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Il pensa qu'il s'y attendait, que cela aussi devait venir. Elle sanglotait à présent, comme la veille, comme l'avant-veille, comme le lendemain, et ça n'arrêterait plus: chaque soir une scène semblable, chaque nuit faire l'amour pour se réconcilier, tâcher d'oublier tout dans la fervente quiétude des corps, chaque matin adopter un naturel factice et chaque soir recommencer, parce qu'on ne peut pas sans trêve faire comme si de rien n'était. Il se sentait las, ne songeait plus qu'à accélérer le cycle, à plonger dans la nuit, à la serrer dans ses bras, et il la serrait déjà, berçait ses pleurs, calmait ses épaules, malade d'amour et de chagrin. Les spasmes affolés de son corps lui disaient qu'elle ne mentait pas, qu'elle croyait vraiment, ce soir, n'être jamais allée à Java et qu'elle en souffrait trop pour parvenir à le lui cacher. Eh bien d'accord, ils n'y étaient pas allés, d'accord il n'avait jamais eu de moustache, d'accord il avait maquillé sa photo, d'accord sur tout pourvu qu'elle se calme, cesse de pleurer, même peu de temps. Ils demandaient grâce tous les deux, prêt chacun à tout sacrifier, à nier l'évidence, à acheter un répit à n'importe quel prix, mais elle pleurait toujours, tremblait toujours, et derrière elle, sur le mur, en embrassant ses cheveux, il voyait la grande couverture tissée qu'ils avaient rapportée de Java. Tant pis pour la couverture, tant pis pour Java, tant pis pour tout, stop, stop, stop mon amour, répétait-il doucement, encore, comme d'habitude.
Le téléphone sonna, le répondeur se mit en marche. Ils entendirent la voix posée, rieuse presque, d'Agnès débitant le message tandis qu'elle hoquetait dans ses bras puis, après le signal sonore, celle de Jérôme qui dit: «Qu'est-ce qui se passe, tu vas m'expliquer? Rappelle-moi», et il raccrocha.
Agnès se dégagea, alla se recroqueviller sur le canapé.
«Tu crois que je deviens folle, c'est ça? murmura-t-elle.
– Je crois, dit-il en s'accroupissant à sa hauteur, que quelque chose ne va pas et qu'on va trouver quoi.
– Mais tu penses que c'est moi? Dis-le.»
Un temps de silence.
«Toi ou moi ou autre chose, répondit-il sans conviction. De toute façon, on trouvera. Pense que c'est comme quand on est défoncé, à un moment ça s'arrête.»
Elle pleurait plus calmement, à petits coups.
«Je sais que j'ai eu tort, tout à l'heure, au restaurant.
– J'aurais fait pareil. Je ne te reproche rien.»
Il se demanda si elle pensait: «encore heureux!», mais elle dit seulement: «Je veux dormir» et se leva. Puis, tout en rajustant ses vêtements, elle alla dans la chambre, revint avec la plaque de somnifère et, comme l'avant-veille encore, lui tendit deux comprimés.
«Seule, j'aime mieux», ajouta-t-elle.
Il la suivit des yeux et, au moment où elle referma la porte, l'idée lui vint, affreuse, qu'ils avaient fait l'amour pour la dernière fois, l'autre nuit. Presque en même temps, il eut peur qu'elle ait gardé les autres somnifères pour les avaler tous et voulut aller les chercher. Elle risquait de penser la même chose à son sujet, mais tant pis, il frappa à la porte, entra sans attendre la réponse et rafla la plaque posée sur la table de nuit. Elle était étendue sur le lit, encore habillée. Le voyant faire, elle devina tout de suite, sourit, dit «prudent, hein?», puis ajouta: «Tu sais, j'ai peur qu'on en aie besoin demain aussi.» Il eut envie de s'asseoir au bord du lit, de prolonger un peu cette intimité de chagrin, mais comprit que c'était inutile et sortit en tirant la porte derrière lui.
