômes à l'heure qu'il est ! Tiens, en voilà un de couple, ricana-t-elle en lui indiquant deux beaufs qui s'engueulaient devant une borne à TGV...

Il secoua la tête :

— T'es nulle...

— T'es trop sentimental...

Deux petits vieux passèrent ensuite devant eux à deux à l'heure, voûtés, tendres, précautionneux et se tenant par le bras. Franck lui donna un coup de coude :

— Ah!

— Je m'incline...

— J'adore les gares.

— Moi aussi, répondit Camille.

— Pour connaître un pays, t'as pas besoin de faire le couillon dans un autocar, y suffit de visiter les gares et les marchés et t'as tout compris...

— Tout à fait d'accord avec toi... T'es allé où déjà?

— Nulle part...

— Tu n'as jamais quitté la France ?

— J'ai passé deux mois en Suède... Cuisinier à l'ambassade... Mais c'était pendant l'hiver et j'ai rien vu. Tu peux pas boire là-bas... Y a pas de bars, y a rien...

— Ben... et la gare ? Et les marchés ?

— J'ai pas vu le jour...

— C'était bien ? Pourquoi tu te marres ?

— Pour rien...

— Raconte-moi.

— Non.

— Pourquoi ?