38354.fb2 Hygi?ne de l’assassin - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 24

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– Quel dommage. Votre jugement m'amuse tellement.

– J'en suis ravie. A présent, un peu de silence, s'il vous plaît. Je reprends: Apologétique de la dyspepsie, cela nous fait un, Le Dissolvant…

– Vous vous foutez de ma gueule ou quoi?

– … cela nous fait deux. Perles pour un massacre, trois.

– Auriez-vous des boules Quiès?

– Auriez-vous le titre manquant?

– Non.

– Tant pis. Bouddha dans un verre d'eau, quatre. Attentat à la laideur, cinq.

– 165. 28. 3 925. 424.

– Vous ne parviendrez pas à me perturber. Sinistre total, six. La mort et j'en passe, sept.

– Voulez-vous un caramel?

– Non. Le Poker, la Femme, les Autres, huit. Viols gratuits entre deux guerres, neuf.

– Voulez-vous un alexandra?

– Taisez-vous. Prière avec effraction, dix.

– Vous surveillez votre ligne, hein? J'en étais sûr. Vous ne vous trouvez pas assez maigre comme ça?

– Le Sauna et autres Luxures, onze.

– Je m'attendais à une réponse de ce genre.

– La Prose de Vépilation, douze.

– Dites donc, c'est dingue, vous me les récitez exactement dans le même ordre que la première fois.

– Vous voyez bien que vous avez une excellente mémoire. Crever sans adverbe, treize.

– Il ne faut rien exagérer. Mais pourquoi ne pas les énumérer dans leur ordre chronologique?

– Vous vous souvenez même de leur ordre chronologique? Les Sales Gens, quatorze. La Crucifixion sans peine, quinze.

– Soyez gentille, arrêtez.

– A une seule condition: donnez-moi le titre manquant. Vous avez bien trop bonne mémoire pour l'avoir oublié.

– C'est pourtant vrai. L'amnésie a de ces incohérences.

– Le Désordre de la jarretière, seize.

– Vous allez continuer longtemps comme ça?

– Le temps qu'il faudra pour tonifier votre mémoire.

– Ma mémoire? Vous avez bien dit «ma» mémoire?

– De fait.

– Dois-je comprendre que vous, vous n'avez pas oublié le roman en question?

– Comment aurais-je pu l'oublier?

– Mais pourquoi ne le dites-vous pas vous-même, alors?

– Je veux l'entendre de votre bouche.

– Puisque je vous répète que je ne m'en souviens pas.

– Je ne vous crois pas. Vous auriez pu oublier tous les autres, mais pas celui-là.

– Qu'a-t-il donc de si extraordinaire?

– Vous le savez bien.

– Non. Je suis un génie qui s'ignore.

– Laissez-moi rire.

– Enfin, si ce roman était si fabuleux, on m'en aurait déjà parlé. Or, on ne m'a jamais parlé de celui-là. Quand il est question de mon œuvre, on cite toujours les quatre mêmes bouquins.

– Vous savez très bien que ça ne veut rien dire.

– Oh, je vois. Mademoiselle est une snob de salon. Vous êtes du style à vous exclamer: «Cher ami, connaissez-vous Proust? Mais non, pas La Recherche , ne soyez pas vulgaire. Je vous parle de son article paru en 1904 dans Le Figaro…»

– Admettons, je suis snob. Le titre manquant, s'il vous plaît.

– Hélas, il ne me plaît pas.

– Voilà qui confirme mes présomptions.

– Vos présomptions? Voyez-vous ça.

– Bien. Puisque vous refusez de coopérer, il va falloir que je recommence mon énumération – je ne me souviens plus où j'en étais.

– Vous n'avez aucun besoin de répéter votre litanie, vous connaissez ce titre manquant.

– Hélas, je crains de l'avoir oublié à nouveau. Apologétique de la dyspepsie, un.