Sans bruit, il commença à fouiller le salon, en quête de photos qui auraient pu échapper à Agnès. Mesurant la sottise de l'avoir laissée seule toute la journée, il ne formait guère d'illusions sur le résultat de ses recherches. De plus, l'accès de la chambre où elle dormait, si elle dormait, lui était interdit. Au bout d'un moment, il fut certain que les photos de vacances à Java, celles d'autres vacances, celles de leur mariage, tout le capital d'images et de souvenirs amassé en cinq ans de vie commune avait disparu, au mieux caché, plus probablement détruit. Restaient, bien sûr, des objets pour en témoigner: la couverture tissée de Java, tel bibelot qu'il lui avait offert, en fait tout ce que contenait la pièce et qui avait partie liée avec le passé qu'elle semblait vouloir effacer. Mais ces preuves n'avaient pas la même valeur, il le savait bien: un objet, on peut toujours affirmer qu'on le voit pour la première fois, alors qu'une photo est irréfutable. Même pas irréfutable, puisque l'absurde stratégie d'Agnès consistait précisément à en réfuter le témoignage, à dire blanc où tout le monde voyait du noir, sans même, parfois, se donner la peine de peindre en blanc les objets litigieux. Cette position, bien sûr, n'était pas tenable. Le problème, malheureusement, n'était pas de confondre Agnès mais de la guérir. Il ne suffisait pas de s'attaquer aux symptômes, de lui opposer l'évidence, il fallait extirper la racine du mal, certainement profonde, ramifiée, travaillant depuis des années peut-être à ronger le cerveau de la femme qu'il aimait. Il se rappela un reportage, vu par hasard à la télévision, sur une petite ville du Sud-Ouest qui tirait l'essentiel de ses revenus de l'hébergement des fous. Il ne s'agissait pas, comme il l'avait d'abord cru, d'une expérience psychiatrique de pointe, visant à réinsérer les malades dans la vie sociale, mais d'une simple mesure économique. La journée d'hôpital du fou moyen coûtait trop cher à la Sécurité sociale, les habitants du patelin avaient besoin d'argent, alors on leur allouait une somme très modeste, quelque chose comme 600 F par mois, pour parquer un, deux, trois malades incurables, mais doux, dans des maisonnettes, des espèces d'appentis où on leur portait la soupe aux heures des repas. On veillait aussi, c'était le principal soin, à ce qu'ils absorbent leurs médicaments, et on se débrouillait pour faire de petits bénéfices sur les frais d'entretien. Les fous semblaient paisibles, leurs hôtes pas mécontents de ces revenus locatifs qui avaient l'avantage de tomber tous les mois, à coup sûr, de ne pas risquer de se tarir, car leurs pensionnaires restaient jusqu'à leur mort. Chacun vaquait à ses occupations, un des malades, depuis vingt ans, écrivait sans trêve la même phrase pompeuse et dépourvue de sens, une autre berçait des baigneurs en celluloïd, changeait leurs couches toutes les deux heures, se déclarait heureuse… En voyant le reportage, il avait pensé, c'est horrible, bien sûr, mais comme on trouve horrible la famine en Éthiopie, sans se représenter Agnès assise sur les marches d'un cabanon, au fond du jardin, répétant d'une voix douce que son mari n'avait jamais porté de moustache, et les années passant, répétant toujours cela, en devenant une femme mûre, une vieille femme. Il l'imaginait, Dieu sait pourquoi, en robe de petite fille. Et lui, petit à petit, se serait détaché d'elle, l'amour transformé en pitié, en remords. Bien sûr, elle n'irait pas dans un de ces villages pour malades nécessiteux, il lui trouverait les maisons de repos les plus luxueuses, mais ce serait pareil: avec le temps, l'indifférence s'installerait, elle deviendrait pour lui un boulet, un poids sur la conscience, jamais apaisée par la certitude que, pourtant, il faisait de