38834.fb2 Le D?mon Et Mademoiselle Prym - читать онлайн бесплатно полную версию книги . Страница 28

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L’étranger alla à la salle de bains de sa chambre, lava soigneusement les lingots, puis les remit dans son vieux havresac élimé. Depuis deux jours il était resté dans la coulisse et maintenant il se préparait à revenir en scène pour le dénouement.

Il avait vraiment parfaitement mis au point et exécuté son plan : depuis le choix de la bourgade isolée, avec un petit nombre d’habitants, jusqu’au fait d’avoir choisi une complice afin que – si les choses tournaient mal – jamais personne ne puisse l’accuser d’être l’instigateur d’un crime. D’abord se concilier les habitants, ensuite semer la terreur et la confusion. Comme Dieu avait agi à son encontre, il agirait de même avec les autres. Comme Dieu lui avait octroyé le bien avant de le précipiter dans un abîme, il jouerait le même jeu.

Il avait tout fignolé, sauf une chose : il n’avait jamais cru que son plan réussirait. Il avait la certitude qu’à l’heure de la décision, un simple « non » changerait le cours de l’histoire, une seule personne allait refuser de commettre le crime et il suffisait de cette personne pour montrer que tout n’était pas perdu. Qu’une personne sauve le village et le monde serait sauvé, l’espérance était encore possible, la bonté l’emportait, les terroristes ne savaient pas le mal qu’ils faisaient, le pardon finirait par s’imposer, les jours de souffrance feraient place à un souvenir mélancolique qui hanterait ses jours et il pourrait de nouveau partir en quête du bonheur. Pour ce « non » qu’il aurait aimé entendre, le village recevrait ses dix lingots d’or, indépendamment de l’accord que lui-même avait conclu avec Mlle Prym.

Mais son plan avait raté. Et maintenant il était trop tard, il ne pouvait plus changer d’idée.

On frappa à sa porte. C’était la patronne de l’hôtel.

— Vous êtes prêt ? C’est l’heure de partir.

— Je descends. Je vous rejoins au bar.

Il mit sa veste, prit son sac et quitta la chambre.

— J’ai l’or, dit-il. Mais pour éviter tout malentendu, j’espère que vous savez que quelques personnes sont informées que je séjourne dans votre hôtel. Si les habitants du village changeaient de victime, vous pouvez être sûre que la police viendrait me chercher ici : vous avez contrôlé mes coups de téléphone, n’est-ce pas ?

La patronne de l’hôtel se contenta de hocher la tête en signe d’assentiment.