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Deidre O’Neill, connue sous le nom d’Edda
Je disais à Athéna : tu n’as pas besoin de venir jusqu’ici tout le temps pour poser des questions idiotes. Si un groupe a décidé de t’accepter comme professeure, pourquoi ne saisis-tu pas cette occasion pour te transformer en maîtresse ?
Fais ce que j’ai toujours fait.
Essaie de te sentir bien quand tu penseras que tu es la dernière des créatures. Ne crois pas que tu ailles mal : laisse la Mère posséder ton corps et ton âme, laisse-toi aller grâce à la danse ou au silence, ou dans les choses ordinaires de la vie – emmener ton fils à l’école, préparer le dîner, vérifier que la maison est bien rangée. Tout est adoration – si ton esprit est concentré sur le moment présent.
N’essaie pas de convaincre quiconque de quoi que ce soit. Quand tu ne sais pas, demande ou va te renseigner. Mais, à mesure que tu agis, sois comme un fleuve qui coule, silencieux, livré à une énergie supérieure. Crois – c’est ce que je lui ai dit lors de notre première rencontre.
Crois que tu es capable.
Au début, tu seras perdue, tu manqueras d’assurance. Après, tu te diras que tout le monde pense être abusé. Il n’en est rien : tu sais, il te faut seulement être consciente. Tous les esprits de la planète se laissent facilement influencer et redoutent le pire, la maladie, l’invasion, l’agression, la mort : essaie de leur rendre la joie perdue. Sois claire.
Reprogramme-toi à chaque minute de la journée avec des pensées qui te fassent progresser. Quand tu seras irritée, perdue, essaie de rire de toi-même. Ris tout haut, ris beaucoup de cette femme qui s’inquiète, s’angoisse, croyant que ses problèmes sont les plus importants du monde. Ris de cette situation pathétique, car tu es la manifestation de la Mère, et tu crois encore que Dieu est homme, plein de règles. Au fond, la plupart de nos problèmes se résument à ceci : suivre des règles.
Concentre-toi.
Si tu ne trouves rien pour fixer ton intérêt, concentre-toi sur ta respiration. C’est par là, par ton nez, qu’entre le fleuve de lumière de la Mère. Écoute les battements de ton cœur, suis les pensées que tu ne parviens pas à contrôler, contrôle l’envie de te lever immédiatement et de faire quelque chose d’« utile ». Reste assise quelques minutes par jour sans rien faire, profites-en autant que tu le peux.
Quand tu feras la vaisselle, prie. Remercie pour le fait que tu as des assiettes à laver ; cela signifie qu’il s’y est trouvé de la nourriture, que tu as nourri quelqu’un, que tu as traité avec affection une ou plusieurs personnes – tu as cuisiné, mis le couvert. Imagine les millions de personnes qui en ce moment n’ont absolument rien à laver, ni personne pour qui préparer la table.
Évidemment, d’autres femmes disent : je ne ferai pas la vaisselle, les hommes n’ont qu’à la faire. Qu’ils la fassent s’ils le veulent, mais je ne vois pas là-dedans une égalité de conditions. Il n’y a rien de mal à faire des choses simples – et pourtant, si demain je publiais un article contenant tout ce que je pense, on dirait que je travaille contre la cause des femmes.
Quelle bêtise ! Comme si faire la vaisselle, ou porter un soutien-gorge, ou ouvrir et fermer les portes, c’était humiliant pour ma condition de femme ! En réalité, j’adore qu’un homme m’ouvre la porte : l’étiquette dit « elle a besoin que je le fasse, parce qu’elle est fragile », mais dans mon âme il est écrit « je suis traitée comme une déesse, je suis une reine ».
Je ne suis pas là pour travailler pour la cause féminine, parce que les hommes sont autant que les femmes une manifestation de la Mère, l’Unité Divine. Personne ne peut être plus que cela.
J’adorerais pouvoir te voir donner des leçons sur ce que tu apprends ; c’est ça l’objectif de la vie – la révélation ! Tu te transformes en un canal, tu t’écoutes toi-même, tu n’en reviens pas de ce dont tu es capable. Te rappelles-tu ton travail à la banque ? Tu ne l’as peut-être jamais compris, mais c’était l’énergie coulant dans ton corps, tes yeux, tes mains.
Tu vas dire : « Ce n’est pas vrai, c’était la danse. » La danse fonctionne simplement comme un rituel. Qu’est-ce qu’un rituel ? C’est transformer ce qui est monotone en quelque chose qui soit différent, rythmé, qui puisse canaliser l’Unité. C’est pourquoi j’insiste : sois différente même quand tu fais la vaisselle. Fais bouger tes mains de manière à ce qu’elles ne répètent : jamais le même geste – tout en gardant la cadence.
Si tu trouves que cela t’aide, tâche de visualiser des images : des fleurs, des oiseaux, des arbres dans une forêt. N’imagine pas des choses isolées, comme la bougie sur laquelle tu as concentré ton attention la première fois que tu es venue ici. Essaie de penser à quelque chose de collectif. Et sais-tu ce que tu vas remarquer ? Que tu n’as pas décidé de ta pensée.
Je vais te donner un exemple avec les oiseaux : imagine une bande d’oiseaux en vol. Combien d’oiseaux as-tu vus ? Onze, dix-neuf, cinq ? Tu as une idée, mais tu ne sais pas leur nombre exact. Alors, d’où est partie : cette pensée ? Quelqu’un l’a mise là. Quelqu’un qui sait le nombre exact des oiseaux, des arbres, des pierres, des fleurs. Quelqu’un qui, en ces fractions de seconde, te prend en charge et montre Son pouvoir. Tu es ce que tu crois être.
Ne répète pas, comme ces gens qui croient à la « pensée positive », que tu es aimée, forte, ou capable. Tu n’as pas besoin de te dire cela, car tu sais déjà. Et quand tu doutes – je pense que cela doit arriver très souvent à ce stade d’évolution – fais ce que j’ai suggéré. Plutôt que d’essayer de prouver que tu es meilleure que tu ne le penses, ris simplement. Ris de tes soucis, de tes insécurités. Vois avec humour tes angoisses. Au début, c’est difficile, mais peu à peu tu t’habitueras.
Maintenant, rentre et va à la rencontre de tous ces gens qui pensent que tu sais tout. Convaincs-toi qu’ils ont raison, parce que nous tous savons tout, il s’agit seulement d’y croire.
Crois.
Les groupes sont très importants, je te l’ai expliqué à Bucarest, la première fois que nous nous sommes vues. Parce qu’ils nous obligent à nous améliorer ; si tu es seule, tout ce que tu peux faire, c’est rire de toi-même ; mais si tu es avec les autres, tu riras et tu agiras aussitôt. Les groupes nous défient. Les groupes nous permettent de sélectionner nos affinités. Les groupes provoquent une énergie collective, et l’extase y est beaucoup plus facile, parce qu’elle est contagieuse.
Évidemment, les groupes peuvent aussi nous détruire. Mais cela fait partie de la vie, c’est cela la condition humaine : vivre avec les autres. Et si une personne n’a pas réussi à bien développer son instinct de survie, alors elle n’a rien compris à ce que dit la Mère.
Tu as de la chance, petite. Un groupe vient de te demander de lui enseigner quelque chose – et cela fera de toi une maîtresse.