son mieux, allait la voir chaque mois, payait chaque mois pour sa pension, et lorsqu'elle mourrait, sans se l'avouer, il serait soulagé… Il ne pouvait chasser cette image d'Agnès vieille, délirant doucement, en robe de gamine. Oh non, non, pensait-il, la gorge nouée. Non, bien sûr, ce n'était pas si grave, pas à ce point. On allait la soigner, l'en tirer. L'ex-femme de Jérôme, à une époque, allait d'anorexies en dépressions nerveuses, elle avait bien fini par reprendre le dessus. Étrange, même, qu'ayant connu cela, Jérôme n'ait pas compris plus tôt, dès le coup de fil de conspiratrice qu'avait dû lui passer Agnès, ou même avant, bien avant; peut-être, pour s'en protéger, refusait-il de voir ces choses-là. Il fallait lui téléphoner, en tout cas, lui expliquer tout, lui demander conseil. Se faire recommander un psychiatre sérieux, celui qui avait tiré Sylvie d'affaire. Le mieux aurait été de descendre, tout de suite, d'appeler d'une cabine pour qu'Agnès ne risque pas de surprendre la conversation. D'autre part, il répugnait à la laisser seule, même cinq minutes. Déroulant le fil, il emporta le téléphone dans la cuisine, se promettant de parIer très bas. Il n'aurait pu, d'ailleurs, prononcer certains mots à voix haute.
Le numéro formé, il laissa sonner longtemps: Jérôme n'était pas là, ou avait débranché. Il raccrocha avec précaution, comme si cela pouvait étouffer le grelot. Demain, pensa-t-il, tout en se demandant à quel moment, puisqu'il était décidé à ne pas s'éloigner d'Agnès et qu'en fait la meilleure solution était de profiter de son sommeil. Sa marge de manœuvre allait être réduite.
Il regagna le salon en traînant le téléphone, s'assit sur le canapé, d'autant plus désemparé qu'il voyait mal quoi faire dans les heures à venir. On n'appelle pas un psychiatre un samedi en pleine nuit, SOS Médecins ne serait d'aucun secours, non, il allait falloir attendre jusqu'à lundi et la perspective de tout ce qui pouvait arriver d'ici là l'effrayait comme si, longtemps larvée, la folie d'Agnès s'emballait, risquait en quelques heures de croître à la manière des nénuphars qui doublent sans arrêt de volume dans les démonstrations géométriques. Il sortit de son portefeuille la carte d'identité rectifiée, effrayé aussi à l'idée que c'était la seule photo de lui dont il disposait encore. Non, tout de même pas: elle avait dû au moins épargner son passeport, et puis il restait toujours la ressource de demander à des amis des photos sur lesquelles il figurait, ça ne devait pas manquer. Comme on compte des moutons, il entreprit de dresser une liste des images de lui qui pouvaient circuler et lui être accessibles. Tout en allumant une cigarette, la dernière du paquet acheté l'après-midi, il se rappela un incident survenu trois jours plus tôt, sur le Pont-Neuf. Par inadvertance, il était entré dans le champ d'une photo, à l'instant précis où un touriste japonais, tirant le portrait de sa femme sur fond de Notre-Dame, appuyait sur le déclencheur. D'ordinaire, il prenait garde d'éviter ce genre de faux pas, attendait que la photo soit prise pour passer, ou bien se faufilait derrière le dos du photographe; une fois, même, il avait poussé le scrupule jusqu'à s'arrêter pour ne pas entrer dans le champ d'une paire de jumelles. Il s'était excusé, sur le Pont-Neuf, le Japonais avait fait un geste signifiant que ce n'était pas grave, et il aurait aimé, maintenant, posséder cette photo, accidentelle, ou d'autres prises au cours de sa vie sans qu'il y soit pour rien, sans qu'il en soit le sujet, comme si le caractère fortuit de sa présence en renforçait l'authenticité. Mais surtout celle du Japonais, prise mercredi ou jeudi, la dernière sans doute où il portait la moustache… Il pouvait toujours passer une annonce dans un journal de Tokyo, pensa-t-il sans gaieté. Plus raisonnablement, se rabattre sur des photos qu'avaient prises des amis, que possédaient ses parents, dont les administrations devaient avoir des doubles, les laboratoires des négatifs. Mais impossible aussi d'y avoir accès tout de suite. Cette nuit, il ne pouvait que contempler le photomaton de la carte d'identité, gratté au rasoir, léché pour faire partir d'imaginaires traces de feutre…
