38758.fb2 La sorci?re de Portobello - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 8

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Lella Zainab, 64 ans, spécialiste en numérologie

Athéna ? Quel nom intéressant ! Voyons… Son Grand Nombre est le Neuf. Optimiste, sociable, capable de se faire remarquer au milieu d’une foule. Les gens doivent l’approcher en quête de compréhension, de compassion, de générosité, c’est justement pour cela qu’elle doit faire très attention, car la popularité pourrait lui monter à la tête, et elle finirait par perdre plus qu’elle ne gagnerait. Elle doit aussi tenir sa langue, car elle a tendance à parler plus que ne le commande le bon sens.

Quant à son Petit Nombre : Onze. Je pense qu’elle désire une position de domination. Elle s’intéresse à des thèmes mystiques, à travers lesquels elle cherche à apporter l’harmonie à tout son entourage.

Mais cela entre directement en confrontation avec le nombre Neuf, qui est la somme du jour, du mois et de l’année de sa naissance, réduits à un seul chiffre : elle sera toujours sujette à l’envie, à la tristesse, à l’introversion et à des décisions sous le coup de l’émotion. Attention aux vibrations négatives suivantes : ambition excessive, intolérance, abus de pouvoir, extravagance.

À cause de ce conflit, je suggère qu’elle essaie de se consacrer à quelque chose qui n’implique pas un contact émotionnel avec les gens, par exemple un travail dans le domaine de l’informatique ou de l’ingénierie.

Elle est morte ? Pardon. Que faisait-elle, finalement ?

Que faisait Athéna finalement ? Athéna a fait un peu de tout, mais, si je devais résumer sa vie, je dirais qu’elle a été une prêtresse qui comprenait les forces de la nature. Ou mieux, quelqu’un qui, du simple fait qu’elle n’avait pas grand-chose à perdre ou à attendre de la vie, a pris beaucoup plus de risques que ne le font les autres, et a fini par devenir les forces qu’elle croyait dominer.

Elle a été employée de supermarché, de banque, elle a vendu des terrains, et dans chacune de ces situations, elle n’a jamais manqué de révéler la prêtresse qu’il y avait en elle. Je l’ai fréquentée pendant huit ans, et je lui devais de reconstituer sa mémoire, son identité.

Pour recueillir ces dépositions, le plus difficile a été de convaincre mes interlocuteurs de me permettre d’utiliser leurs vrais noms. Les uns affirmaient qu’ils ne voulaient pas être mêlés à ce genre d’histoire, d’autres s’efforçaient de dissimuler leurs opinions et leurs sentiments. Je leur ai expliqué que ma véritable intention était de faire en sorte que tous les individus concernés la comprennent mieux, et que personne n’accorderait foi à des dépositions anonymes.

Comme chacun des interviewés jugeait qu’il détenait la version définitive du moindre événement, fût-il insignifiant, ils ont finalement accepté. Au cours des enregistrements, j’ai constaté que les choses n’étaient pas absolues, que leur existence dépendait de la perception de chacun. Et, très souvent, le meilleur moyen de savoir qui nous sommes est de chercher à savoir comment les autres nous voient.

Cela ne veut pas dire que nous allons faire ce qu’ils attendent ; mais au moins nous nous comprenons mieux. Je devais cela à Athéna. Reconstituer son histoire. Écrire son mythe.