Sa pensée s'arrêta, il fronça les sourcils, puis, léchant son doigt, le passa sur la photo, sur la tache plus sombre correspondant aux épaules de sa veste. Son index resta net. Évidemment, réfléchit-il, les photos ne transpirent pas. L'expérience, cependant, dénonçait la préméditation d'Agnès, à laquelle il n'avait pas songé sur le moment: sachant très bien que le grattage au rasoir ne signifiait rien du tout, elle l'avait fait précéder du test du doigt mouillé, plus concluant et, pour qu'il le soit, avait forcément dû, au préalable, tacher son index de feutre.
Elle est folle, dit-il à voix basse, complètement folle. D'une folie perverse, qui plus est, malfaisante. Et ce n'était pas sa faute, il devait l'aider. Même si elle essayait de lui crever les yeux, en vrai, pas sur une photo, il faudrait à la fois qu'il se protège, lui, et qu'il la protège, elle. C'était cela le plus affreux, pas tant le fait qu'elle veuille supprimer le passé, sa moustache ou Java, mais que toutes ces manœuvres soient dirigées contre lui, calculées, visent à le monter contre elle pour qu'il ne puisse pas, qu'il ne veuille plus lui venir en aide. Pour qu'il finisse par l'abandonner, découragé. La métaphore du maître nageur qui assomme pour son bien le candidat au suicide revint tourner dans sa tête, mais l'apaisa moins qu'au café, dans l'après-midi. Il se demanda si elle dormait vraiment: il ne l'avait pas vue prendre les somnifères. Sur la pointe des pieds, il alla vers la porte de la chambre qu'il ouvrit en veillant à ce qu'elle ne grince pas, en luttant pour écarter une image atroce, plus atroce encore que celle de la petite vieille en tenue de poupée: Agnès éveillée, assise en tailleur sur le lit, qui avait prévu chacun de ses gestes, l'attendait avec un sourire de triomphe démoniaque, la bave aux lèvres, comme la gamine possédée du film L'Exorciste. Mais elle semblait dormir paisiblement. Il s'approcha du corps lové en chien de fusil, sous les couvertures, le corps de la femme qu'il aimait, craignant de surprendre l'éclat d'un œil ouvert, aux aguets.
Non.
Il resta plusieurs minutes debout, à la regarder dans la lumière diffuse provenant du salon, puis ressortit, pas rassuré pour autant. Il passa la nuit allongé sur le canapé, mains croisées derrière la nuque, sans dormir. Il répétait les plans arrêtés dans l'après-midi, décidé à s'y tenir malgré la fièvre accrue du soir: entrer dans le jeu d'Agnès, appeler Jérôme sans qu'elle le sache, appeler un psychiatre, et cela le calmait un peu d'imaginer comment il allait tourner les difficultés d'application de ce programme, comment, sans la laisser seule, il s'isolerait pour téléphoner. A un moment, le voyant rouge du répondeur, qu'ils avaient oublié de consulter en rentrant, attira son attention. II écouta les messages, le son réglé au minimum, l'oreille collée contre le haut-parleur. Jérôme, apparemment inquiet, puis son père qui, comme chaque semaine leur rappelait le déjeuner du lendemain, une attachée de presse qui voulait parler à Agnès, encore Jérôme – la fois où ils n'avaient pas décroché. Il nota le nom de l'attachée de presse, effaça les messages. Il s'assoupit un peu avant l'aube, conscient qu'il n'avait guère dormi depuis deux jours, qu'il ne s'était pas rasé, même la barbe, et qu'il allait falloir être en forme physique pour affronter la suite.
Le téléphone sonna au moment de son rêve où il se demandait si on disait une moustache ou des moustaches. Quelqu'un qu'il ne parvenait pas à identifier répondait qu'on pouvait dire les deux, comme un pantalon ou des pantalons, puis éclatait d'un petit rire sec lui donnant à penser que c'était bien une remarque de psy et qu'on n'allait pas tarder à lui sortir des histoires de castration. Cette coïncidence fit que la voix de Jérôme, au bout du fil, ne le surprit pas et qu'il retrouva instantanément sa lucidité.
«Alors, tu m'expliques ce qui se passe?
– Une seconde, ne quitte pas.»
Pour qu'Agnès n'entende pas, il pensait fermer la porte de la chambre, ouverte à présent, mais s'aperçut en jetant un coup d'œil qu'elle n'y était plus. Ni dans la cuisine, ni dans la salle de bains, ni dans les toilettes, qu'il inspecta en hâte.
«Agnès n'est pas chez toi?, demanda-t-il, à tout hasard, en reprenant le combiné.
– Non, pourquoi?»
Il hésita une seconde, entre courir, n'importe où, à sa recherche, et profiter de son absence pour parler à Jérôme. Il se décida pour la seconde solution, convaincu qu'il fallait faire vite, afin de n'être pas surpris quand elle reviendrait. Si elle revenait, si elle n'était pas morte, ou enfermée dans un placard, à l'espionner.
«Écoute, dit-il d'une voix dont la netteté l'étonna, Agnès ne va pas bien du tout. Est-ce que tu connais un psychiatre sérieux?»
Silence au bout du fil, puis: «Oui, je pense. Qu'est-ce qu'elle a?
– Elle t'a téléphoné, non? Avant hier?
– Non, dit Jérôme.
– Elle ne t'a pas téléphonné pour te dire… – Il hésita.
– Pour me dire quoi?
– Pour te dire – il se jeta à l'eau – que je n'avais jamais porté de moustache.»
Nouveau silence.
«Je ne comprends pas», finit par dire Jérôme. Silence encore. «Soyons clairs, reprit-il: tu as dû remarquer que j'avais rasé mes moustaches?
Étrangement, l'usage qu'il venait de faire du pluriel l'alarma. Jérôme rit doucement, comme dans le rêve.
«Ni tes moustaches, ni ta moustache. C'est ça qui ne va pas?»
Il se raccrocha au bras du canapé. Le manège repartait dans l'autre sens, il fallait l'arrêter, descendre coûte que coûte. Pour cela, garder son calme.
«C'est ça, oui, parvint-il à articuler. Tu es à l'agence?
– Figure-toi…
– Demande à Samira, alors.
– Samira est au café, mais je t'assure, je peux te le dire tout seul. Et toi, j'aimerais que tu m'expliques.
– Tu me jures qu'Agnès ou quelqu'un d'autre ne t'a pas demandé de me dire ça?
– De dire que tu as une moustache?
– Non, que je n'en ai jamais eu. Écoute, Jérôme, quoi qu'elle t'aie raconté, il faut que tu me le dises. C'est grave. Je sais que ça paraît absurde mais ça n'est pas une blague.
– Tu admettras que j'ai du mal à te croire, mai si tu veux, je te jure solennellement qu'Agnès ne m'a pas appelé et que tu n'as pas de moustache. Si, un peu, depuis hier. Je te l'ai d'ailleurs fait remarquer.»
Il abandonna le ton plaisant, sa voix se radoucit: «Si je comprends bien, Agnès et toi êtes persuadés que tu portais la moustache. C'est ça?